Uncharted 2 : Une belle tragédie bien horrible. P3 (3300 mots)
-13- La Mort se rapproche
Chloé évidemment, s’oppose à cette initiative, parce qu’elle est là pour être seule avec Nathan et également parce que sa vie est déjà suffisamment en danger comme ça (Son comportement lui vaudrait clairement d’être sur la liste noire de Lazarevic), sans en plus se trainer deux journalistes.
Mais plus métaphoriquement, parce que Nathan est en train de tenter de la réformer alors qu’elle n’en a pas besoin. Plutôt que de regarder en face le fait que Chloé est une personne sensible et honnête et donc par extension, qu’elle ne l’a jamais trahi, Nathan veut lui enlever tout le mérite de ce qu’elle est en faisant comme si c’était le fait de côtoyer Elena qui allait la rendre plus noble. Le cauchemar.
C’est pour cette raison que la mort se rapproche de Chloé. La mort, au sens métaphorique, c’est la destruction du « Soi » ou de la personnalité profonde. En suggérant à Chloé : « Sois comme Elena et je voudrai bien de toi » Nathan demande à la Brune de s’autodétruire. Car non seulement il veut donc qu’elle se change en une autre personne, mais en plus Elena n’arrive pas à la cheville de l’orteil de Chloé. C’est une humiliation violente venant de l’homme qu’elle aime.
La mort fait donc un pas vers Chloé lorsque Nathan force la venue de Jeff et Elena, puis un autre lorsqu’il insiste pour sauver Jeff alors que Chloé s’y oppose. Pendant leur fuite, un colosse se jette sur la brune et l’étrangle, Nathan la sauve de justesse.
Après cet épisode, elle change très logiquement de camp. Elle a fait tout ce qu’elle a pu et Nathan a tout bousillé.
-14- Le temple
Ce chapitre est la dernière étape de l’échec de l’initiative de Chloé. Le temple, c’est le lieu du sacré. Le sacré c’est les sentiments, l’intime. Chloé et Nathan se retrouvent entre eux dans une bulle, le monde extérieur est mis de côté (et donc les questionnements moraux également).
De la même manière que Flynn a eu sa chance à Istanbul, Chloé a enfin la sienne. Ce moment qu’elle passe avec Nathan c’est sa déclaration d’amour ; c’est le constat qu’ils s’entendent, qu’ils se complètent, qu’ils sont bien ensemble. A Bornéo, Nathan s’était caché derrière Sully de peur de retomber sous le charme de la brune alors qu’elle ne cherche qu’à le manipuler.
Ici, Chloé obtient ce qu’elle poursuit depuis le début. Ce moment dans le temple, c’est la raison pour laquelle elle est réapparue dans la vie Nathan, c’est le point de départ de l’histoire, la question qu’elle veut lui poser depuis qu’il l’a quittée : « On n’est pas bien ensemble ? »
Hélas, Nathan entre dans l’endroit avec une perception totalement faussée. Il constate le côté romantique du lieu et Chloé lui demande « où est mon bouquet de rose alors ? » ce à quoi il répond « Arrête, t’as jamais été bouquet. » Le « oh, tu me connais si bien » que Chloé lui renvoie est ironique (encore une fois bien plus clair en vo), elle serait parfaitement heureuse de recevoir un bouquet de rose de Nathan. Il pense qu’elle méprise les sentiments.
L’exploration du temple résume la situation. La première statue gigantesque (à six bras) représente Chloé. Je ne saurais pas expliquer chacun des artefacts qu’elle transporte cependant. Il y a le Phurba qui est la virilité dont elle prive ou gratifie ses partenaires, idem pour la paire de testicules/crânes. Aïe. Son caractère fort émascule les hommes. Les deux mains qui portent la terre réfèrent à son utérus, Nathan l’aime avant tout parce que c’est une femme évidemment. Le trident et le « sceptre » par contre je ne sais pas. Cela pourrait pointer au fait qu’elle manipule autant le bien que le mal ? Son amoralité qui fait si peur à Nathan. Enfin, l’eau devant la statue est son perpétuel enthousiasme sexuel vis-à-vis de Nathan qui lui pose également problème parce qu’il aimerait que les choses aillent plus lentement. Elle va bien, elle l’aime, elle n’a pas de barrière, tout est simple pour elle, les choses ne sont pas si évidentes pour lui.
C’est pour cette raison que l’énigme aboutit à ce que le bassin se vide. Nathan demande à Chloé de mettre sa libido sur pause.
