The Lost World : Surprise ! La suite de Jurassic Park n'est ni stupide ni mauvaise ! (10000 mots)
Bonjour mesdames et messieurs. Aujourd’hui un article sur un film sur lequel je n’aurais jamais pensé que j’écrirais un article puisque je le croyais très mauvais : Le Monde Perdu.
Je viens de relire une paire de reviews du film et j’aimerais dire une chose assez désagréable, qui était valable en 1997 mais l’est cent fois plus aujourd’hui, c’est que le public préfère toujours imaginer qu’un film est mauvais et qu’un réal et un scénariste se sont égarés plutôt que de se dire qu’il ne comprend pas la direction prise. Plus que jamais les gens confondent « bon » et « divertissant. » Ou plutôt, plus que jamais ils se permettent d'incendier un film sans se poser de question et en fonction de critères superficiels.
Le Monde Perdu est un très bon film et comme cela ne coule pas de source du tout, je vais commencer par une petite liste de ce qui, je pense, nous l’a plus ou moins tous fait détester à sa sortie.
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Tout d’abord, pas d’Alan Grant qui était le pilier du premier film. On se disait que Ian Malcolm c’était pas si mal, mais le personnage s’avère insupportable. Et sa copine aussi. Et les chasseurs. Et le neveu de John Hammond. Il n’y a dans ce film absolument aucun personnage auquel on puisse s’attacher. C’est déjà mal parti.
A cause de ça, les décisions de ces personnages deviennent bien plus difficiles à accepter. Lorsque Sarah Harding garde son gilet taché du sang du bébé T-Rex accroché dans sa tante et que le T-Rex vient le chercher, on a juste envie de lui dire « évidemment pauvre idiote ! »
Ensuite, l’histoire ne semble jamais savoir où elle va. Si le premier film est une balade d’Alan, Tim et Lex dans le parc d’un côté, et une tentative de rallumer la lumière de l’autre, l’intrigue du Monde Perdu bégaie lourdement. D’abord Ian veut aller rechercher sa copine, puis sans qu’on comprenne trop pourquoi ils restent tous sur l’île puis décident d’aller sur le territoire des carnivores histoire de se faire bouffer, enfin, lorsque l’hélicoptère vient chercher Nick, Ian, Sarah et la petite fille, le chasseur est parvenu à attraper un T-Rex et le film toussote jusqu’à son dernier quart d’heure où le dinosaure est transporté à New York pour une petite visite qui semble totalement gratuite.
Un autre problème justement, est que le film avait été vendu au public avec ce final urbain, ce qui nous a tous rendu hyper intolérants à sa « première partie. » Je me souviens clairement que tout ce qu’il se passait dans la jungle, le film donc, m’avait semblé particulièrement long parce que j’attendais avec impatience de voir la scène du T-Rex à New York. Chaque nouveau rebondissement, chaque scène de tension devenait un obstacle exaspérant au final tant attendu. Le film contient lui-même son auto-dévalorisation.
Dans le même ordre d’idée, il y a l’évident problème de la comparaison avec le premier. Chaque suite porte le poids d’être une suite, et Le Monde Perdu souffre énormément du fait que l’on cherche tous à y revoir Jurassic Park. Sauf que Le Monde Perdu n’essaye jamais d’être Jurassic Park, ou même Jurassic Park 2. D’ailleurs, Jurassic World nous a offert ce véritable Jurassic Park 2.
Enfin, le plan « gymnastique » avait personnellement fini de me donner le sentiment d’être devant un nanar, car il n’y avait rien à l’époque de mon adolescence qui m’énervât plus qu’une valorisation excessive et maladroite des personnages d’enfants. Le passage « ordinateur » de Lex me gonflait déjà grave dans le premier.
Donc oui, Le Monde Perdu est une merde. Salut.
Sauf que c’est un très bon film. Le seul véritable défaut de cette liste c’est que le plan de la gamine qui tourne autour de la barre est réellement mauvais. Le reste ne résulte que d’un malentendu sur ce que le film cherche à faire.
