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Deuxième Sexe: Simone de Beauvoir était une imbécile irresponsable et hypocrite.

Publié le par Kevin

Deuxième Sexe: Simone de Beauvoir était une imbécile irresponsable et hypocrite.

(2023: Plusieurs des liens de cet article semblent avoir rendu l'âme depuis sa publication).

 

Au travers d’un phénomène d'influence spontanée (dont nous apprenons vite à nous méfier) nous pouvons avoir tendance à considérer que les films les mieux reçus ou les plus récompensés sont les meilleurs, que les amis que nos amis nous présentent sont des personnes sympathiques ou que les hommes les plus populaires auprès des femmes sont ceux qui ont le plus de valeur etc… bref lorsqu’on ne creuse pas trop une question, on a tendance à s’en remettre aux jugements des autres et de la multitude, qui est parfois juste et parfois totalement à côté de la plaque.

Au cinéma, j’ai par exemple été confondu de trouble face à la nullité crasse de films comme Looper ou The Snowpiercer, encensés par le public et les critiques alors qu’ils ne sont que deux grosses coquilles vides et simplistes (Pour un spectateur adulte), qui ont eu la chance de taper exactement là où il fallait au moment où il fallait pour être accueillis à bras ouverts.

Le problème lorsque la stupidité est célébrée, soutenue et récompensée, c’est que le réalisateur de Looper se retrouve aux commandes de Star Wars VIII : The Last Jedi, on connait la suite.

Tout ça pour rappeler ce lieu commun tellement ignoré en ces temps de narcissisme aveugle : Il faut faire attention à ce que l’on encense.

Dans le numéro d’Avril – Mai – Juin 2018 des Grands moments de l’Histoire consacré Au Vrai Moyen-Age, on peut trouver quatre articles sur des femmes qui ont eu un impact sur le monde : Rosa Parks, Marie Curie, Simone de Beauvoir et Lucie Laubrac. C’est la mode, il faut bien vendre son magasine.

Simone de Beauvoir a été pour moi pendant longtemps, une sorte de démangeaison intellectuelle. Je me suis toujours inconsciemment cru destiné à adorer son livre Deuxième Sexe. J’ai toujours eu des opinions qui glissaient vers le féminisme et cela sans même savoir que le féminisme existait. Ces sentiments que les garçons traitaient les filles comme des bouts de viande, ou comme des idiotes et que leur constant besoin d’affirmer leur virilité ou leur supériorité était pitoyable, je les avais déjà au collège sans que personne ne m’ait jamais demandé de voir les choses comme ça (et ces sentiments, je les ai payés très cher).

Arrivé à la fac, je croyais donc que je me reconnaitrais dans ce mouvement apparu dans les années 50, 60 et que le jour où je serais amené à lire sa bible, cela représenterait une sorte de point final à mes réflexions.

Sauf qu’en fait, je n’ai jamais lu Deuxième Sexe… même alors qu’il était nécessaire pour un travail universitaire. Arrivé à une cinquantaine de pages, j’étais incapable de continuer. Non pas que je me sentais en désaccord, ou choqué, je n’arrivais simplement plus à me concentrer. Dans le déni, je me suis convaincu que j’avais d’autres choses à lire et j’ai délaissé l’œuvre majeure de Simone de Beauvoir… jusqu’à aujourd’hui.

Le numéro des Grand moments de l’Histoire me l’a fait rouvrir quelques années plus tard sans cette pression universitaire ni ce sentiment que le livre devrait révolutionner ma perception des rôles sexuels sociaux.

Et j’ai enfin pu regarder la réalité en face : ce livre est un torchon morbide pitoyable.

Simone de Beauvoir (et Jean-Paul Sartre) sont les Looper ou Snowpiercer de la philosophie française. Ils ont dit ce qu’il fallait au moment où tout le monde voulait l’entendre, peu importe que ça n’ait été que des imbécilités.

En 1950, les œuvres tournées vers l’amélioration de la position des femmes existaient déjà et cela depuis des siècles, mais Simone de Beauvoir (on dirait bien) est la première andouille à avoir dit : « Les femmes sont les esclaves des hommes. »

Si vous lisez Jane Austen (Morte 1817), Daniel Defoe (Mort 1731), Henry Fielding (Mort 1754), ou encore Mary Elizabeth Braddon (Morte 1915), vous verrez des auteurs qui parlent de la position de la femme dans la société et de la manière dont elle peut l’améliorer. Que peut espérer une femme, qu’est-ce qui représente un bon choix pour elle, qu’est-ce qui représente une erreur, qu’est-ce qui est un coup de chance, qu’est-ce qui est une menace ? Qui est une idiote, qui est intelligente ? Et parmi ces explorations, les hommes. Quel homme est un bon parti (dans un sens respectueux de l'expression), quel homme est un imbécile. Qu’attendre d’eux ? Qu’espérer d’eux ?

Ainsi, dans les œuvres de ces auteurs, les femmes sont perçues comme des individus autonomes et capables, confrontés à une vie surchargées d’obligations, exactement comme celles de leurs partenaires masculins, eux-mêmes enfermés dans une logique d’attentes sociales nombreuses et très spécifiques. Aucun des deux sexes ne peut se permettre de faire comme bon lui semble. Ces livres peuvent être appelés progressistes, car ils cherchent à faire progresser les choses avec bienveillance (et pour les deux sexes ensemble).

Or, il suffit de lire dix pages de Deuxième Sexe, pour voir que cette notion n’est absolument pas présente dans la tête de Simone de Beauvoir. Pour elle les hommes jouissent d’une vie parfaite qui correspond exactement à leurs désirs et les femmes ne servent qu’à embellir cette existence.

« On ne nait pas femme on le devient. » Par contre on nait homme et on le reste. Pauvre idiote débile.

Deuxième Sexe est un ouvrage de pure jalousie morbide qui déforme absolument tous les sujets qu’il aborde simplement parce que son auteure avait une perception totalement aliénée des dynamiques entre les hommes et les femmes. Je ne dis pas que Simone de Beauvoir faisait preuve de mauvaise foi (en fait si) mais simplement qu’elle aurait mieux fait de se soigner plutôt que d’aliéner plusieurs générations de femmes (et d’hommes) à cause d’un mal-être bien personnel.

1.Tu seras un homme ma fille.

Je sais que disqualifier l’intégralité de l’argumentation d’un auteur à partir d’un élément personnel de sa vie représente une attaque fallacieuse. Cependant, lorsque j’ai appris que Simone de Beauvoir avait été élevée par un père qui aurait voulu un fils à sa place, et qui lui répétait régulièrement, « tu as un cerveau d’homme, » je ne me suis pas dit « Ça doit être pour ça alors qu’elle avait un regard critique si élaboré » mais « Aaaaaaah, je comprends pourquoi son écriture est si glauque ! » La nouvelle m'expliquait un aspect négatif que je percevais déjà.

Imaginez une seconde ce qu’une telle éducation peut provoquer chez une petite fille. Si dans notre culture, les rôles féminins et masculins s’étaient résumés à porter un bracelet rose ou bleu, Simone de Beauvoir aurait écrit un livre qui expliquait à quel point il est monstrueux de ne pas pouvoir porter un bracelet bleu sous prétexte qu'on est une femme, et à quel point un bracelet bleu c'est mieux qu'un rose.

J’exagère, mais l’argument derrière cette blague est extrêmement important : Simone de Beauvoir était aliénée en tant qu’individu à la base. Une femme qui ne se sent pas une femme et qui ne veut pas être identifiée en tant que telle par essence, ne peut pas prétendre avoir un regard pertinent sur la question des rôles sexuels.

Pour continuer sur mon exemple de bracelets roses dans une société autrement entièrement égalitaire, il ne viendrait jamais à l’esprit de femmes normales, de critiquer le port de ce bracelet car elles le ressentiraient comme un indicateur de leur identité essentielle (même chose pour les hommes). Ce n'est pas une douleur que de s'identifier à son sexe, c'est un confort, c'est rassurant. Les choses ne deviennent problématiques que lorsqu'on te demande de faire des pied et des mains ou d'accepter des choses dégradantes. Dans ce contexte pourtant neutre de port d'un bracelet coloré, Simone de Beauvoir souffrirait simplement de ne pas pouvoir s’identifier au sexe masculin, le bracelet rose lui serait extrêmement désagréable parce que papa voulait un enfant avec un bracelet bleu.

Son biais perceptif  rend la moindre de ses réflexions caduques, elle a été élevée dans l’idée qu’être de sexe féminin était mal et décevant. Son père lui a dit « j’aurais préféré un garçon » comment aurait-elle pu percevoir avec douceur la moindre différence entre rôles masculins et féminins ? (D'ailleurs, si elle avait remis son père en question et échappé à cette fatalité, je serais le premier à vouloir le constater, sauf qu'à l'évidence elle s'est noyée dans celle-ci).