Je n’ai pas d’explication pour le piège qui se referme sur eux quelques minutes plus tard et qui, une fois encore, rapproche Chloé de la mort (Elle constate « J’ai cru que j’allais y passer »).
Edit 2020: La peur de Chloé peut venir du fait que les femmes sont excessivement rassurées par l'idée que les hommes sont attirés par elles. Quoiqu'en disent les faux-féministes, se sentir attirantes donnent aux femmes un sentiment de contrôle, d'avatange, d'avoir le dessus, de pouvoir obtenir une seconde chance ou le bénéfice du doute. Et surtout, cela les rassure existentiellement. Lorsqu'un homme montre qu'il prend une question tellement au sérieux que même l'attirance sexuelle ne peut l'en distraire, c'est la panique en face. #Balancetonporc mais #Pitiéresteztousdesporcssinonçafaittroppeur.
La salle suivante contient une statue gigantesque allongée sur le dos qui représente Nathan.
L’énigme consiste à construire un poignard tout aussi gigantesque et à le lui enfoncer dans le cœur. Ici, c’est la douleur du jeune homme qui est représentée, et le passage qui s’ouvre mène au cœur de celle-ci puisqu’il passe par la bouche qui s’ouvre pour laisser échapper le hurlement de celui qui se fait poignarder.
Chloé et Nathan entrent donc au centre de notre héros traumatisé, il accepte enfin de s’exposer sans la culpabiliser. La montagne gelée et craquelée c’est son « Soi » qui a grandi sans amour et Shambala c’est la lueur d’espoir que lui apporte Chloé. Au passage, ils parviennent enfin à faire l’amour convenablement. Nathan enfonce le Phurba dans une pierre sphérique et nos deux aventuriers s’exclament avec satisfaction « On l’a fait ! »
D’un point de vue littéral il est d’ailleurs surprenant qu’ils s’enthousiasment autant alors qu’ils viennent seulement de trouver un énième lieu qui se trouve à l’autre bout de la terre. Ils pourraient rencontrer des obstacles insurmontables avant de trouver la pierre, voire découvrir qu’elle n’y est pas. Le « On l’a fait » concerne le statut de leur relation.
Nathan croisent le regard langoureux de Chloé, il crache le capuchon de stylo qu’il a dans la bouche et elle se laisse basculer en arrière (Nathan parvient enfin à être initiateur) en attendant le beau baiser romantique qu’ils ont bien mérités et qui scellera leur relation… et ils sont interrompus.
-15- La Rivalité avec la mère
Pour garder un pied dans le littéral, j’ai jusqu’ici considéré que le point de départ du problème entre Chloé et Nathan était le malentendu sur la trahison à Istanbul. Mais cette trahison est en fait métaphorique et était inévitable. La coïncidence malheureuse n’a rien d’une coïncidence.
Nathan est amoureux de sa mère morte (Lorsqu’il avait cinq ans). Il est bloqué dans son syndrome d’œdipe. Aucune femme ne peut rivaliser avec elle et surtout, toute femme qui voudrait s’y frotter va forcément apparaître comme une pute immorale égoïste obscène à côté de la figure maternelle immaculée.
Plus encore, l’amour maternel qui se veut absolu et infaillible voire transcendant fait paraître tout autre amour comme terriblement conditionnel, fragile, terrestre et contingent. Ainsi, le fait que Chloé ait un « Je » fait d’elle une traitresse en puissance aux yeux de Nathan. Si elle l’aime pour certaines raisons, elle peut également ne plus l’aimer pour d’autres, ou en aimer un autre. Nécessairement, à la seconde où elle lui dira qu’elle l’aime (je t'aime = sortir Nathan de sa prison Turque psychologique/monde dénué d'amour), il trouvera une raison d’en douter et se mettra à paniquer.
C’est le réel point de départ de cette histoire. La rivalité entre une femme réelle, de chair et de sang, et une mère plus proche de la déité qu’autre chose. Cette mère s’incruste dans l’histoire sous les traits d’Elena. La pureté, la virginité, le dévouement etc… toutes les qualités que Drake voit en la journaliste (et mon Dieu que son imagination est forte) sont celles d’une mère idéalisée.