Le Monde Perdu, c’est Jurassic Park sans les clôtures électrifiées, c’est Jurassic Park sans concession, sans structure prévue pour accueillir le public (Nous, les spectateurs). C’est Jurassic Noir.
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1.La stupidité des personnages.
La stupidité des personnages est l’un des éléments les plus mal-compris du film. Lorsque l’on regarde un film d’aventure ou d’horreur, on ne veut pas voir des personnages stupides parce qu’on veut s’identifier à eux. Pas par vanité, juste parce qu’on veut faire un tour de manège, on veut se voir poursuivit par le dinosaure terrifiant et s’en tirer de justesse. Il faut donc que le comportement des personnages (et leur personnalité) corresponde (un minimum) à la perception qu’un spectateur a de la scène vue de l’extérieur (et de lui-même). La stupidité est réservée à ceux qui doivent mourir (Ou la peur panique qui paralyse). On est donc habitué à ce que, dans une certaine mesure, la stupidité soit « punie » et l’intelligence récompensée. Nous voyons une morale dans les événements. D’ailleurs, si les héros sont dans la merde, c’est parce qu’ils commettent une erreur au début, qu’ils doivent rattraper par la suite.
Derrière cette logique se cache quelque chose d’un poil présomptueux, c’est-à-dire un jugement quant à la valeur de la vie des individus. En quelque sorte, nous regardons les films comme s’ils nous suggéraient que les personnages qui meurent le méritent (ce qui est faux, la plupart des films évacuent la notion de mérite). Ils l’ont cherché. Ils l’ont cherchés d’autant plus qu’ils ont étés stupides ou immoraux ou égoïstes etc… ça ne fonctionne pas dans tous les cas bien-sûr, mais vous voyez de quoi je parle.
Dans Le Monde Perdu, la stupidité grossière des persos et le jugement moral que le film semble porter sur eux sont tellement évidents que ça n’est même plus marrant. Raaa, les méchants chasseurs insensibles vont se faire mettre en pièces, et surtout le vicieux avec son bâton électrifié, lui il va avoir une mort lente et douloureuse. Il n’y a ni suspense, ni intérêt puisqu’on s’en fout littéralement d’eux.
Mais voilà, le film lui, ne s’en fout pas justement. La position du Monde Perdu est que certes les chasseurs sont cons et antipathiques mais ils foncent droit vers le carnage et nous le savons tous. Il n’est pas ici question de morale mais de sentiment d’impuissance tragique face à ce qui va inexorablement arriver.
Lorsque Dieter s’éloigne du groupe pour aller pisser et qu’il meurt parce que le mec qu’il a prévenu de son départ écoutait un walkman et en plus s’en va sans même voir que l’autre a laissé son sac, cette surenchère de stupidité ne sert pas à expliquer que la mort du personnage était inévitable mais au contraire à dire « vous avez vu comme la vie est fragile ? » Et si la mort de Dieter est si lente et appuyée, ce n’est pas parce qu’il était particulièrement con, sadique, irrespectueux de mère nature et qu’il mérite ce qui lui arrive, mais c’est justement pour que l’on atteigne un moment où notre sensibilité pour lui réapparait, où l’on dépasse le jugement moral et où l’on se dit « C’est horrible, j'avais pas envie de voir ça. »
Idem pour la scène des raptors dans les hautes herbes qui a tant marquée les esprits. Depuis le début du film, les chasseurs ne nous inspirent aucune sympathie et d’un seul coup le sort que la vie leur a réservé et si atroce qu’on est obligé de réaliser qu’on ne les détestait pas à ce point. On était certes prêt à en voir mourir plein, mais cela d’une manière utile, petit à petit pendant qu’ils font l’apprentissage de leurs failles et perdent leur arrogance. Là, c’est juste une éradication sans valeur pédagogique. Ils ne disent pas « petite futée » avant de rendre l’âme, il pense « non, je veux pas mourir ! » D’ailleurs c’est ça leur apprentissage justement. Ils tenaient plus à la vie qu’ils le croyaient. Idem pour la scène où ils détalent devant le T-Rex comme des fourmis et qui, niveau horreur, dépasse de loin celle de la jeep rouge dans le premier film.