Car l’un des biais majeurs terriblement grave de la philosophie de de Beauvoir et qu’elle passe à côté du fait qu’une femme aime être une femme. Si la féminité était reliée à un bracelet rose, alors les femmes dorloteraient leur bracelet rose. Et ce qui est également grave c’est que notre perception actuelle est tellement aliénée que je suis sûr que ma remarque sonne sexiste. Dire qu’une femme est prête à se conformer à un rituel parce qu’elle a envie d’être identifiée en tant que femme est devenu quelque chose d’agressif. C’est démentiel et catastrophique… et terriblement misogyne.

 

2.La vie ridicule

Quand on regarde la vie de Simone de Beauvoir, on voit également un grand nombre de choses terriblement suspectes qui dérangent.

On nous parle toujours de son couple libre mythique avec Sartre, alors qu'il ressemble bien plus à une équipe de vampires narcissiques mégalos qui dévoraient quiconque osait s’approcher d’eux et leur ouvrir l'appétit.

On dit très rarement que très vite, Sartre et De Beauvoir ont cessé de coucher ensemble. Leur ouverture sexuelle, c’était plutôt un moyen de combler l’absence d’attirance entre eux, leur misère sexuelle réelle. On parle assez peu de la manière dont de Beauvoir séduisait des étudiantes qui tombaient sérieusement amoureuses d’elle, avec qui elle couchait, avant de les rabattre vers Sartre. Ces deux philosophes célébrés pour de mauvaises raisons, étaient en plus des pervers insensibles, cruels et platement laids, et je ne parle absolument pas de leur physique ici. De Beauvoir et Sartre étaient deux individus médiocres et méprisables.

On ignore aussi régulièrement le fait que de Beauvoir a essayé d’échapper à Sartre. Elle est tombée amoureuse, belle ironie, de Nelson Algren à qui elle a écrit des lettres enflammées et dans lesquelles elle étale sa stupidité. La manière dont elle s’est emprisonnée avec Sartre en renonçant à tout ce qui lui aurait permis de le quitter en tant que femme. De Beauvoir, cette femme admirée et perçue comme une figure de la liberté et de l’autonomie féminine, était une pauvre andouille qui a été incapable de plaquer une pourriture pour aller retrouver celui qu'elle aimait de toute son âme.

De Beauvoir est plus proche de la femme battue qui revient tout le temps vers son mec en se disant « je parviendrai à le faire changer », que de celle qui lui lance « Je ne mérite pas d’être traitée ainsi, je te quitte pour une vie meilleure » à la première baffe.

Ce que l’on voit souvent par contre, c’est qu’elle a été reçue à l’Agrégation de philosophie en deuxième, juste derrière Sartre. Je ne comprends pas pourquoi cet élément est toujours souligné. Parce que ça a un côté amusant de voir les deux meilleurs philosophes d’une année se mettre ensemble ? Ou parce que cela place Sartre dans la position de celui qui empêchera toujours de Beauvoir d’être la première ? parce que cet élément est symboliquement trop fort pour être ignoré...

Elle voulait être un écrivain célèbre. Y est-elle parvenue ? Non. Aucun de ses romans n’est estimé, et ils sont même très souvent moqués parce qu’ils parlent trop évidemment de sa vie quotidienne. Oui, elle a eu le prix Goncourt pour son très connu Les Mandarins. Comment ça vous n'en aviez jamais entendu parler il y a une seconde. Voyons ce qu'en dit wikipédia: "En 1954, elle obtient le prix Goncourt pour Les Mandarins et devient l'un des auteurs les plus lus dans le monde. Ce roman qui traite de l'après-guerre met en lumière sa relation avec Nelson Algren, toujours à travers des personnages imaginaires." Et bien ça a l'air bien subtil tout ça.

Elle est connue comme la femme qui a écrit « Deuxième Sexe. » Livre qu’elle a écrit parce que Sartre le lui a suggéré. Ils ont même une tombe commune à Montparnasse ce qui est un peu glauque quand on connait l’histoire avec Nelson Algreen.

Et au final, cette femme émancipée, cette figure du féminisme n’est jamais évoquée indépendamment de son compagnon, qui lui, est prioritairement associé à sa philosophie, l'existentialisme (lol). Compagnon qui la surnommait « Castor. »

L’auteur de l’article des Grands Moments de l’Histoire écrit: « Sartre adoptera ce surnom qu’il justifiera par le fait que comme les castors, Simone aime évoluer en groupe. » Le « justifiera » sceptique, par opposition à "expliquera," m’a bien amusé. En fait, le surnom de De Beauvoir vient d’un anglais qui l’avait appelée « Beaver » (Castor) à cause de la sonorité similaire du nom de famille et du mot. Mais « Beauvoir » et « Beaver » ne sonnent pas pareil (Bovoir, biver), et l’anglais savait forcément que « Beaver » signifie en argot « Vagin » ou « Gonzesse. » Ainsi, le magnifique surnom affectif que Sartre donnait à Beauvoir venait du fait que quelqu’un se moquait d’elle en l’appelant Simone La Chatte ou Simone La Foufoune.

Deuxième Sexe: Simone de Beauvoir était une imbécile irresponsable et hypocrite.

Je sais que je vais me répéter mais je voudrais vraiment appuyer ces éléments :

De Beauvoir est une figure majeure du féminisme. Elle n’aimait pas les hommes. Elle manipulait les femmes. C’était fort probablement une lesbienne torturée par ses pulsions "inacceptables*" à l’époque. Elle est restée presque toute sa vie sous la coupelle d’un philosophe médiocre et mégalo qui se concentrait sur son envie de multiplier les conquêtes. Elle était clairement traumatisée par une éducation qui l’a amenée à rejeter sa féminité (au sens le plus primordial du terme).

*Je dis ça à l'emporte pièce, en vérité je ne sais même pas si l'homosexualité était réellement mal-vue à Paris, dans les cercles d'intellos à l'époque.

On peut avoir pitié d’elle, ou la plaindre, et je pense qu’elle a eu une vie atroce, sa lettre de séparation à Nelson Algren est horrible....

...mais en tant que figure dominante du féminisme, elle est ridicule et ses idées nocives et morbides devraient être disqualifiées.

3.Disqualifier Deuxième Sexe.

La radicalité de mon propos est évidemment présomptueuse, puisque j’avoue ne pas avoir lu plus de cinquante pages de Deuxième Sexe. Comment est-ce que j’ose disqualifier un tel ouvrage de référence alors que je ne l’ai même pas lu ?

Déjà, je me moque de réellement le disqualifier dans son entièreté, j’aimerais plutôt qu’il soit relégué au fond de l’étagère par une œuvre plus intelligente et plus subtile. Au-delà de ça, le biais de Simone de Beauvoir est perceptible absolument partout (dans ce que j'ai lu du livre) et je ne vois pas pourquoi il disparaîtrait au fur et à mesure des pages, et surtout, je ne vois pas pourquoi je devrais espérer qu’il disparaisse au fur et à mesure des pages. Ce biais qu'elle traine dès le départ est trop important pour qu'on en fasse abstraction.

Je cite ici deux opinions données du livre « Simone de Beauvoir et Les femmes » qui correspondent bien à ma perception de la philosophe :

« […] le portrait d’une Simone de Beauvoir proche de la cruauté dans ses relations avec des jeunes filles éperdues d’amour pour elle, peu glorieuse face à la grande trame de l’Histoire. […] un féminisme conduit par la volonté de rejoindre le sexe masculin dans ses travers les plus phallocrates. »

Extrait 1

« […] D’une homosexualité camouflée mais avérée par de multiples témoignages et ses propres correspondances, d’une froideur confinant à la cruauté dans son absence de solidarité avec des jeunes femmes pâmées d’amour pour elle dont elle sait profiter des corps, […] Une femme froide et guidée par sa revanche sur une histoire familiale qui la conduit à agir toujours en fonction de sa volonté d’égaler les hommes, de les égaler, elle, mais pas de défendre la promotion des femmes avec leurs particularités – les égaler, pour rejoindre ce sexe masculin glorieux entre tous. »

Extrait 2

Ce qui ressort de chaque page de Deuxième Sexe et qui, pour moi, justifie que l’on mette le livre à la poubelle c’est que

1-Simone de Beauvoir déteste le féminin qu’il soit culturel ou naturel et qu'elle se débarrasse de cette différence en prétendant qu’ « on ne naît pas femme on le devient. »

2-Elle ne comprend strictement rien à ce que c’est que d’être un homme et admire aveuglément une masculinité qui est, elle, culturelle justement.