Il y a un détail intéressant avec le personnage de Jeff, le caméraman qui veut mourir, c’est que s’il entre immédiatement en rivalité avec Nathan pour Elena, Nathan lui n’est pas jaloux. Quand Elena résume les raisons pour lesquelles notre voleur se trouve dans la ville, avec la condescendance d’une mère qui veut dévaloriser son fiston pour le garder sous son contrôle, Jeff rabaisse Nathan qui ne réagit absolument pas comme un rival :
Elena : Tu affrontes un criminel de guerre psychopathe pour mettre la main sur une pierre précieuse mythique.
Jeff : Quand tu dis ça comme ça, ça parait complètement stupide.
Nathan : Merci de ton soutien Jeff.
Cette réponse de Nathan présuppose que Jeff aurait pu le soutenir et suggère donc que Nathan ne comprend pas que le caméraman sautera sur n’importe qu’elle occasion de le descendre puisqu’il est l’ex d’Elena et qu’elle en pince toujours pour lui. Si Nathan était jaloux, il avait une réponse toute prête : « Et toi qu’est-ce que tu fais ici ? Tu es là pour une meilleure raison que moi peut-être ? » Puisqu’à l’évidence, Jeff est là parce qu’Elena lui plait et qu’il est en train de risquer sa vie très stupidement. Les femmes fatales ne sont pas nécessairement brunes. Lorsqu’il entre dans le temple, Nathan demande à Chloé si elle pense que Jeff et Elena sont ensembles. Chloé est évidemment exaspérée par cette question.
Certain de la confiance que Chloé a en elle, ou de l'évidence de ses sentiments, Nathan va enchaîner les erreurs qui vont convaincre la fille qu'il aime, qu'il en aime une autre.
Pourtant, ce qu’elle ne comprend pas, c’est que Nathan espère que Jeff et Elena sont ensembles. Il a réellement quitté la journaliste (Elena le dit plusieurs fois) et se moque bien d’être avec elle. L’idée qu’elle se soit trouvé un autre mec le soulage. La présence de Jeff l’aide même certainement à dépasser son problème œdipien, si maman a quelqu’un, alors je peux également me tourner dans une autre direction.
-16- L’Effondrement.
Au moment d’embrasser Chloé donc, Nathan est prêt à la prendre telle qu’elle est. Je ne saurais dire si à ce niveau l’on peut considérer que le malentendu d’Istanbul est clarifié ou s’il est dépassé. Lorsque Chloé aperçoit la statue à six bras qui tient un globe en place d’utérus, elle s’exclame « on dirait la pierre de Cintamani. » Chloé qui indique son utérus comme étant l’objectif de leur quête. Logiquement, cette remarque détruit enfin le malentendu d’origine puisque Chloé admettrait que l’objectif de l’aventure a toujours été de pousser Nathan vers elle, impossible qu’elle l’ait trahie.
Il me semble d’ailleurs qu’après ce chapitre, Nathan ne s’imagine plus que Chloé soit intéressée par la pierre, qu’elle passe d’un camp à un autre en fonction de qui est le plus près du but. Au point qu’il assassine une armée à lui tout seul pour venir la sauver, certain qu’elle est maintenant retenue prisonnière par Lazarevic (niveau du train) plutôt que sa complice alors que c’est effectivement lui qui a l’avantage (Il a le Phurba).
Mais donc, au moment d’embrasser Chloé, Nathan ne veut plus lui faire payer quoi que ce soit ; Il n’a plus de rancœur, il a confiance en elle, tout va bien entre eux au niveau intime. Il accepte et assume l’alchimie qu’il y a entre eux.
Lazarevic pourrait à ce moment disparaître (Puisque Nathan trouve un équilibre). Chloé et Nathan pourraient mettre fin à leur poursuite de la pierre de Cintamani puisqu’ils estiment l’avoir trouvée et le tyran psychopathe ne la trouverait jamais puisque Nathan a le Purbha.
Le problème, c’est qu’une fois qu’il accepte son amour pour Chloé, il accepte son amour pour quelque chose d’immoral qui l’écarte de l’amour maternel, et c’est d’un seul coup lui qui se prend en pleine tronche l’immoralité de ses propres comportements. Il vient de croquer le fruit défendu, fruit de la connaissance du bien et du mal. C’est la chute sur terre dans le péché originel. Nathan vient de naître en tant qu’individu et il jette maintenant un regard sévère sur ses comportements.
