Commando : Peut-on nommer son héros John Utérus sans nécessairement y mettre un sens ? (4400 mots)
Il existe beaucoup d’articles sur internet qui rigolent bien du cliché homo cuir moustache hystérique que représente Bennett dans Commando mais je n’ai jamais lu une analyse quelconque du film qui soulignerait que ces éléments n’ont pas été mis là par hasard. (Sauf sur dangerous mind mais ça restait sur la relation Bennet/John et l'article se sent le besoin de demander son opinion au réalisateur ce qui me gêne un peu).
Pourtant, le sous-texte homosexuel est bien présent dans Commando.
Dans le cinéma, le monde de l’espionnage ou des opérations militaires est métaphoriquement le monde des mâles alpha, le monde de la masculinité exacerbée fascinée par elle-même et donc en fait, souvent, celui de l’homosexualité.
Les opérations de l’unité spéciale de John Matrix sont autant d’occasions de trainer avec ses amants, d'où le désir constant de notre héro de s'enfuir de son doux foyer.
Quand sa femme meurt, John revient à la maison pour s’occuper de sa fille mais ne parvient jamais à rester très longtemps parce que sa libido le travaille et qu’il est hors de question pour lui d’avouer son homosexualité à sa fille ou à quiconque. On est en 1985 pas en 2016.
Le film commence donc sur un énième retour au bercail qui se doit d'être le dernier. On voit John porter un méga tronc d’arbre, c’est la frustration sexuelle qu’il se traine à passer sa vie avec une gamine à qui il doit cacher son orientation sexuelle. S’il coupe du bois, s’il se dépense ainsi, c’est justement pour évacuer la tension sexuelle qui règne en lui (L’exercice comme moyen de contenir une libido qui sature est un lieu commun dans le cinéma). D’ailleurs lorsque Jenny s’approche derrière lui comme une menace, il fait mine de l’attaquer avec la hache. Ce geste incarne une rancœur incontrôlée qu’il a envers elle puisque l’existence de sa fille le prive de sa vie sexuelle. Mais il lâche la hache justement, il est impuissant contre Jenny, elle le désarme, elle passe avant tout. C’est touchant non ?
""Han... petit connas... han... putain de sale gamine de meeeerde... han... peut pas baiser en paix... han... Jenny, ma chérie !"
Le problème cette fois, c’est que Jenny est en pleine période œdipienne et que si John repart, elle pourrait bien être sévèrement traumatisée. La conclusion du petit montage d’activités qu’ils font ensemble, piscine, dégustation de glace, pêche, balade en forêt, se trouve être le message sur le frigo : « I love you Dad. » Jenny est amoureuse de son papa qui est tout pour elle.
Elle lui prépare ses sandwichs et joue à la maman. On remarque le baiser sur la bouche. Le jus de fruit rouge qu’ils partagent est le sang mêlé de l’inceste. John fait une blague « homophobe » sur Boy George qu’il faudrait appeler « Girl George » pour tâter le terrain. Perdrait-il l’amour de Jenny en lui avouant qu’il est homo ? Non. Elle trouve sa blague ridicule.
John mord dans le sandwich qu’il trouve immonde et demande : « Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? » Jenny répond : « Vaut mieux pas le savoir. »
L’ingrédient problématique du sandwich c’est l’amour incestueux de Jenny. John réalise qu’il faut qu’il mette un vent à sa fille, ce qui aurait dû se faire spontanément s’il avait eu une femme. Il a donc deux possibilités, lui trouver une mère ou lui avouer son homosexualité.
Surgissent donc les militaires. Le Colonel Kirby (Sérieux c’est quoi ce nom !?!) invite John « à sortir » (come out)=> A avouer son homosexualité et à avouer sa relation avec lui. Yep, Kirby c’est l’ex de John ou plutôt l'incarnation de l’homosexualité.