Le résultat est que Simone de Beauvoir fait violence aux femmes qui veulent s’épanouir à l’intérieur de cette identité en la dévalorisant… donc en gros elle fait du mal aux femmes… cette figure historique du mouvement féministe… est l'ennemi des femmes.

Le résultat est également qu’elle enferme les hommes dans une perception entièrement culturelle d’eux-mêmes. Ce n’est pas pour rien que son compagnon d’une vie était un dragueur, manipulateur, mégalo, pervers narcissique, Don Juan cruel qui réduisait les femmes à des objets et dont l’œuvre philosophique peut se résumer par « Moi, c’est mieux que toi. »

Et donc, peu importe que son écriture et ses arguments soient impressionnants et qu’elle fasse appel à énormément de concepts et de connaissances, sa conclusion sera toujours la même : « Être une femme c’est de la merde, il faut permettre aux femmes d’être des hommes, parce qu’être un homme c’est le pied. »

 

4.Le ton de Deuxième Sexe.

Je viens d’ouvrir le livre au hasard à la page 319, histoire de lui donner une chance de m’arrêter dans mon entreprise mais justement, j’y trouve immédiatement un exemple de ce dont je parle :

« On sait l’importance de la sexualité, donc ordinairement de la femme, dans les conduites et pathologiques et normales [des hommes]. Il arrive que d’autres objets soient féminisés ; puisque aussi bien la femme est en grande partie une invention de l’homme, il peut l’inventer à travers un corps mâle : dans la pédérastie, la division des sexes est maintenue. Mais ordinairement, c’est bien sur des êtres féminins que la Femme est cherchée. C’est par elle, à travers ce qu’il y a en elle de meilleur et de pire que l’homme fait l’apprentissage du bonheur, de la souffrance, du vice, de la vertu, de la convoitise, du renoncement, du dévouement, de la tyrannie, qu’il fait l’apprentissage de lui-même ; elle est le jeu de l’aventure, mais aussi l’épreuve : elle est le triomphe de la victoire et celui, plus âpre, de l’échec surmonté ; elle est le vertige de la perte, la fascination de la damnation, de la mort. »

Lorsque je lis ces lignes, je comprends bien ce à quoi Simone de Beauvoir fait allusion. Le phénomène qu’elle décrit existe bien, je l’ai observé et en ai fait l’expérience durant mon adolescence et ma post-adolescence. J’imagine que beaucoup d’hommes peuvent rester dans cette bulle de puérilité toute leur vie durant. Le problème n’est pas la fausseté du phénomène qu’elle décrit mais le fait que ce qu’elle en fait idéologiquement est criminellement stupide.

Elle parle des hommes comme d’individus libres, exempts de toute influence (merci l’existentialisme) qui imposent au réel et aux autres leur manière de percevoir le monde. Un homme homosexuel pourra même décider de transformer un comparse en femme, cela vous montre à quel point leur idée de la féminité est flexible et varie en fonction de leurs désirs. C'est n'importe quoi.

« Puisqu’aussi bien la femme est en grande partie une invention de l’homme » aussi est une foutaise scandaleuse. Les femmes sont tout aussi heureuses de pousser leurs filles dans la féminité que les hommes, voire même, beaucoup de pères sont agacés par la propension des mères à enfermer les filles dans leur rôle féminin limitant. Évidemment tout cela est relatif mais simplement, prétendre que la femme est une invention exclusive, isolée et utile de l’homme pour l’homme comme le serait le vélo est terriblement réducteur du rôle des femmes et du plaisir qu'elles peuvent prendre à le remplir (Et se trouve être de la misogynie).

Toujours est-il que la propension qu'ont les hommes immatures (et je dis ça sans la moindre condescendance) à surcharger de sens leurs relations avec les femmes et à cloisonner ces dernières derrière des signes comme « ma réussite », « ma valeur », « mon courage », « ma virilité » au point que la pauvre femme disparait un peu derrière le trophée qu’elle représente, est réelle. Oui, Simone décrit un phénomène réel et oppressant. Mais pourquoi existe-t-il ce phénomène ? Il existe parce que les hommes sont harcelés depuis leur plus petite enfance, torturés, humiliés, violemment abusés psychologiquement tout cela afin qu’ils deviennent « de vrais hommes. » Et qu’est-ce qui te prouve que tu es un vrai mâle mieux que le fait qu’une femme « parfaite » te choisisse comme mari ou partenaire sexuel ? Si les hommes projettent un nombre incalculable de signes mythologiques sur les femmes et le fait de perdre leur virginité, et le fait d’être populaire, et insensible etc… c’est parce qu’avant tout, ils en prennent plein la figure toute leur enfance et toute leur vie. Sans parler du fait que les femmes font exactement la même chose dans l'autre sens, elles projettent tout autant de signes sur les hommes qu'elles objectifient. Sans parler du fait que c'est NORMAL que leur relation avec les femmes prennent un sens particulier profonds pour les hommes, devinez quoi, elles sont leurs femelles ! Les individus avec lesquels ils se reproduisent ! Elles sont un p'tit peu réellement le trophée ultime de leur vie.

Simone de Beauvoir refuse d’aborder le problème dans son intégralité. Elle s’acharne à décrire l’histoire de la position des femmes sans réaliser que les femmes peut-être, n’en sont pas si mécontentes et que les hommes quant à eux, ne sont pas aussi peinards qu’ils le semblent... que peut-être il y avait quelque chose derrière les apparences ("Comment ça les apparences sont parfois trompeuses ?" Simone de Beauvoir le 5 Juin 1954).

A la page 20, elle compare les femmes aux noirs et aux juifs, et encore aujourd’hui le féminisme cherche à associer les femmes à une minorité raciale opprimée (Les LGBT utilisent également cet argument). Même si évidemment on comprend le sens de la comparaison, elle n’en est pas moins totalement fallacieuse. Les juifs et les noirs ont leurs femmes. Si les hommes sont les méchants, alors les hommes juifs et les hommes noirs sont également les méchants et la comparaison n’a plus de sens puisqu’elle implique que les bourreaux sont également les victimes.

Deuxième Sexe: Simone de Beauvoir était une imbécile irresponsable et hypocrite.

En mélangeant ainsi minorités ethniques réelles et sexes, Simone de Beauvoir détruit l’aspect universel que son propos a déjà du mal à avoir. Et surtout, surtout, elle avoue indirectement le but réel de son argument : prendre le pouvoir à ceux qu’elle envie. Les hommes juifs et les hommes noirs ne lui posent pas tant de problèmes que ça car ils sont des victimes de la société, donc on s’en fout qu’ils soient également des oppresseurs machos. Le seul véritable homme dont elle veut la peau, c’est celui qui dirige la société, c’est celui qui a la classe, c’est celui qui se la pète… peu importe la réalité de ses crimes ou de sa domination effective au final, du moment que Papa de Beauvoir en voulait un plutôt qu'une petite fille. Imaginez s'il avait voulu un labrador ce qu'elle nous aurait pondu comme chef d’œuvre.

Ce qui intéresse Simone de Beauvoir, c’est de détrôner le mâle alpha dominateur symbolique qui jouit de sa toute puissance. Dit comme ça, on peut trouver son objectif louable, on peut l’admirer, sauf que détrôner le méchant mâle dominant, ça n’est pas percevoir sa facticité ou valoriser d’autres types d’hommes. Dans sa critique du rôle masculin oppresseur, tous les hommes se valent, tous les hommes sont cet homme dominateur ou aspirent à l’être, ce qui est absolument faux et discriminatoire. 

Un politicien extrémiste peut décider d'extrader tous les français (des deux sexes) vivant dans une ville anglaise donnée, ça ne posera pas de problème structurel profond à la communauté. En tout cas, pas de manière comparable à s'il veut virer toutes les femmes (Des deux nationalités). Dans cette différence repose une hypocrisie monumentale du féminisme: si les femmes n’aiment pas certains hommes, elles peuvent en choisir d’autres.

Les femmes (et les hommes) ont toujours eu et auront toujours un moyen très simple de faire changer la société : choisir de jeter leur dévolu sur les hommes qui correspondent à leurs goûts et idées, ou au moins essayer de faire changer le macho avec qui elles vivent.

Et c’est très simplement ce que font et ce qu'on toujours fait la plupart d’entre elles.

Les relations entre hommes et femmes évoluent en accord avec la manière dont les rôles sexuels évoluent, aux travers de dynamiques organiques. Le crime impardonnable de l’idéologie de Simone de Beauvoir c’est qu’elle rompt ce lien en prétendant qu’il n’y a là qu’exploitation de la femme par l’homme. Elle peut se le permettre puisqu’elle s’en fout des femmes… et des hommes.