Du point de vue euh… disons plutôt littéral, Nathan réalise qu’Elena et Jeff sont en danger par sa faute, qu’il s’est servi d’eux pour en arriver exactement au point où il en est avec Chloé et que par conséquent ce baiser final serait aller trop loin dans l’égoïsme. Il ne veut sans doute pas que son premier baiser (amoureux) avec Chloé soit entaché :
Nathan : Chloé, tu te rappelles quand je t’ai embrassé pour la première fois ? C’était tellement romantique au fin fond de ce temple au Népal, pendant qu’à l’extérieur Lazarevic était en train de faire brûler vifs Elena et Jeff que j’avais attiré dans ce cul-de-sac juste pour te faire enrager. On aurait pu les sauver tu sais ?
Chloé : Je sais, heureusement cette pute blonde rôtit bel et bien en enfer.
Nathan : Chloé ! Elena était une fille bien.
Chloé : Tu étais surtout un gros naïf aveugle.
Du point de vue « Orphelin avec troubles affectifs existentiels, » le retour de Lazarevic et d’Elena dans l’équation correspond au fait qu’en acceptant d’aimer Chloé en priorité, Nathan se confronte à une seconde mort de sa mère. Il la maintenait en vie au niveau affectif et cette fois il doit lui faire ses adieux. Or ce nouveau besoin le culpabilise et le fragilise d’autant plus que Chloé n’a rien d’une maman. Son double maléfique se tourne donc vers la figure maternelle pour l’éliminer. Si Nathan choisit Chloé, alors il doit assassiner sa mère.
Ainsi, il se retrouve donc maintenant non pas à combattre son envie d’être insensible affectivement (niveau individuel) mais son envie d’être indifférent à ce qui est innocent (niveau symbolique).
Jeff est éliminé parce qu’il incarne l’amour orienté vers la figure maternelle ce que Nathan abandonne ou oublie dans le temple.
En se tournant vers Chloé, Nathan a le sentiment que tout ce qui était associé à sa mère va disparaître ou plutôt devrait disparaître. Il voit une exclusivité qu’il n’y a pas. Il fusionnait avec elle, et il passe donc d’une relation fusionnelle avec elle à une relation fusionnelle avec Chloé qui exclut intégralement sa mère qu’il imagine maintenant privée de tout amour. Il devient un « mauvais fils. »
-17- Le Sauvetage impossible
Evidemment, ce sentiment est insupportable et il se retrouve donc écartelé entre deux positions.
Il veut sauver la part de lui qui aime sa mère et a besoin du sentiment de mériter son affection, bien qu’il ait accepté que Chloé soit celle qu’il aime le plus.
Ce qui l’emporte encore, c’est cette croyance que Chloé se fout des autres, qu’elle est l’immoralité égoïste. Evidemment, Lazarevic crée donc immédiatement un nœud gordien. Jeff est blessé, leurs vies à tous sont en danger, Nathan veut aider le bonhomme contre tout et Chloé veut l’abandonner.
Ce problème est dans la continuité tragique de l’histoire. Si Nathan pouvait voir que Chloé n’est pas immorale, n’est pas « sans cœur » pour contredire ExVSK, il comprendrait que dans d’autres circonstances, elle serait tout-à-fait prête à jouer au boy-scout mais que dans cette situation précise, c’est réellement une initiative suicidaire. Il pense qu’elle exagère par égoïsme, alors qu’elle pèse parfaitement le pour et le contre.
De plus, c’est le positionnement héroïque irréfléchi de Nathan qui la pousse dans l’opposition violente. S’il avait dit « Qu’est-ce qu’on fait ? » les choses n’auraient pas pris cette tournure. Et Jeff aurait sans doute survécu car les hommes de Lazarevic n’auraient certainement pas achevé un journaliste gravement blessé, encore moins si Elena était restée à ses côtés.
J'adore comment Elena réagit une fois que Lazarevic a explosé la tête du pauvre Jeff. Si ça avait été Nate parterre je suis sûr qu'elle aurait eu de meilleurs réflexes... comme par exemple cinq minutes plus tard quand Flynn pointe son arme sur lui.
La réaction héroïque de Nathan est un message qu’il envoie à Chloé : « Je t’aime, mais je ne deviendrai pas une ordure pour toi. » Ce qui signifie qu’il continue de considérer qu’elle est une pourriture insensible, même s’il a accepté qu’ils s’aiment. Il continue son opération de réformation ultra insultante puisque Chloé n’a absolument aucune leçon à recevoir de lui. Elle est bien plus mature et consciente des conséquences de ses actes que lui.