Mais John le prend par derrière en mode furtif « silent and smooth as always. » En douceur et sans bruit. Cette furtivité est la même que celle de Jason Bourne, c’est le besoin de maintenir son homosexualité secrète.
John renie ses anciens amants en refusant de les reconnaître (ici le général) alors que sa petite fille est prête à entendre que papa aime les monsieurs. Cet échec entraine la nouvelle que Kirby lui apporte : ses anciens hommes meurent tous. A noter, John ne réagit qu’en entendant le nom de Bennett.
Kirby s’envole vers d’autres cieux et immédiatement Bennett et sa bande passent à l’assaut. John explique à son allié mourant qu’il les a « senti » venir. Cet idée d’un lien corporel, « reconnaître leur odeur » et aussi connoté sexuellement.
Cette attaque c’est John qui panique, maintenant qu’il réalise qu’il ne parviendra jamais à avouer son orientation sexuelle à Jenny, elle est condamnée à rester enfermée dans son amour pour son père. D’où le cœur « I love you dad » que le terroriste tient à la main lorsqu’il demande à John de coopérer. Coopérer avec Bennett et sa bande, c’est sacrifier Jenny à sa libido. C'est l'homosexualité non-avouée de John qui vient tuer la gamine par frustration.
Après une poursuite littéralement effrénée, John se fait mettre à terre et découvre que, oh surprise, Bennett n’est pas mort. Je ne parviens pas trop à trancher au sujet de Bennett, est-il la part homosexuelle de John qui menace donc Jenny ou son ancien amant qu’il aurait viré de son unité à cause d’une trop forte passion entre eux deux ? Je pense que nous passerons d’une interprétation à l’autre puisque de toute façon elles ne se situent pas exactement au même niveau de lecture.
Bennett endort John d’un tranquillisant (pénétration et sécrétion d’un liquide). Lorsqu’il se réveille, le méchant commente son geste : « Tranquilizers, I wanted to use the real thing ! » Phrase facilement interprétable sexuellement, the real thing : un pénis.
A cet aveu métaphorique d’un désir pour lui, John ne fait que répondre « Où est Jenny ? » Il continue à refouler son passé/sa sexualité pour protéger sa fille (Il devra faire l'inverse à la fin du film quand Bennett la menace d'un couteau). Bennett n’existe plus à ses yeux. Apparaît alors, l’équivalent aliéné de Kirby. Kirby serait l’homosexualité douce et sereine; Arius est l’homosexualité réprimée, disciplinée, maltraitée qui se transforme en amertume, en agressivité et en haine.
Arius demande à John de tuer le président du Valverde, président que John a lui-même aidé à mettre en place (sous les ordres de Kirby). Un autre élément qui positionne Arius en anti-Kirby.
John suggère « Pourquoi ne pas demander à Bennett, c’est le genre de truc qui le ferait bander ! » Mais Bennett lui renvoie la balle, c’est l’entrainement de John qui lui a donné goût au meurtre. Bennett est ce qu'il est pour plaire à John donc une extension d'une part non-assumée de notre héro.
A l’aéroport, le sous-texte se fait plus flagrant encore. Lorsque John demande à Bennett combien ils l’ont payé, son ex coéquipier répond : « Ils m’ont proposé 100 000$, et tu sais quoi ? Quand j’ai découvert que j’allais te mettre la main dessus (en anglais « mettre les mains sur toi ») j’ai dit que je le ferais gratuitement. » Sans parler du « John ? I’ll be ready John ! » lancé sur le ton d’une épouse bonbonne à son mari.