Aussi virulente vis-à-vis de la masculinité soit-elle, Simone de Beauvoir se moque bien d’en construire une autre. Elle ne veut pas changer les hommes, elle veut en être un. Tout ce qu’elle pointe du doigt comme étant une marque de leur domination injuste, tout ce qu’elle dénonce comme une oppression faite aux femmes, elle ne voudrait pas le voir disparaître, elle voudrait simplement avoir le loisir de l’infliger à d’autres, de se l’approprier.

Les hommes noirs ou juifs, les parias, les exclus, les hommes sensibles, intelligents, doux, les hommes qui ne sont pas dupes de la débilité de beaucoup d'aspects du rôle masculin, ces hommes-là n’existent pas pour Simone de Beauvoir**, elle s’en fout, ce qu’elle veut c’est avoir accès au statut de macho dominant, confiant, condescendant, autosatisfait et intouchable. **enfin, si justement, puisqu'elle est amoureuse de Nelson Algren, mais cette relation est une parenthèse, c'est une exception et c'est ce qui la rend plus tragique encore. Avec lui elle devait se sentir réellement elle-même, la femme qui n'a pas eu le droit d'exister.

Pour en revenir à cette comparaison entre femmes et minorités ethniques, je dois admettre que Simone de Beauvoir souligne elle aussi le fait qu'elle est limitée. regardez ce qu’elle fait de cet argument :

« [Les femmes] vivent dispersées parmi les hommes, rattachées par l’habitat, le travail, les intérêts économiques, la condition sociale à certains hommes —père ou mari— plus étroitement qu’aux autres femmes. Bourgeoises elles sont solidaires des bourgeois et non des femmes prolétaires (Oui et ?) ; blanches des hommes blancs et non des femmes noires (En quoi est-ce anormal ?). Le prolétariat pourrait se proposer de massacrer la classe dirigeante ; un Juif, un Noir fanatiques pourraient rêver d’accaparer le secret de la bombe atomique et de faire une humanité tout entière juive, tout entière noire : même en songe la femme ne peut exterminer les mâles. […] C’est là ce qui caractérise fondamentalement la femme : elle est l’Autre au cœur d’une totalité dont les deux termes sont nécessaires l’un à l’autre. »

Et quelqu’un a pris cette folle au sérieux. Mon problème étant ici, à l'évidence j'espère, la manière dont elle fantasme l'éradication des hommes à la bombe nucléaire. Pire, elle regrette de ne pas pouvoir fantasmer une telle chose de manière réaliste.

Simone de Beauvoir et Nelson Algren.

Simone de Beauvoir et Nelson Algren.

5.Jalousie et condition masculine.

A la page 17, de Beauvoir explique : « Et elle n’est rien d’autre que ce que l’homme en décide (Affirmation complaisante dans sa radicalité) ; ainsi on l’appelle « le sexe », voulant dire par là qu’elle apparaît essentiellement au mâle comme un être sexué (Ce qu'elle est) : pour lui, elle est sexe, donc elle l’est absolument (Logique ?). Elle se détermine et se différencie par rapport à l’homme et non celui-ci par rapport à elle ; elle est l’inessentiel en face de l’essentiel. Il est le Sujet, il est l’Absolu : elle est l’Autre. »

Tout d’abord, j’aimerais pointer du doigt, l’aspect fallacieux du début de cet extrait : « Elle est sexe, donc elle l’est absolument. » En refusant d’insérer une quelconque nuance dans sa perception des hommes, d’admettre que l’homme aussi est un être culturel qui ne coule pas de source, elle pousse ses propos dans des extrêmes de radicalités inacceptables. Non, les hommes ne perçoivent pas la femme comme un sexe et uniquement comme tel. Oui, leur rôle social peut-être. Oui, elle décrit peut-être une tendance indéniable (le livre date de 1949), mais il est inacceptable de faire ce constat comme elle le fait. C’est-à-dire de prétendre que cela concerne tous les hommes et cela de manière naturelle.

Ensuite, il y a l’ironie de « on l’appelle sexe. » Mais comment t’appelait-on toi ma petite Simone/Castor ? Qui es-tu pour venir donner des leçons alors que tu n’as même pas été fichue d’éviter ce que tu dénonces à l’intérieur même de ton cercle d’amis ? Est-ce que le problème des femmes ça ne serait pas que tu as des goûts de chiotte en hommes et des amis pourris qui te rabaissent ? Toi qui, même dans tes romans, est incapable d'écrire sur autre chose que sur toi-même ? (et sur, humour tragique, la relation amoureuse que tu n'oses pas vivre avec un homme).

Mais passons, ce qui m’intéresse réellement dans cette citation c’est son hypocrisie et son ambivalence. Simone ignore qu’être le Sujet, l’Absolu, peut être autant vécu comme un poids et une souffrance que d’être relégué au rôle d’Autre. Beaucoup de gens aiment être le centre d’attention, beaucoup de gens n’aiment pas être le centre d’attention. C’est aussi simple que ça. La violence des rôles féminins et masculins est d’être rigides et imposés de manière indiscriminée à des individus qui ne s’y conformeront pas tous avec la même facilité.

Les féministes hurlent à la domination masculine (qui n’est qu’une apparence) mais en quoi être désigné arbitrairement comme « dominant » est-il quelque chose d’agréable ?

L’année dernière, le mot « mansplaining » est apparu dans le vocabulaire féministe pour décrire l’attitude que peuvent prendre certains hommes lorsqu’ils t’expliquent quelque chose, en te donnant le sentiment que tu es stupide et qu’eux, de leur côté, savent parce qu’ils sont des hommes des vrais. (Les pères qui tentent de prouver leur masculinité sont souvent comme ça).

Déjà, ce concept féministe oublie que les boulets qui croient qu’ils sont plus masculins en expliquant la vie à tout le monde n’infligent pas ce comportement qu’aux femmes… il oublie également qu’on pourrait immédiatement inventer le « momsplaining » pour décrire ce comportement féminin d’expliquer quelque chose à une personne avec une sorte de bienveillance condescendante qui rappelle celle d’une mère qui parle à un enfant, ou cette manière d'utiliser la position de mère comme un argument d'autorité.

Cette équivalence n’est pas l'unique façon de critiquer le « mansplaining » disponible. La laideur de ce concept vient aussi du fait qu’il ne regarde les choses que du point de vue de la personne qui subit ce comportement, comme si celui qui l’infligeait se croyait réellement supérieur et n’était qu’un oppresseur qui oppressait gratuitement, alors que les hommes (ou femmes) qui parlent comme ça sont souvent des personnes totalement détruites psychologiquement qui se débattent avec une sévérité écrasante envers eux-mêmes et un sentiment d’absence totale de valeur. 

Si je dis « les hommes ont toujours raison, » J’opprime autant les hommes que les femmes, mais le féminisme ne retient que la part de la remarque qui est vexante pour la gente féminine comme si la vie n’était qu’une question d’égo. Il sera toujours facile de prouver que les hommes n’ont pas toujours raison, et cette tâche horrible (sarcasme) reviendra toujours à une femme valeureuse (sarcasme), comme si elle avait eu raison face à une personne qui a toujours raison et non comme si elle avait juste eu raison face à quelqu’un qui était déjà son égal à la base.

Le féminisme veut laisser les hommes sur leur piédestal, voire les élever encore plus haut, pour avoir ensuite encore plus de mérite quand elles en abattent un. Il n’est jamais question de faire la paix, de s’entendre bien et de faire l’amour.

Pour en revenir à l’extrait de Deuxième Sexe, cette incapacité de Simone de Beauvoir à percevoir que la dynamique qu’elle décrit est oppressante pour les deux sexes, donne ce sentiment que les hommes ont le beau rôle (c’est ce qu’elle dit de toute façon) et que par conséquent, leur position est enviable et les femmes devraient y avoir accès. Alors qu’elle donne une description assez intéressante de ces rôles, il semble lui échapper qu’ils sont complémentaires (et creux). Un maître et un esclave ont des rôles complémentaires ça ne justifie en aucun cas l’existence de cette dynamique, mais justement, l’esclave doit-il rêver d’être le maître ? Ou doit-il rêver d’une société dans laquelle il n’y aurait ni maître, ni esclave ?

Car c’est ce dont Simone de Beauvoir rêve, elle est dupe du rôle sexuel masculin comme s’il était une réalité et fantasme de pouvoir l’endosser.