Le film ne juge pas les chasseurs, il constate leur stupidité de manière amorale et sensible. Ils ne devraient pas être là et c’est évident c’est tout. Et non seulement ils ne devraient pas être là, mais ils ne sont pas adéquatement préparés. Leur équipement est impressionnant mais leur comportement est clairement imprudent (on voit un bébé Paracéphalausorus manquer de tuer un mec, le Parasoraulophus fait décoller deux gars du sol d’un mouvement de tête).
La traque des dinosaures commence par un hummer et une moto qui s’envolent dans les airs pour bien souligner que les chasseurs sont là en quête de sensations fortes (Pour « se sentir vivre » comme le dit aussi Roland comme justification de son envie de tuer un T-Rex). Idem pour le crétin qui passe entre les jambes d’un brachiosaure en moto. Sa vie pourrait s’achever en une seconde.
Ces hommes n’ont pas de respect pour le vivant, n’ont pas de respect pour leur vie et vont simplement découvrir qu’ils la chérissaient bien plus qu’ils pouvaient l’imaginer. Leur stupidité est un élément neutre du discours du film, ce n’est pas un jugement.
C’est une logique de film noir. Le Monde Perdu ne cherche pas à nous énerver pour ensuite nous offrir une catharsis à coup de mâchoire de Dino, mais à créer une tension constante dû au fait que ces personnages sont trop cons et évidemment condamnés.
Honnêtement, en revoyant le film, je me suis trouvé extrêmement surpris par la manière dont je suis resté tendu du début à la fin. Il n’y a pas l’alternance « menace, sécurité » du premier film. Ici, on est tout le temps sous tension.
Lorsque Sarah et Nick rapportent le bébé T-Rex dans le camping-car, ils sont excessivement stupides mais en voyant cette scène, je n’ai pas été dérangé par cette stupidité, au contraire, elle m’a oppressé de par son tragique. Sarah est clairement idiote, elle aussi, autant que les chasseurs. Toutes les personnes qui sont sur cette île sont par définition stupides. Et ça rend la situation terrifiante parce que dans ces conditions tout peut mal tourner en deux secondes, pour n’importe quelle raison et aucun personnage n’aura l’opportunité d’apprendre de ses erreurs, ça sera game over directement.
C’est l’inverse des attentes communes du public. Les gens ne veulent pas voir une erreur grossière (qui a cependant une explication) qui mène à une catastrophe, non, ils veulent que les humains contrôlent parfaitement la situation et que, soit un truc réellement imprévisible arrive, soit une trahison humaine ait lieu. On aime bien tout remettre sur le dos des vilains humains comme le gros Dennis Nedry (Nerdy). J'oubliais aussi le péché d'hybris, les humains qui se prennent pour des Dieux et finissent toujours par commettre une erreur fatale qui les ramène sur terre.
Dans Le Monde Perdu, il n’y a pas ce moment où les choses vont basculer dans le tragique, on y est dès le début. La catastrophe n’est pas une surprise, elle était programmée d’entrée. Il existe une île avec des dinosaures vivant en liberté, pas la peine d’espérer, ça va partir en sucette. Elle ne manquera pas d’attirer les plus stupides des plus stupides.
2.Tim et Lex.
Un des gros problèmes du Monde Perdu c’est aussi que peu de gens ont compris certains aspects de Jurassic Park sur lesquels le film construit son intrigue. Pour dire les choses rapidement : Le T-Rex a une vision normale (Mon article là-dessus). John Hammond est bien plus qu’un rêveur crétin mais bel et bien un psychopathe criminel. Alan Grant et Ellie Sattler sont loin d’être les gentils héros qu’ils semblent être.