Ici, il faut souligner que toute l’équipe de méchants est homosexuelle à l’exception de Sully. Arius est donc le représentant de l’homosexualité réprimée qui tourne aigre, Bennett le côté obscur de John ou véritable amour, Ricky un partenaire sexuel potentiel qui n’attire pas John, alors que Cooke lui l’attire. Je précise cet élément par rapport à la blague de Sully lorsqu’il met un billet dans la poche de John et déclare : « Prend une bière à Valverde Matrix, ça nous donnera à tous un peu plus de temps avec ta fille. »
Ici, John note que Sully est le seul hétéro qu’il ait sous la main. Métaphoriquement, la seule manière qu’il lui reste pour libérer Jenny de son monde homo secret est de lui trouver une mère mais John n’est pas attiré par les femmes et il se sent donc incapable d’en trouver une qui puisse donner le change. Il en veut une dont on puisse croire qu’elle l’attire. Il s’imagine donc tuer Sully le dernier car il compte sur lui pour lui dégoter une femme auparavant.
Ricky doit s’assurer que John descend de l’avion. Mais « descendre » est « get off » dans la version originale et « get off » c’est « prendre son pied. » Ricky doit s’assurer que John prenne son pied. Le grand noir avec son bob et sa chemise hawaïenne est une sorte d’appât censé faire resurgir l’homosexualité de John, le forcer à reconnaître ce qu’il a nié face à Kirby et Jenny. L’avion sert à monter au septième ciel, à s’envoyer en l’air etc… mais pas de chance, Ricky fait un méga bide, John l’envoie direct au dodo et saute en cours de route.
De retour à l’aéroport, John repère Sully qui vient de téléphoner pour confirmer son départ.
C’est ici que Cindy entre en scène. Cindy, l’hôtesse de l’air, est une femme qui au contraire de John assume sa sexualité. Dans ce film, voler c'est faire l'amour donc hôtesse de l'air = sexuellement très active. Le problème c’est que la société ne veut pas d’une telle femme. Son vol annulé (Elle s'est pris une crampe ?), elle appelle un ami avec qui elle veut passer la soirée mais qui devant sa nonchalance -« Oh, je veux bien aller au lit de bonne heure aussi »- lui met un vent qui est synonyme de « j’aime pas les salopes ! »
Sully, qui écoute la conversation, confond une femme qui assume ses désirs sexuels et une femme qui est prête à s’envoyer en l’air avec le premier venu. Il l’interpelle, la drague lourdement, la suit et après une petite altercation, Cindy se prend l’insulte inévitable « you fucking whore ! »
A ce moment, la jeune femme se retrouve dans une position similaire à Marie Kreutz au début de The Bourne Identity. Elle n’a pas d’issue, pas de place pour elle dans le monde des hommes. Quand Cindy est intéressée, le mec se sent émasculé et la voit comme anormalement initiatrice. Quand elle n’est pas intéressée, on en conclut qu’elle n’est jamais réellement motivée mais s’offre par intérêt à des personnes précises (whore). Elle pousse un profond soupir et songe à renoncer à une vie sexuelle épanouie et autonome. John, qui a bien suivit les indications inconscientes de Sully, apparait alors tel un génie qui sort de sa lampe pour répondre à son appel.
Ce qui est amusant c’est qu’une fois qu’elle a rencontré le méga homo, Cindy va se retrouver à faire la salope (avec Cook) et la pute (avec les flics) pour de bon alors que c’est exactement le rôle auquel elle essayait d’échapper. Peut-être en forme de vengeance ?
Dans le centre commercial, John lui demande de retourner vers Sully et de lui dire qu’elle est folle de lui. C’est certainement la dernière des choses qu’elle a envie de faire. Il explique son histoire et s’exclame «S’il vous plait, aidez-moi, vous êtes la seule chance que j’ai. » Ce qui n’est vrai que métaphoriquement car littéralement le rôle de Cindy est insignifiant. Il sait où se trouve Sully, il peut attendre quelques minutes en l’espionnant et le chopper au moment propice. Mais puisqu’il cherche une mère pour Jenny, il teste Cindy. Il éprouve en même temps son pouvoir de séduction et l’impact qu’a sur elle la vie menacée d’une petite fille. Donc en gros, si elle ferait 1- une partenaire sexuelle crédible aux yeux de sa fille et 2- si elle serait une mère en qui il pourrait avoir confiance.