Elle utilise d’ailleurs cette comparaison au maître et à l’esclave (page 22) : « Le besoin biologique —désir sexuel et désir d’une postérité— qui met le mâle sous la dépendance de la femelle n’a pas affranchi socialement la femme. Le maître et l’esclave aussi sont unis par un besoin économique réciproque qui ne libère pas l’esclave. C’est que dans le rapport du maître à l’esclave, le maître ne pose pas le besoin qu’il a de l’autre ; il détient le pouvoir de satisfaire ce besoin et ne le médiatise pas. »

« Le maître ne pose pas le besoin qu’il a de l’autre. » Vraiment ? De Beauvoir croit-elle réellement décrire la position avantagée des hommes ici !!! Alors que pendant des siècles les femmes ont pu mettre les hommes à genoux en prétendant ne pas être intéressées par la chose sexuelle ? Encore en 2018 ce rapport marque les relations. Les hommes peuvent encore se voir payer pour le restau au premier rendez-vous, ou pour s’inscrire sur un site de rencontre, ou pour entrer en boîte, pas les femmes. Les femmes sont désirées et les hommes sont les porcs qui désirent, qui bavent, qui convoitent et doivent montrer leur valeur qui ne coule absolument pas de source. Quelle position de maître !

A la page suivante, elle nuance cette comparaison à un maître et un esclave. La femme n’est pas réellement l’esclave de l’homme, mais sa vassale. Bien joué, comme ça tu as dit que la femme était l’esclave de l’homme mais tu pourras te défendre d’avoir tenu des propos si inacceptables. Pas mal aussi de la comparer aux juifs récemment tués en masse par les allemands et dont le sort ne t’intéressait guère à ce moment-là. Il me semble pourtant que la guerre 39-45 était encore fraiche en 1949 et que le nombre de morts masculins devait bien te chuchoter un des avantages flagrants d’être une femme dans cette société.

Ce qui me choque véritablement dans cette insistance sur le fait que les femmes sont soumises et exploités, c’est l’aveuglement absolu aux croyances et nécessités qui pouvaient régir la société à ce moment-là.

On sait tous aujourd’hui que l’American Dream (sa seconde version consummériste) avec la belle maison pavillonnaire, le mari qui gagne la croûte, la femme et les enfants qui restent à la maison, était un cauchemar et que beaucoup de femmes aux foyers devenaient folles. Betty Friedan a appelé ce phénomène « le problème qui n’a pas de nom » : le simple fait que les femmes devenaient folles d’ennui, trop intelligentes, trop éduquées pour le destin insipide qu’on leur réservait. Le rêve américain n’était pas le rêve pour les hommes non-plus, et était surtout le rêve pour la société de consommation américaine qui a bien prospéré grâce à lui et aux dépends de tous, pour ensuite feindre le « Ho ! Pas d’chance ! » d'une crise économique histoire de remettre les compteurs à zéro. Il n’empêche, hommes et femmes ont un jour poursuivi ce rêve honnêtement ensemble, croyant qu’il leur apporterait le bonheur.

Simone de Beauvoir décrit en long et en large la position de sujétion des femmes sans jamais parler de ce qu’elles-mêmes pensent de cette position, de ce qu’elles en tirent et de la manière dont elles se perçoivent. Lorsqu’elle constate à regret que même en songe la femme ne peut pas exterminer l’homme, elle ne semble pas concevoir que peut-être, les femmes aimaient les hommes avec tous leurs défauts insupportables et acceptaient leur statut dans la structure sociétale.

Simone de Beauvoir sous-estime la propension qu’ont les gens à accepter de « faire leur part du travail, » « de jouer leur rôle. » Et je n’entends absolument pas ça de manière négative. Les êtres humains ont besoin de se soumettre à une autorité qui les empêche d’être les esclaves de leurs pulsions les plus ingérables. Ils veulent un but commun et des valeurs communes. Notre société est justement dans la position particulière de ne plus avoir d’idéologie valable à offrir pour laquelle les gens pourraient faire des concessions, oublier un peu leur petit moi.

Ainsi, beaucoup de femmes ont accepté leur position de femmes honnêtement et ont peut-être un jour décidé qu’effectivement, c’était trop dur ou trop injuste, mais en attendant, leur acceptation de ce rôle n’était pas nécessairement une soumission stupide, un esclavage, une exploitation.

Simone de Beauvoir se place au-dessus d’elles toutes et prétend que son jugement condescendant est une analyse philosophique. Je ne me souviens absolument plus d’où j’avais lu cela* mais Deuxième Sexe a mis beaucoup de femmes dans une situation de désarroi important (ce qui ne prouve rien en soi bien sûr): soit tu te mettais à haïr les hommes et ta condition, soit tu étais une pauvre idiote esclave du système et heureuse de l’être. De Beauvoir a pris en otage la gente féminine avec son discours dépréciatif. Elle s’est servie de son statut de femme agrégée de philosophie et compagne de Sartre pour les rabaisser toutes.

*Je l’ai peut-être entendu lors d’une conférence de l’auteur d’une biographie de de Beauvoir sortie en 2006, ou alors est-ce dans une interview de Margaret Atwood. Ou était-ce Elizabeth Badinter ? Je ne sais plus.

 

6- La vision de la sexualité.

L’un des autres éléments qui pour moi discrédite fortement tout ce que de Beauvoir aurait pu écrire, c’est la manière dont elle décrit le rapport sexuel homme/femme (page 59/60). Elle explore la manière dont nombre d’espèces animales se reproduisent pour en arriver aux mammifères et donc à l’être humain. Là, de la même manière qu’elle nous a mis en tête que les femmes étaient les esclaves des hommes, qu’elles étaient aussi maltraités que les juifs et qu’il serait normal qu’elles fantasment d’exterminer leurs homologues masculins à la bombe nucléaire, elle ose utiliser le mot « viol » plusieurs fois pour décrire le rapport sexuel NORMAL de deux mammifères. Oh bien sûr, elle a des tonnes de magnifiques arguments, et donne un bon gros tas de détails sur les spermatozoïdes et l’ovule passif qui se fait pénétrer et patati et patata… il n’empêche qu’elle parvient à parler de viol et d’aliénation pour décrire la fécondation d’une femme. C’est inadmissible. Ce livre ne peut pas être encensé, ne peut pas être conseillé et surtout, cette cinglée de Simone de Beauvoir ne peut pas être présentée comme un quelconque modèle à suivre pour les femmes.

C’est absolument incroyable la manière dont tant de choses immondes sont acceptées de la main des femmes alors que les hommes doivent constamment montrer patte blanche.

L’œuvre la plus agressivement machiste que l’on puisse imaginer dirait, au pire, que ça n’est pas grave de violer les femmes parce qu’elles finissent toujours par y prendre du plaisir, ou rêverait d’un harem de belles esclaves sexuelles (bien nourries et bien traités). Un tel fantasme contiendrait toujours : 1- L’attirance pour les femmes. 2- Le désir de leur procurer du plaisir comme signe de virilité 3- L’acceptation du besoin de la présence des femmes dans la société humaine. Tout ce qu’un tel fantasme traduit c’est juste que les hommes aimeraient vivre dans un monde dans lequel ils n’ont pas à craindre de devoir supporter l’humiliation d’être rejetés sexuellement. Ils rêvent juste d’un monde dans lequel ils sont tous le mec le plus populaire. Indirectement, cela indique également la place importante que les femmes prennent pour les hommes quant à leur image de soi ou leur bonheur.

Un tel discours réduirait celui qui le produit au pire monstre abject qui soit… mais Simone de Beauvoir peut résumer le moindre rapport sexuel entre un homme et une femme par le mot « viol » et parler du fait que la vie serait quand même bien cool si on pouvait juste éradiquer les hommes à la bombe nucléaire, et ça fait d’elle un modèle à admirer et à suivre pour toutes les femmes et la resplendissante philosophe du siècle.

Il faudrait peut-être se réveiller.

Imaginez une seule seconde l’impact absolument catastrophique que de telles idées peuvent avoir sur une jeune femme qui les prend au sérieux ! Que vaut un livre de philo-socio qu’il ne faut pas prendre au sérieux ? Que vaut un classique dont on ne peut pas prendre une seule page au sérieux ? A chaque page de Deuxième Sexe, il faut filtrer la haine, il faut tenter de retrouver la vérité déformée par de Beauvoir pour rendre le rôle masculin plus odieux et plus séduisant et le rôle féminin plus misérable et plus méprisable.

L’impact de Deuxième Sexe sur une jeune femme c’est de lui faire croire que toute la gente masculine se moque effrontément d’elle, que tous les compliments, tous les services, tous le soutien ne sont que les apparences trompeuses d’une domination cynique entièrement consciente. Elle prive les hommes de leur bonté, de leur bienveillance et de leur amour… et de leur tendresse, de leur honnêteté, de leur fragilité, de leur douceur et de leur souffrance. Bref, elle en rajoute une couche dans leur oppression qui est déjà monumentale (les féministes qui se croient tellement rebelles anti-patriarchie sont très souvent les idiotes utiles de la société qu'elles dénoncent).