Ces éléments sont déjà là dans le premier mais peuvent parfaitement passer inaperçus. Or Le Monde Perdu commence sur un état des lieux très pessimiste et négatif qui les utilise. Ellie et Alan ont respecté le contrat de confidentialité signé avec Hammond au sujet du parc. On se demande pourquoi. Vous vous rappelez leur joie quand John leur annonce qu’il payera leurs recherches pour les trois prochaines années ? Ils se taisent pour le fric (Le chèque du trois confirme). Pire que ça, ils n’en n’ont rien à faire d’Ian, Tim et Lex (ou de Muldoon ou Arnold). Et oui, c’est pas des héros. Parce qu’en conséquence justement, Ian qui a révélé la vérité, n’a été soutenu par personne et a été contredit, humilié et viré de son université. Quand commence le Monde Perdu c’est un homme brisé. Et Tim et Lex qui n’apparaissent que deux secondes et ont un échange très curieux avec lui sont sous-développés justement parce qu’il n’y a plus rien à développer. Ils sont fichus aussi. Ils ont faillis se faire bouffer par des dinosaures quand ils étaient enfants et sont tenus de se taire pour que leur grand-père qui les aime tant (mouahahaha) puisse continuer à poursuivre ses rêves de postérité.
Lex et Tim ne comptent pas pour Ingen. C'est désagréable certe, mais c'est un constat simple et sombre de l'histoire pas une maladresse.
Non seulement ça, mais en plus quand Ian a voulu dévoiler la vérité au grand-public, leur figure paternelle et maternelle de substitution (Ellie et Alan puisque leurs parents divorçaient) ne l’ont pas soutenu (Et il est impensable que Ian n’ait pas pris la peine de passer un coup de fil à Alan et Ellie. Ils lui ont juste mis un vent). Lex et Tim sont donc des épaves. A la fin de la scène, ils retournent dans leur chambre se replanter la seringue qu’ils avaient dans le bras quand Ian est arrivé. C’est le sens de leur traitement « relégués au second plan. » Sans parler du décalage très étrange qu’il y a dans leur conversation avec Ian.
"Professeur Grant, on est tellement heureux que vous préfériez ne pas révéler l'existence du parc dans lequel on a failli mourir !"
On pourrait croire ici que je réfléchis trop par rapport au peu qui est développé mais justement, c’est un aspect du film noir, de nombreux d’éléments qui suggèrent une vérité absolument horrible mais qui n’est jamais dite frontalement. Ce qui j’estime me donne le droit de dire tout ça, c’est la conversation entre Ian et le neveu de John. La manière dont il utilise Tim et Lex et à quoi Ian répond « laissez-les hors de ça » suggère cette implication obligatoire des enfants dans cette affaire. Ils étaient dans le parc (utilisés comme des cobayes, un public test par Hammond qui les annonce comme tels), ils ont vu Ian Malcolm se faire attaquer et soudainement, personne ne veut rien dire à personne. Evidemment que cela a un impact sur eux. Imaginez leur vie sociale.
Et donc, si Tim et Lex disparaissent vite pour éviter de nous faire une scène du type « je fais des cauchemars toutes les nuits » « Quand j’ai raconté à mon premier petit copain que j’avais failli me faire dévorer par un monstre, il a rigolé et m’a plaqué pour une autre fille de la classe en me traitant de folle », Ian reste et le film prend le temps de nous suggérer la profondeur du gouffre dans lequel il s’est enfoncé.
3.Ian Malcolm
Pourquoi la robe de cette femme la déguise-t-elle en oeil injecté de sang ? Ian Malcolm baille devant le spectacle de la petite fille qui se fait dévorer. Il en a marre des gens irresponsables qui viennent se plaindre des conséquences de leurs actes ?
Il apparait dans le film en train de bailler dans les couloirs du métro avec derrière lui le poster d’une plage avec des palmiers. Ce plan est hilarant puisque le précédent c’est la mère qui hurle en voyant sa fille se faire déchiqueter sur Isla Sorna.