Hélas pour lui, Cindy n’est pas encore prête à renoncer aux hommes et elle se tourne vers un représentant de la patriarchie hétérosexuelle => un policier. Évidemment, les flics vont se révéler être des branleurs impuissants. Entre celui qui croit et aide Cindy en partie parce qu’elle lui plait et son collègue qui se la pète devant deux filles, la masculinité hétéro est vraiment mal représentée. Et que dire de Sully ? Le nain arrogant vulgaire agressif pédophile qui fréquente des homo survitaminés pour lui-même se prendre pour un dur... bref passons, les mecs hétéros positifs n’existent pas dans ce film.
Surtout qu’en plus, dès que les choses se gâtent que font-ils tous ? Ils sortent leurs petits pénis mécaniques et arrosent dans tous les sens, résultat les cadavres pleuvent. C’est ce qui décide Cindy à prendre le parti de John et à définitivement abandonner les hétéros. John balance des mandales gratuitement mais lui au moins ne tue pas des gens pour jouer les héros ou les durs à cuire. Lorsqu'il fait Tarzan (Cindy fera explicitement l'allusion) accroché à un ballon, il rabaisse tous les autres hommes au rang de primates. (Ce qui est également critiquable de mon point de vue; on se moque des hétéros qui veulent prouver leur virilité tout le temps comme des gros lourds, mais on ne parle pas beaucoup du point auquel ils se font rabaisser dès qu'ils arrêtent de se montrer viril ou aspire à autre chose).
Maintenant qu’elle a concrètement choisi son camp, John déballe toute son histoire à Cindy. Il faut noter qu’à aucun moment il ne prononce le prénom de la mère de Jenny, qui en plus est morte à la naissance de celle-ci. C’est-à-dire qu’en fait, la mère de Jenny a aussi peu de place dans l’histoire que si John avait trouvé la petite fille… d’ailleurs, je me demande même si Jenny ne serait pas la fille d’une victime de John qu’il aurait adopté par culpabilité. Il n’y a aucune trace d’une quelconque belle famille dans le film ; pas de grands-parents, aucun vieil ami qui pourrait parler de l’ex-femme de John avec lui. Kirby aurait pu avoir une ligne de dialogue, simplement pour prononcer le nom de la défunte.
- "Pourquoi tu ne cherches pas à inclure une autre femme dans ta vie John ? C’est ce que Jennifer aurait voulu.
- J’peux pas Franklin, elle me manque toujours autant."
Il n’y a absolument aucun élément de ce type, aucune photo encadrée de John et sa nana dans la maison, aucune question de Jenny concernant sa mère. (Tout cela pointant vers l'homosexualité de John)
Et donc, dans la voiture avec Cindy, John lui explique (métaphoriquement/indirectement) ce qu’il veut d’elle. Une mère pour Jenny. Cindy est séduite par la photo de la petite fille et s’avère partante... maintenant qu’elle n’a plus aucun espoir du côté mecs hétéros. Dans la scène suivante elle accepte sans hésitation de jouer la salope avec Cook. Elle ne se formalise pas quand John fait sauter quelques boutons de sa veste et prend une seconde pour se mettre dans le rôle avant d’ouvrir la porte au mastodonte… qui s’avère totalement insensible à ses charmes puisque lui-même homo.
Ce n’est pas Cindy qui l’intéresse, c’est John. La baston qui s’ensuit est une sorte de rite de séduction. Comme les deux répliques de dragues :
“You’re scared motherfucker ? Well, you should be cause’ this green beret is gonna kick your big ass." (T'as peur fils de pute ? Tu devrais parce que ce béret vert va te botter ton gros cul). J'aime qu'il spécifie gros cul, genre il lui a déjà maté les fesses.
"I eat green berets for breakfast and right now, I’m really hungry.” Je bouffe du béret vert au petit déjeuner, et là, j'ai vraiment la dalle.