Mais elle s’en fout, puisque la douceur, les sentiments, la tendresse, elle connait pas. C’est pas elle qui va ouvrir les yeux du monde sur le fait que les hommes sont traités comme des chiens. Ce n’est pas non plus elle qui va valoriser les qualités associées traditionnellement à la féminité, comme la douceur, la compréhension, l’acception des dynamiques sentimentales et affectives etc… non, ce que veut de Beauvoir c’est vaincre et détruire les hommes pour montrer qu’elle en est un au même titre qu’eux.

Comment justifier l’existence d’un livre qui détourne l’histoire des femmes pour les faire détester leurs hommes ? Ou se sentir idiotes si elles les aiment malgré tout ?

Pour moi, cela crève les yeux à chaque page que de Beauvoir était une lesbienne haineuse. Sinon comment expliquer pareille sottise :

Page 59 : « Fût-elle provocante, consentante, c’est lui de toute façon qui la prend : elle est prise. Le mot a souvent un sens très précis, soit parce qu’il possède des organes adaptés soit parce qu’il est le plus fort, le mâle la saisit, l’immobilise ; c’est lui qui effectue activement les mouvements du coït ; chez beaucoup d’insectes, chez les oiseaux et chez les mammifères, il la pénètre. Par-là, elle apparaît comme une intériorité violée. La domination du mâle s’exprime par la posture du coït : chez presque tous les animaux le mâle est sur la femelle. Et sans doute l’organe dont il se sert est matériel lui aussi, mais il se découvre sous son aspect animé : c’est un outil ; tandis que dans cette opération l’organe femelle n’est qu’un réceptacle inerte. Le mâle y dépose sa semence : la femelle la reçoit. Ainsi, bien que jouant dans la procréation un rôle fondamentalement actif, elle subit le coït qui l’aliène à elle-même par la pénétration et la fécondation interne ; bien qu’elle éprouve le besoin sexuel comme un besoin individuel, puisqu’en rut il lui arrive de rechercher le mâle, l’aventure sexuelle est cependant vécue par elle dans l’immédiat comme une histoire intérieure et non comme une relation au monde et à autrui. […] d’abord violée, la femelle est ensuite aliénée. »

Deuxième Sexe: Simone de Beauvoir était une imbécile irresponsable et hypocrite.

Et quand je dis « lesbienne haineuse » je veux simplement dire misandre. De Beauvoir reporte la haine qu’elle a pour son père sur la gente masculine, ainsi que le désir irrépressible qu’elle a de lui plaire. Et l’on obtient ce bouillon de culture intellectuel qui est célébré comme un grand pas pour la cause des femmes… qui n’aiment pas le sexe, qui n’aiment pas être prise par un homme, qui n’aiment pas se sentir des femmes. Quelle femme veut être une telle femme si ce n’est une femme qui se hait ?

Une femme autonome, une femme indépendante, une femme saine d’esprit ne peut pas se reconnaître dans Deuxième Sexe. Ce livre est l’antithèse de l’autonomie et de Beauvoir l’antithèse du courage ou de l’émancipation. Cette philosophe grandiose était au contraire une femme asservie, à genoux, dans le sens où elle n’a jamais été capable de suivre ses désirs les plus légitimes alors qu’elle en avait parfaitement les moyens matériels. Il suffit d’oser regarder en face les extrêmes de misère dans lesquels sa sujétion à Sartre l’a amenée (Je mets sa lettre d’amour à Nelson Algreen à la fin de cet article) pour bien comprendre que cette femme n’avait aucune indépendance vis-à-vis de la figure patriarcale qu’elle dénonce si ardemment en bombant le torse. Elle aurait pu être Simone de Beauvoir, elle est restée Simone de Beauvoir la compagne de Sartre. Ils ont une tombe COMMUNE, alors même qu’elle a désirée de toute son âme lui échapper et en avait les moyens. Simone de Beauvoir est tout sauf un modèle de courage et d’indépendance.

Y a-t-il besoin de lire le livre dans son intégralité pour le disqualifier ? Ce livre sur la condition féminine construit sur la haine des hommes et qui se moque bien des conséquences désastreuses qu’il aura sur les relations entre hommes et femmes… ne sont-ce pas là des défauts impardonnables quand on aborde un tel sujet ? Si.

D’ailleurs, ce livre en soi ne pouvait-il pas n’être qu’une œuvre de haine ? Dans le film Battle of the Sexes on voit une championne de tennis battre un joueur masculin qui a pris sa retraite et l’a défiée pour un match. Bizarrement, une championne hétérosexuelle s’est faite laminer par celui-ci et c’est la lesbienne qui emportera la victoire. Pourquoi ? Parce que la joueuse hétérosexuelle ne veut pas semer le chaos dans les relations hommes/femmes. Elle sait que les femmes sont, d’une manière générale, moins fortes en tennis que les hommes et ne veut pas que ce match se transforme en bataille entre les sexes justement. Peut-être même ne veut-elle pas risquer de perdre sa féminité en battant un homme. Les femmes hétéros se moquent bien de vaincre les hommes hétéros, elles sont très contentes d’être en compétition entre elles, celle qui va oser écraser le joueur qu’elles pouvaient toutes les deux battre, c’est la lesbienne qui se moque bien des conséquences de son « accomplissement » au niveau des relations hommes/femmes.

C’est la même chose pour Deuxième Sexe. Il faut se demander à chaque page du livre ce qui peut avoir motivé Simone de Beauvoir à continuer cette œuvre alors que chaque nouvel argument développé l’est de manière à donner une raison de plus à la gente féminine de déclarer la guerre aux hommes, alors que chaque nouvel argument développé interdit plus encore aux femmes d’aimer les hommes, de leur donner des circonstances atténuantes, alors que chaque nouvel argument développé humilie plus encore le plaisir que les femmes peuvent avoir à aimer se sentir désirées, à aimer se sentir prise, à aimer tomber enceinte et donner la vie, à aimer leur position, à suffisamment aimer leur vie pour ne pas rêver de révolution et de génocide, alors que chaque argument développé traite un peu plus les femmes d’écervelées soumises, de pauvres petites victimes fragiles et impuissantes qui ne sont même pas fichues de tirer un minimum leur épingle du jeu alors qu’elles représentent 50% de la population.

Comment défendre un livre qui affiche si clairement sa soif de destruction, sa jalousie maladive contradictoire et son mépris intense pour la gente féminine ?

Bien sûr que les femmes tirent parfaitement leur épingle du jeu.

7-On ne nait pas femme on le devient.

L’une des choses qui m’agacent énormément dans la perception que Simone a des rôles sexuels c’est la manière dont elle croit que les hommes profitent des femmes et les exploitent sans scrupule et en toute indifférence alors que les hommes les plus machos sont des enfants naïfs qui n’attendent que leur « âme sœur » pour se mettre en quatre pour elle.

Oui, ils sont puérils, oui ils sont immatures et ridicules, mais ils ne sont pas malhonnêtes, ils ne sont pas égoïstes.

La manière dont Simone de Beauvoir accuse les hommes d’hypocrisie en quelque sorte est tout-à-fait odieuse, car c’est justement le cœur des relations entre les hommes et les femmes. Chaque sexe est prêt à faire des pieds et des mains pour se rendre acceptable à l’autre, ils font tous honnêtement d’immenses efforts et concessions et espèrent en récompense obtenir de l’amour et de la reconnaissance. Et de Beauvoir arrive avec sa belle condescendance pour dire « Vous savez quoi ? Et ben vous êtes bien connes mes belles. Vous voyez pas que les hommes se foutent de vous ? Qu’ils possèdent tout et que vous n’avez rien ? Qu’ils jouissent de toutes les libertés et que vous êtes leurs esclaves ? Tsss… pathétique. »

Et ça a marché.

Pourtant ça n’était pas gagné avec une bêtise aussi grande que son « On ne nait pas femme on le devient. »

Déjà, désolé Simone, on nait femme.

Ensuite, oui, le rôle féminin se construit culturellement et il n’est pas nécessairement subtil.