Il n’est pas innocent que l’on enchaîne du sort horrible de la victime la plus récente au personnage qui, si on ne l’avait pas anéanti, aurait empêché cet accident. Ce qui est difficile à comprendre c’est les palmiers et le bâillement, en gros l’idée qu’Ian n’en aurait rien à faire de la petite fille. Ce qui est faux. Si Ian est sous terre (underground) c’est pour signifier l’état de son existence. Idem pour sa barbe de trois jours, il ne prend plus soin de lui, le regard extérieur lui est juste nocif dorénavant puisqu’il est « him » (dans la vo on lui dit « you’re him »), le gars de la télé qui a raconté plein de conneries sur des dinosaures qui l’auraient attaqué. Donc, ce mec qui incarne ce qui devrait s’opposer à John Hammond bâille juste devant la petite fille qui se fait bouffer. Il n’a plus que de l’indifférence pour ce qui a trait à ce vieux con taré.
Arrive le mec bizarre du métro. Ce mec joue très mal, excepté que sa performance est impeccable au contraire. Ce gars est le seul à croire Ian Malcom et qu’est-il ? Un mec qui n’a absolument pas conscience de l’impression qu’il donne. Il ne semble pas fou, son attitude est juste décalée et gênante. C’est exactement le genre de personne qu’on peut rencontrer dans le métro. Son personnage est très réaliste, mais dans un film, ce type de réalisme donne un sentiment de maladresse parce qu’il met mal à l’aise. On n’aime pas être témoin de la misère de nos pairs et ce mec est un pauvre type très crédible. On préfère un fou au physique bizarre mais au caractère bien trempé comme celui de Ghost. Un oublié de la société réaliste c’est très gênant. Ce réalisme désagréable également est noir.
Mec bizarre de cinéma dont le physique particulier rassure le public sur sa propre normalité VS mec bizarre comme on en croise régulièrement dans la vraie vie avec claquement de doigts, haussement de sourcils, grimaces, mimiques destinées à lui-même et familiarités stressantes.
Ian Malcolm est donc au fond du gouffre. Lorsqu’il en parle au neveu de Hammond, il souligne que le fait de cacher la vérité sur l’île implique un grand nombre de conséquences qui ne peuvent pas être réparées à coup de billets.
Celle qui me semble la plus importante du film, c’est la perte totale d’une quelconque capacité à se faire entendre dont souffre Ian -cet autre élément qui rend le film si insupportable- à cause de son humiliation publique et de la destruction de sa crédibilité en tant que mathématicien… mais aussi à cause des événements du premier film : 1-Prévenir que tout va partir en couille sans que personne n’y prête attention 2-Tenter de séduire une pute (Désolé Ellie) qui joue le jeu uniquement pour rendre son mec jaloux et ensuite est prête à l’abandonner à des dinosaures alors qu’il git parterre en sang.
Ainsi, Le Monde Perdu c’est un monde dans lequel la voix de la sagesse n’existe plus. Ian prévient et prévoit pratiquement tous les drames qui vont se dérouler et personne ne l’écoute jamais, simplement parce qu’il n’a plus la force de se faire entendre, d’être ferme.
Rien que si sa conversation avec sa fille s’était terminée par un « Tu ne peux pas venir ! Maintenant tais-toi et fais ce que je te dis ! » Il y aurait déjà eu une menace de moins, celle de voir sa fille se faire boulotter.
C’est de cette perte de voix que surgissent les nombreuses scènes de discussions qui se superposent. Ces passages servent à montrer la violence avec laquelle Malcolm est traité par les gens qui l’entourent. Comme un enfant, comme une personne qui n’existe pas.