C’est à celui qui sera le plus viril et parviendra à séduire l’autre.
Cindy commente « I can’t believe this macho bullshit. » (J’arrive pas à croire à un tel degré de conneries macho).
Leur bagarre se déplace et ils atterrissent dans une chambre dans laquelle un homme et une femme sont justement en train de faire l’amour (Parallèle significatif). Aucun regard tourné en direction de la poitrine qui gigote de la jeune femme paniquée, pas le moindre coup d’œil. Le spectateur qui les perçoit hétéro pensera que c’est parce qu’ils sont tellement virils qu’ils résistent même à ce genre de tentation, mais justement, l’ultra virilité rejoint l’homosexualité. John et Cooke sont trop à ce qu’ils font de toute manière pour s’occuper de ce qu’il se passe autour d’eux. Les préliminaires sont terminés, il est temps de décider qui fait quoi :
« Fuck you asshole.
- Fuck you asshole. »
John attrape Cooke par les couilles -il faudra m’expliquer l’efficacité d’une telle prise- et le termine d’un uppercut phallique et d’une pénétration.
John est tombé dans le piège, il est retourné vers son homosexualité. Conséquence ? Il a oublié Jenny et à la fin du combat, Cooke meurt sans l’informer de l’endroit où sa fille se trouve. Sans Cindy, l’histoire s’arrêtait là.
Je trouve d’ailleurs qu’un peu plus de désespoir ou de stress chez John aurait été nécessaire pour bien marquer le coup. Il reste très calme alors que les choses ne se passent pas aussi bien qu’il l’espérait et qu’il a de bonnes raisons de croire que Jenny est cuite.
De plus, le film entame ici une nouvelle métaphore. Si Jenny n’existe plus à cause de la partie de jambe en l’air entre Cooke et John, une contre-attaque/renaissance est nécessaire. C’est Cindy qui suggère cette renaissance. Son histoire d’avion est une proposition sexuelle. Il est temps pour John de mettre la main à la pâte, comme Jason Bourne avec Marie Kreutz après la poursuite en Mini. John et Cindy infiltrent un entrepôt de méchants et mettent au point leur plan qui s’apparente à une fécondation (Et la naissance qui devrait s'en suivre est la naissance de Jenny en tant qu'individu autonome). L'île des méchants est la bulle, l'ovule, la matrice dans laquelle John a maintenu Jenny enfermée. Grâce à Cindy il va pouvoir être envoyé pour détruire/féconder/fusionner avec cet ovule.
John s’arme donc de toute la virilité qu’il a en réserve, à tel point qu’il en devient trop dangereux/ombrageux pour les petits mâles hétéros, soldats de la patriarchie (les policiers) qui l’arrêtent donc pour délit d'hyper-masculinité. Mais Cindy s’offre une revanche finale: elle utilise son pouvoir de séduction sur les policiers sans réelle raison si ce n’est montrer à John qu’elle est capable de séduire des hommes vu qu'elle a fait un bide avec Cook (On a un plan sur John qui observe la scène). Evidemment les policiers le prennent immédiatement pour une pute parce qu’ils ne savent pas que les femmes ont une libido (Ou ne croient pas une seconde qu’ils puissent attirer une femme... beaucoup de mecs croient facilement que les femmes sont des manipulatrices parce qu’ils ne réalisent pas qu'ils ont un pouvoir d'attraction naturel, conséquence de leur position d'initiateur forcé depuis des siècles et du tabou sur la libido féminine).
Une fois qu’elle les a séduits, elle sort l’artillerie lourde, d’ailleurs peut-être que comme pour Cooke et John cela représente une dernière partie de jambes en l’air. Elle a évidemment le dessus avec son bazooka phallique, et fait monter les policiers au septième ciel. Le feu, la fumée, les cheveux décoiffés du policier peuvent être interprété comme la furie sexuelle de l'hôtesse de l'air frustrée. Cindy a dit adieu aux hétéros.