Mais de la même manière, « on ne nait pas homme on le devient » dans ce cas. Ça tu as oublié de le dire. Ah oui, j’oubliais, parce que les hommes sont l’absolu, le Sujet et la femme l’Autre. Et donc les hommes sont réellement eux-mêmes et seules les femmes doivent jouer un rôle. Tsss… Pauvre tâche débile. Écrire une pareille idiotie à une époque où on interdisait aux petits garçons de pleurer, d’exprimer leur douleur. Sous ses yeux de philosophe agrégée elle pouvait bien voir la brutalité avec laquelle on élevait les petits mâles afin d’en faire ces automates insensibles à l’intériorité déchiquetée. Simone de Beauvoir aurait pu écrire le livre qui dénonçait les rôles sexuels et rapprochait les sexes, mais non, son « intelligence » (avec d’énormes guillemets) elle l’a utilisée pour convaincre les femmes que les hommes étaient leurs ennemis et que la féminité, le besoin de se sentir femme était une arme du patriarcat.

 

8- Soixante-dix ans plus tard.

Et là, ça devient très intéressant et un peu difficile à expliquer.

La conséquence d’une idéologie comme celle de Deuxième Sexe c’est la création d’une forme de schizophrénie paranoïaque dans la gente féminine.

C’est-à-dire que si « On ne nait pas femme, on le devient », si la féminité est une arme culturelle de soumission des individus de sexe féminin, alors à chaque fois qu’un homme approche une femme en intégrant un aspect sexuel à son comportement, alors ce comportement représente une agression, une tentative de soumettre.

Les femmes adorent les vannes de cul (assumées et dites d’égal à égal). Les femmes adorent qu’on leur parle de leurs seins, de leurs fesses, de leurs yeux, de leurs cheveux. Le problème, c’est qu’elles ont maintenant le sentiment que toute interaction qui intègre indéniablement un aspect sexuel est ressentie comme une potentielle agression, par défaut, quelque chose qui les objectifie car, merci Simone, être une femme c’est « ne pas être un Sujet. » Ce « potentiel » est catastrophique.

Prenons par exemple, le sujet extrêmement casse-gueule du viol. La manière dont le viol est perçu dans notre culture est absolument aberrant et sexiste. Je ne sais plus dans quelle article je l’avais constaté mais notre culture conçoit les hommes comme si le viol leur était agréable par défaut. En gros, les hommes sont des animaux. L’idée que forcer un homme à violer une femme puisse le traumatiser à vie est… n’existe pas. Les hommes ne rêvent que d’un monde où ils peuvent violer impunément. D’ailleurs si vous voulez voir ce genre de problématique explorée, le film I Spit on your Grave (2010) est intéressant. Ne soyez pas dupes de la structure rape&revenge qui n’est qu’une façade pour rendre le tout politiquement corre… acceptable.

Nous avançons lentement mais sûrement vers une culture dans laquelle la moindre expression d’attirance de la part d’un homme est perçue comme une agression, comme du harcèlement, comme un viol. Cette aberration est présente dans le spermatozoïde qui viole l’ovule de Simone de Beauvoir. Oui, on peut agressivement réduire une femme à sa dimension sexuelle, et ce type d’agression existe mais on peut également RAPPELER les femmes qui se prennent pour des anges immaculées à leur dimension corporelle. Il y a agression mais il y a aussi appel à l’humilité. Et il y a encore et toujours, expression simple et respectueuse d’une attirance.

Parce que les rapports entre les sexes sont complexes, la seule solution est que les femmes sachent s’exprimer et certainement pas qu’elles puissent envoyer les hommes en prison en un claquement de doigt. Parce que là, les agressions vont sacrément augmenter et je ne suis pas sûr que ça me posera problème.

En parallèle de cette intolérance monumentale vis-à-vis de la libido masculine, on voit paradoxalement les femmes exposer de plus en plus la leur sans la moindre pudeur et cela de manière très mielleuse. Si cette équation était honnête, si réellement le désir des hommes était ressenti comme une agression, on ne verrait pas des jupes qui dévoilent la moitié des fesses, des décolletés qui descendent jusqu’au nombril, des strings en veux-tu en voilà et une pléthore d’accessoires tous désespérément tournés vers l’idée d’une libido libre, assumée et revendiquée.

Ce qu’il y a derrière cette nouvelle manière de percevoir les interactions, c’est le désir de contrôler intégralement la libido masculine. L’opposition factice entre femme et Sujet, entre corps et esprit, entre mépris libidinal et respect asexué (comme si il y avait un respect quelconque à ne pas regarder une femme comme sexuée) crée cette situation où les femmes veulent contrôler intégralement la libido masculine. « Tu bandes quand je le veux, tu me perçois comme un être purement spirituel le reste du temps. » Les hommes payent pour la manière dont les femmes se rejettent et se font émasculer à tour de bras.

Il y a une certaine hypocrisie dans les films actuels où l’on trouve des femmes dans les rôles réservés traditionnellement aux hommes. Thor 3, Deadpool, Atomic Blonde, The Force Awakens etc… je n’ai rien contre les femmes qui se battent mais il y a derrière cette mouvance un désir de priver les hommes des signes de leur masculinité. Les femmes ne veulent pas se battre, elles ne veulent pas être des soldats, elles ne veulent pas de la violence quotidienne à laquelle les hommes sont exposés toute leur vie (contre leur gré également). Ce qu’elles veulent, c’est pouvoir se considérer « l’égale de l’homme, » ne laisser aucun espace à la masculinité pour se différencier de la féminité. Ce qu’elles veulent c’est l’émasculation: la disparition de tout signe culturel permettant aux hommes de se différencier des femmes. De Beauvoir pourrait enfin dire à son papa: "Regarde, en moi tu as eu un petit garçon ! Plus rien ne me différencie d'un homme culturellement parlant et j'ai prouvé que la féminité est entièrement culturelle."

Et elles y parviennent, assez incroyablement, un nouveau type de mâle fait son apparition : le petit larbin sans caractère qui obéit à sa reine et se laisse traiter comme un inférieur, reflet de la manière dont les femmes pensent que les hommes les percevaient.

Mais ce qu’il y a réellement derrière tout ça, et c’est ce que je trouve absolument fascinant, c’est que ce désir d’être l’égale de l’homme est motivé par un désir d’être considérée comme une femme. Beaucoup de filles féministes le sont pour se sentir « spéciales » pour crier leur rébellion, leur émancipation, pour dire « on se laisse pas faire. » Ce positionnement idéologique morbide est en son cœur esthétique. Ces femmes veulent se valoriser pour qu’un homme (parfait) vienne leur dire « Wahou ! Tu me défies comme le ferait un rival au lieu de te pâmer comme une idiote ! Tu me plais ! »

L’équivalence des rôles sexuels que contient une déclaration telle que « On ne nait pas femme on le devient, » met les femmes qui ne s’assument pas en tant que telles en compétition avec les hommes… pour les hommes. Et en même temps, se développe une sorte d’überféminité ostentatoire qui se voudrait irrésistible, car les femmes sont incapables d’abandonner les signes mythologiques de la féminité, simplement parce que dans le fond, il y a toujours une petite princesse qui veut qu’on lui dise qu’elle est belle (éligible sexuellement) et qu’elle peut appeler les oiseaux d’un sifflement (Liée à la nature de par son rôle primordial et profond de porter les enfants).

Ainsi, les femmes se retrouvent à prouver qu’elles peuvent être l’égale de l’homme uniquement pour immédiatement après retourner à toute vitesse dans la féminité, mais dans une féminité revalorisée, non plus soumise mais revendiquée. Le problème c’est que lorsqu’elles effectuent ce retour, il n’y a plus face à elles que des hommes émasculés. En gros, les femmes veulent prétendre que leur désir de se sentir femme est indépendant de l'influence des hommes... parce que les hommes sont sales, sont laids et sont néfastes. Elles oublient que le rôle féminin existe essentiellement pour signifier qu'elles sont prêtes à accueillir un partenaire masculin et qu'il est donc plus que logique que ce rôle soit influencé par les hommes. 

J’ai parlé plusieurs fois dans cet article de la manière dont les hommes ont longtemps été privés du droit de pleurer et humiliés s’ils le faisaient (sauf dans certaines circonstances bien précises).

Quelle option reste-t-il à un individu qui ne peut plus exprimer sa souffrance ? Il l’encaisse en silence ou la transforme en agressivité.

Crown of Misery du groupe Bleed from Within vient d’être rendu disponible comme extrait de leur prochain album Era. Au milieu de cette chanson démesurément agressive, parmi des invectives masculines clichées, on entend la belle phrase « I will not rest until you feel what I feel. » « Je n’aurai de repos tant que tu ne ressentiras pas ce que je ressens. »

La couronne de la misère, un titre qui décrit parfaitement la condition masculine dans une société patriarcale. Ce barrage de son, cette violence mise en musique, c’est l’intériorité masculine. La douleur et la volonté illusoire de la surmonter. On se moque de tous ces losers qui veulent se croire des durs, et personne ne voit que c’est l’inverse, ce sont des gentils humains normaux dévastés qui tentent de trouver la force de vivre. D’ailleurs, ce genre musical s’appelle du Deathcore = au cœur de la mort.