Mais au fait, sa fille, elle est noire !?! Personnellement c’est également un élément qui m’avait beaucoup gêné au cinéma. Sarah et Ian sont blancs, mais Kelly est noire. Qui est Kelly ? Ce n’est jamais dit clairement, pas d’exposition avec un personnage à qui Ian présenterait la petite fille. Il faut chopper les indices quand ils passent. A l’époque de la sortie du film, je m’étais dit qu’elle était adoptée mais en fait non. Kelly appelle Sarah par son prénom donc Sarah n’est pas sa mère. Elle appelle Ian « papa » donc ok, c’est la fille d’une ancienne femme (Qui est partie à Paris comme le suggère la phrase où Ian perd son sang-froid au début du film, encore un élément uniquement suggéré). Ou pas. Nick demande à Eddie « Tu vois une ressemblance ? » Il n’y en a pas. Kelly est la fille d’une ancienne femme d’Ian qui l’a trompé et est tombée enceinte d’un autre homme.
Encore une fois, on pourrait croire que je cherche trop loin… et d’ailleurs, je ne prétends pas être sûr de moi ici, mais simplement, c’est la solution qui me semble la plus crédible. Pourquoi Kelly ne serait-elle pas simplement la fille qu’il a eu avec une ex ? Parce qu’Ian est émasculé et que son comportement avec sa fille est totalement incompréhensible. C’est encore un élément noir. Sa relation avec Kelly est un bordel absolu et on ne nous donne que très peu d’éléments pour la comprendre. Ian l’aime clairement, il est inquiet et il la respecte et il veut être un bon père, et bam, première conversation, il lui parle de son équipe de gymnastique dont elle s’est faite virer et il n’est pas au courant. Cliché du mauvais père absent qui n’en a rien à foutre. Il y a plusieurs problèmes dans la relation Kelly/Ian mais ils ne sont jamais soulevés clairement ce qui a pour effet de perdre totalement le public.
C’est donc après réflexion (et discussion avec une copine) que j’en suis arrivé à cette idée qui me semble expliquer les comportements d’Ian. Il veut être un bon père, il aime sa gamine, mais elle incarne trop exactement la manière dont le monde le traite: comme une bonne poire qui prend pour les erreurs des autres. Ça correspond parfaitement au statut du personnage et à sa problématique.
Et j’oublie l’argument le plus simple. Quand Nick parle d’une absence de ressemblance, il parle nécessairement d’une ressemblance entre Ian et Kelly puisqu’il sait que Sarah n’est pas la mère. Sauf que pour le public, il faut déjà avoir choppé cette information. Typiquement un élément de film noir : un surplus d’infos données indirectement qui crée des malentendus et des incompréhensions et empêche de comprendre ce qu’il se passe réellement.
Cependant, je suis allé trop loin trop vite, j’aurais déjà dû parler du fait que Sarah trompe Ian avec Nick. Oui. Sarah et Nick évoluent dans les mêmes sphères et le film nous donne même un indice de l’endroit où ils auraient pu se rencontrer (green peace). Lorsqu’ils cherchent Sarah sur Isla Sorna, Nick appelle « Sarah ! Sarah Harding » et Ian se moque de lui en disant « Combien de Sarah crois-tu qu'il y ait sur cette île ? » Cette blague souligne que Nick n’a aucune raison de dire le nom de famille de la jeune femme. Trois secondes plus tard, c’est Sarah qui aperçoit Nick derrière elle alors que lui ne l’a pas vue. Elle s’écrit « Hey ! Nick ! » et il tombe à la renverse.
Puis elle remarque Ian et change immédiatement d’attitude. Sarah a trompé Ian avec Nick et le « Sarah Harding » de Nick était une tentative de mettre dans le crâne d’Ian qu’il ne la connait pas. D’ailleurs, est-ce que Ian ne le comprend pas immédiatement ? Depuis combien de temps Sarah ne l’a-t-elle pas vu ? Aucun câlin, aucun baiser, elle noie Ian sous un flot d’informations et se dépêche de s’éloigner du groupe. Elle ne veut pas embrasser son mec devant Nick ?
Par contre, lorsqu'elle frôle la mort dans le camping car, elle se jette ensuite dans les bras de Ian.