Le sauvetage raté de Jeff dont j’ai déjà parlé au début et représente le moment où Chloé baisse les bras parce que Nathan est simplement « trop grave. » Elle passe trop près de la mort pour ne pas le prendre en compte.
Réfugiés dans une maison en ruine, le salut de nos héros se trouve dans un saut de plusieurs mètres de haut que Jeff ne pourra pas faire :
Chloé : Il est déjà à moitié mort et on le sera aussi si on ne part pas maintenant.
Nathan : Et ben vas-y.
Elena : Ouais, personne te retient.
Nathan (tend la main en signe d’apaisement) : Chloé !
Ils entendent les soldats de Lazarevic qui arrivent.
Chloé : J’essayais de te sauver la peau, espèce d’idiot. (Elle braque son arme sur Nathan.)
J’adore la manière dont elle prononce cette phrase, on dirait presque que l’actrice a réussi à simuler le nœud que Chloé a dans la gorge en la prononçant parce qu’elle sait qu’elle est en train d’introduire une trahison réelle cette fois.
Comme on le sait, les hommes de Lazarevic ainsi que le général, incarnent une part de Nathan. S’ils interviennent précisément à ce moment, c’est pour une raison liée à la position psychologique du héros.
En réalité ici, Nathan ne juge pas Chloé. Il sait qu’elle a raison mais se sent incapable de la suivre. Si Lazarevic explose le crâne de Jeff, c’est parce que Nathan aurait aimé être capable de le faire. Le conflit intérieur dont il fait l’expérience est en train de le mettre en pièce car il voulait de tout son cœur suivre Chloé et en a été incapable. Il vient, immédiatement après leurs réconciliations, de lui faire risquer sa vie pour une cause qui ne la concernait en aucun cas et de lui infliger une humiliation cinglante face à Elena.
Lorsqu’il dit « Et ben vas-y. » Ce n’est pas la réplique de dédain que l’on croit, genre « si tu ne vaux pas mieux que ça, j’en ai plus rien à foutre de toi. » C’est d’ailleurs pour cette raison que c’est Elena qui termine la phrase avec « personne te retient. » Lorsqu’il dit ça, il lui demande de regarder tout ce qui vient de se passer comme une faiblesse de sa part. Ils viennent de se déclarer leur amour, il vient de lui exposer la profondeur de son mal-être qu’elle a accepté de prendre en compte et hop, premier obstacle, elle prend ses jambes à son cou. Et dans ce reproche, il y a même un sacrifice amoureux dans le sens où si réellement, il est trop taré pour elle, alors effectivement il préfère la voir prendre la fuite que l'entrainer avec lui.
A ce moment-là, Chloé est sur le point d’insulter Elena mais Nathan l’empêche. Il ne peut pas entendre de critique de sa figure maternelle. Il pense réellement que ce qui vient de se jouer était une question de bien et de mal et ne réalise pas que Jeff est mort d’avoir été assez stupide pour ne pas voir qu’Elena l’emmenait à l’abattoir dès le début. C’est ce que Chloé s’apprêtait à dire à la blonde.
Le « j’essayais de sauver ta peau, espèce d’idiot » de Chloé souligne que son comportement n’avait rien d’égoïste. Tous les risques qu’elle vient de prendre, elle les prenait pour sauver Nathan, si elle avait voulu se mettre à l’abri, il suffisait qu’elle se désolidarise du groupe et rejoigne les rangs adverses comme elle le fait en un clin d’œil.
Mais surtout, elle veut également dire qu’elle n’était pas en train de s’opposer à lui mais cherchait bien à le faire évoluer, à le soigner du mal dont il vient de lui parler. La manière dont Elena manipule Nathan ne fonctionne que parce qu’il voit en elle cette figure maternelle pure. Or, s’il avait dit « Ok, on laisse Jeff » il aurait vu qu’elle ne serait pas restée avec lui, que sa personnalité sacrificielle et désintéressée n’est qu’une persona. C’est de ce genre de constat qu’il a besoin pour se détacher de la figure maternelle qui le dévore.
La rancœur que Chloé exprime (idiot est plus violent en anglais) vient aussi du fait qu’elle est peut-être en train de dire ses derniers mots à Nathan. Il vient de créer une situation où elle abandonne l’homme qu’elle aime. Elle ne peut pas rester à ses côté parce que si Nathan et Elena ont une chance d’être épargnés, ils savent tous le sort que Lazarevic réserve aux traitres. Chloé se ferait trucider la seconde où il entre en scène.