Nous vivons dans une culture dans laquelle un pourcentage important de la gente masculine n’est constituée que de boules de douleur incapables de la verbaliser, qui en plus servent de punching-ball au sexe opposé absolument aveugle à cette souffrance.

Bleed from within (Saigner de l’intérieur) est l’aveu d’une intériorité en souffrance, et ce rouleau compresseur sonore qui broierait des planètes de son poids est l’affirmation de virilité nécessaire pour contrebalancer l’aveu infime d’une douleur émotionnelle. Les hommes sont absolument terrorisés de dire « j’ai mal » « je suis malheureux » « je suis triste » « ce que tu me dis me blesse » « s’il te plait soit gentille » « s’il vous plait épargnez moi » parce que la réponse qu’ils recevront dans 90% des cas c’est la moquerie ou une simple incompréhension.

Alors voilà Bleed from Within qui tente de viriliser le désir simple d’un homme que l’on comprenne sa douleur : « Je n’aurai de repos que quand tu comprendras ce que je ressens. » Un appel désespéré à l’empathie transformé en quête de revanche de mâle solitaire inarrêtable. On voit l’attitude initiatrice, de défi, de conquête, d’agressivité, de je mets mes couilles sur la table, tout ça pour que le petit garçon traumatisé qu’il y a en chaque homme de la société capitaliste patriarcale puisse dire « J’ai bobo. »

 

Conclusion

Il serait temps de mettre Simone de Beauvoir à la poubelle. Si Deuxième Sexe était considéré comme un ouvrage intéressant mais sexiste et maladroit, il ne me poserait aucun problème, si les jeunes femmes qui s’interrogent sur leur place dans la société étaient dirigées vers d’autres œuvres bien plus respectueuses des deux sexes et bien moins morbides (Comme La Domination Masculine de Pierre Bourdieu), ce livre ne me poserait aucun problème, mais aux vues de la tournure qu’ont pris les rapports entre hommes et femmes, je pense qu’il serait temps que des autorités universitaires féminines* le crient haut et fort (plutôt qu'elles ne le chuchottent) : Deuxième Sexe est un livre fallacieux et nocif et Simone de Beauvoir était une lâche hypocrite.

*Féminine parce que les hommes n’ont plus le droit de s’exprimer sur tout ce qui concerne le monde féminin. Un homme ne peut pas enquêter sur un viol parce qu’il sera évidemment du côté du violeur. Un homme ne peut pas parler de féminisme ou de la place des femmes dans la société parce que forcément, il fera partie de la conspiration. Alors un homme qui ose dire que Deuxième Sexe c'est mauvais... 

Un essai critique sur Deuxième Sexe qui souligne agréablement la manière capricieuse dont De Beauvoir argumente et qui fait qu'au final, on se demande bien ce qu'elle cherchait à dire avec son livre.

Un autre essai sur le sujet.

Une autre critique du livre "Simone de Beauvoir et les Femmes" qui la qualifie d'idiote utile du capitale à juste raison.

 

Beauvoir et Algren

Beauvoir et Algren

La lettre qui vous montre ce qui arrive à une folle qui renonce à ses désirs d’être femme :

* Nelson, mon cher amour. J'ai reçu une douce lettre, sereine et aimante. "Vous avez l'air heureuse, aujourd'hui !" m'ont dit plusieurs personnes. Oui. Il est minuit et je ne suis pas en miettes, j'ai à peine bu un petit gin dans du jus de pamplemousse (scotch introuvable) et je viens vous embrasser avant de dormir. [...]

Genet m'a félicitée de ma vêture et de mon allure, de mon dernier livre et finalement m'a tapée. Il a un nouveau jeune amant, entreprend une nouvelle pièce, mais continue à être exactement semblable à lui-même, comme la plupart des gens. J'ai fait mes adieux à l'amie russe qui part se reposer à la campagne ; nouvelle petite tragédie pour changer ; elle devrait rejouer Les Mouches dans deux mois, et déjà s'en tourne les sangs. [...]

J'ai dîné avec son mari, Bost, le jeune auteur du Dernier des métiers. Sur une avenue de Montmartre s'étendait une vaste fête foraine ; par ce morne soir gris les scenic railways, les trains magiques, les loteries, les bateleurs exhalaient un désenchantement qui m'a profondément touchée. C'est Bost, le jeune homme avec qui je couchais depuis de nombreuses années avant de vous connaître, mais j'ai cessé l'année dernière à mon retour de New York pour la raison que vous savez. Cette histoire n'avait plus la même importance qu'autrefois, et donc y mettre un terme non plus, c'est pourquoi je ne vous en ai pas soufflé mot. Nous sommes restés intimes et comme il n'est pas très heureux en ce moment dans ses affaires d'amour, car être marié à une femme telle que la sienne constitue un sérieux obstacle aux affaires d'amour, une certaine mélancolie teintait notre soirée. Et puis, lorsque j'ai arrêté les choses entre nous, ça ne l'a pas fâché, certes, il savait que je ne l'aimais plus d'amour, cependant ça ne lui a pas été agréable et un certain malaise persiste. Si je vous raconte ça, c'est que vous m'avez demandé de vous dire ce qui se passe dans ma tête insensée et que je veux que vous en sachiez le plus possible sur moi.

Pour vous, je pourrais renoncer à beaucoup plus qu'à un ravissant jeune homme, vous savez, je pourrais renoncer à la plupart des choses ; en revanche je ne serais pas la Simone qui vous plaît, si je pouvais renoncer à ma vie avec Sartre, je serais une sale créature, une traîtresse, une égoïste. Cela, je veux que vous le sachiez, quoi que vous décidiez dans l'avenir : ce n'est pas par manque d'amour que je ne peux rester vivre avec vous. Et même je suis sûre que vous quitter est plus dur pour moi que pour vous, que vous me manquez de façon plus douloureuse que je ne vous manque ; je ne pourrais vous aimer davantage, vous désirer davantage, vous ne pourriez me manquer davantage. Peut-être le savez-vous. Mais ce que vous devez savoir aussi, tout prétentieux que ça puisse paraître de ma part, c'est à quel point Sartre a besoin de moi.

Extérieurement il est très isolé, intérieurement très tourmenté, très troublé, et je suis sa seule véritable amie, la seule qui le comprenne vraiment, l'aide vraiment, travaille avec lui, lui apporte paix et équilibre. Depuis presque vingt ans il a tout fait pour moi, il m'a aidée à vivre, à me trouver moi-même, il a sacrifié dans mon intérêt des tas de choses. A présent, depuis quatre, cinq ans, est venu le moment où je suis en mesure de lui rendre la réciproque de ce qu'il a fait pour moi, où à mon tour je peux l'aider, lui qui m'a tellement aidée. Jamais je ne pourrais l'abandonner. Le quitter pendant des périodes plus ou moins longues, oui, mais pas engager ma vie entière avec quelqu'un d'autre. Je déteste reparler de ça. Je sais que je suis en danger - en danger de vous perdre - et je sais ce que vous perdre représenterait pour moi.

Vous devez comprendre, Nelson, je dois être sûre que vous comprenez bien la vérité : je serais heureuse de passer jours et nuits avec vous jusqu'à ma mort, à Chicago, à Paris ou à Chichicastenango, il est impossible de ressentir plus d'amour que je n'en ressens pour vous, amour du corps, du cœur et de l'âme. Mais je préférerais mourir plutôt que de causer un mal profond, un tort irréparable à quelqu'un qui a tout fait pour mon bonheur. Croyez-moi, mourir me révolterait, or vous perdre, l'idée de vous perdre, me paraît aussi intolérable que celle de mourir. Peut-être pensez-vous que voilà bien des histoires, mais pour moi ma vie est essentielle, notre amour est essentiel, ça vaut la peine d'en faire une histoire. Et puisque vous me demandez ce que je pense, et que je me sens en grande confiance avec vous, je vous dis tout ce dont mon cœur est plein. Maintenant, au lit, non sans vous embrasser - un amoureux, amoureux baiser.

Source texte : Simone de Beauvoir, Lettres à Nelson Algren, Gallimard, 1997.

La féministe ultime qui attend que son amant vienne la sauver, n'est-ce pas l'ultime aveux de l'absurdité de la position de De Beauvoir ? La princesse séquestrée par son papa roi veuf (Sartre qui a pris le rôle de son père) dans la tour d'ivoire du chateau et qui attend que son prince charmant l'enlève et l'emmène avec lui. Tout cela écrit avec des beaux mots d'amour bien tradiontionnellement féminins.