John et Cindy sont donc prêts à s’envoyer en l’air. Ils décollent ensemble, tout va bien. Cindy est particulièrement satisfaite mais ils se font « repérer », en gros John éprouve quelques difficultés à avoir une érection. Il lui demande donc « Can you go below radar ? » Ah ah ah. Cindy accepte un peu intimidée. John répète « Go down ». Il faut vous faire un dessin ?
Leurs ébats sont interrompus par une scène entre Bennett et Arius durant laquelle l’ancien amant fantasme sur la facilité avec laquelle lui et Matrix se débarrasseraient des soldats d’Arius. Ce qui est pertinent au niveau métaphorique puisqu’Arius, l’homosexualité devenue morbide car refoulée, disparaîtrait si John assumait son attirance pour Bennett.
Nous retrouvons John et Cindy au lever du jour => ils viennent de passer la nuit ensemble. Elle ne porte plus sa veste, son chemisier est déboutonné. Ils atterrissent près de l’ovule et Cindy envoie son petit spermatozoïde à l’assaut. Préparez-vous à assister à une fécondation sans merci.
Bennett, en chemin pour aller tuer Jenny, aperçoit les explosions qui annoncent l’arrivée de John. Sa réaction est, comme à l’aéroport, celle d’une épouse totalement in love. « Bienvenu John, je suis tellement heureux que tu aies pu venir. » On dirait une femme au foyer qui accueille son mari businessman le jour de Thanksgiving.
S’ensuit l’éradication des spermatozoïdes concurrents. Qui sera le père de Jenny ?
Après avoir été enfermée et protégée par une pièce vide, qui représente la vie paradisiaque asexuée que John et Jenny avaient à la montagne, la fillette devient assez adulte pour réaliser qu’il y a quelque chose d’anormal, qu’elle est dans une bulle, qu’on lui cache quelque chose. Elle s’enfuit donc dans le sous-sol sombre, secret de John, prête à se confronter à la réalité qui lui pète à la figure: Bennett l'attrape quand elle le "confond" avec Daddy. Elle est confrontée à l’homosexualité de son père et par conséquent confronté à l’idée que peut-être son père ne l’a jamais aimée. Il était tout pour elle et elle se croyait tout pour lui, ce qui à l'évidence était faux.
Ils se rencontrent tous les trois, Jenny appelle John, Bennett tire une balle dans le bras de son amant passé. Blessure symbolique, Bennett a marqué un point en révélant la vérité à Jenny. John n’a plus le choix, et c’est très émouvant, pour sauver sa fille qui a peur que son papa ne l'ait jamais aimé, il doit assumer ce qu’il y a entre lui et Bennett :
“Bennett stop screwing around and let the girl go” a évidemment un double sens. “Arrête de tourner autour du pot Bennett et laisse la fille s’en aller” mais également « arrête de baiser avec n’importe qui et laisse-tomber la fille. » En quelque sorte, il l’invite à se tourner vers lui en tant que partenaire sexuel et reconnait donc son homosexualité. Jenny est désignée par "la fille" pour que la phrase puisse être comprise à un niveau de rôle sexuel. Il extrait Jenny de l'équation en utilisant leur homosexualité, "c'est qu'une gonzesse, c'est juste une barrière entre nous deux baby !"
Sans parler du « C’est moi que tu veux » ou du « tu veux planter ton couteau en moi et me regarder dans les yeux […] alors que tu le tournes. »
Il est également indéniable que l’expression faciale de Bennett qui dit « I can kill you » est celle d’une excitation sexuelle. A ajouter également à la liste des phrases à double sens, on a « Ne te prive pas d’un peu de plaisir », ou encore « Amène-toi Bennett, éclatons-nous ! »
Il y a aussi le couteau dressé de Bennett qui représente son excitation sexuelle.
Il me paraît un peu surprenant que Jenny ne soit pas plus impliquée dans le combat puisqu’une fois l’homosexualité de John révélée, il a besoin de la confirmation qu’elle aime toujours son papa pour pouvoir vaincre Bennett. Le minimum syndical est assuré par le cri qu’elle pousse lorsque son adversaire parvient à le blesser d’un coup de couteau : « Daddy. » Il est toujours son Daddy. Le Daddy de "I love you Daddy."
Il n’est ensuite plus question de blessures, alors que John s’est pris une balle et un coup de couteau en deux minutes juste avant. Les flammes et les coups de tuyau, c’est comme avec Cooke, une partie de jambes en l’air, passionnée cette fois (flammes), qui s’achève sur une pénétration et une éjaculation. Bennett veut tirer sur John « entre les couilles » parce qu’il représente la part de la libido ultra frustrée de notre héros qui voudrait se débarrasser de la petite fille pour pouvoir mener sa vie tranquille. Donc la part de John qui ressent Jenny comme un obstacle à sa sexualité. Avec cette réplique Bennett accuse John d'abandonner sa sexualité.
Le « let off some steam Bennett », c’est John qui reprend le contrôle. En gros, Jenny et sa libido ne sont plus en concurrence (puisque Bennett est dead), il a sauvé sa petite fille. La scène de la hache du début du film signifie exactement la même chose. John lâche la hache pour prendre Jenny dans ses bras = John tue Bennett avant qu'il ne puisse s'en prendre à Jenny. Il doit tuer Bennett pour montrer que Jenny est plus importante pour lui que sa vie sexuelle secrète jusqu'à présent, qu'elle ne doit pas redouter de perdre son amour. C'est un meurtre symbolique.
Une fois le bad guy éliminé, Jenny lance un petit « Daddy » amoureux à son papa. Elle est rassurée, il l’aime, tout va bien pour elle... mais pas pour John qui se retrouve dans la même situation qu’au début du film. Jenny est amoureuse de lui et n’a pas de rivale ou de rival.
Sur la plage, Franklin et John répète une conversation qu’ils ont sans doute déjà eu plusieurs fois. Celle où le général invite John à revenir, et où John refuse mais revient. Seulement cette fois, Cindy sort de l’avion, elle représente un nouvel élément dans l’équation. Elle redoute elle aussi la réponse de John parce qu'elle a tout plaqué pour lui et que sans elle, Jenny serait morte. John lance son « No chance. » Tout cela sur la jolie chanson dont le refrain est « We fight for love. »
Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi John devrait au final renoncer à son homosexualité ? Puisque Jenny n’y voit en réalité aucun problème. Surtout que Jenny est l'enfant symbolique de trois personnes: la part hétéro de John, sa part homo et Cindy.
Jenny = John + Bennett + Cindy. Ou pas.
Est-ce parce qu’un couple homo avec un enfant c’est impossible en 1985 ? Bon, évidemment, John s’est engagé auprès de Cindy. Mais bon, il pourrait se faire une petite escapade de temps en temps… ah ok… d’où le regard silencieux de John à Kirby juste avant d'entrer dans l'avion, quand Jenny et Cindy ne sont plus là (plus à l'image). Le lien qu’il leur reste est secret à partir de maintenant. Donc effectivement, il trompera Cindy, qui j’espère le trompera aussi de son côté avec des policiers qui seront dépassés par sa libido digne d'une tornade.
Voilà pour Commando. Un film considéré comme stupide par 99% de son public alors qu’il est écrit avec autant de précision et de profondeur qu’un David Lynch et qu'il tient un discours sur les homo et les femmes assez subversif pour son époque. Dommage qu'il soit si hostile aux hétéros quand même.
Et évidemment, l'aspect "action" ne se prend pas une minute au sérieux. Franchement, Bennett qui se recharge les batteries pendant le combat final, c'est à mourir de rire. Toutes les bastons, toute la testostérone et les one-liners sont un élément parodique parce que rien n'est à prendre littéralement et qu'avant tout on est là pour passer un bon moment.