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Call Me By Your Name: Il n'y a pas d'histoire d'amour dans ce film (2400 mots)

Publié le par Kevin

Call Me By Your Name: Il n'y a pas d'histoire d'amour dans ce film (2400 mots)

Lorsque j’ai vu Call Me By Your Name il y a maintenant un peu plus d’un mois, je me suis trouvé sacrément bouleversé. Pas par l’histoire d’amour, mais par l’horrible histoire de manipulation, d’abus sexuel et psychologique et le fait que tous les spectateurs et critiques qui célébraient la qualité du film la perçoivent ainsi.

La seule histoire d’amour présente dans Call Me By Your Name, c’est celle d’Elio et Marzia, et elle finit très mal et personne ne semble la remarquer… ce qui est également très glauque. La taille des œillères que les gens se mettent pour pouvoir célébrer la relation Elio/Oliver est assez terrifiante.

 

L’un des indicateurs les plus frappant de la morbidité de cette relation nécessite tout d’abord de rappeler une vérité qui devient doucement mais sûrement taboue à notre époque qui confond ouverture d’esprit et (auto)destruction: cette vérité c’est que tout jeune homme n’est pas homosexuel, que tout jeune homme n’est pas bisexuel, que le traumatisme d’avoir un rapport sexuel avec une personne du même sexe existe bel et bien et qu’il est sérieusement dévastateur.

Si une femme m’imposait d’avoir un rapport sexuel avec elle, le traumatisme que j’en tirerais serait largement inférieur à celui d’une relation forcée avec un homme. Notre identité sexuelle est une base essentielle de notre individualité, elle a une part importante dans la construction de notre « Soi » (Moi conscient + Moi inconscient) et lorsqu'elle n'est pas respectée par nos pairs, les conséquences sur notre équilibre psychologique en sont dramatiques.

On pourrait se dire que dans ce film Elio est juste un jeune homme qui se découvre homosexuel et que très souvent les jeunes homosexuels tâtonnent un peu entre les deux sexes. Il y a cependant un moment auquel il faut accepter d’ouvrir les yeux sur le négatif ou le douteux.

Lorsqu’il couche avec Marzia, Elio ne ressent aucun dégoût. Lorsqu’il couche avec Oliver, il est clairement dégoûté. Cette réaction n’est jamais expliquée. Elio ne tente jamais de mettre en mots la raison pour laquelle il se sent mal et semble en vouloir à Oliver le lendemain de sa nuit avec lui.

Certains critiques ont expliqué cette réaction par le fait que le regard de la société sur l’homosexualité est sévère à l’époque (Ce qui ne coule absolument pas de source au sortir des années 70), qu’Elio l’a intégré et est donc dégoûté par lui-même. Cette idée n’est pas absurde mais elle n’enlève strictement rien au fait que rien de tel n’est jamais dit et que rien, dans le film, n’est jamais développé en lien avec la perception sociale (négative) de l’homosexualité, ce qui représente un sacré problème.

Dans Titanic les différences et inégalités entre riches et pauvres sont développées pour que l’on ressente mieux l’exceptionnalité de la relation Jack/Rose. Dans Roméo et Juliette, Shakespeare prend le temps de dépeindre la haine intense entre Capulets et Montaigus afin de rendre l’impossibilité tragique de l’histoire d’amour palpable. La problématique interne d’une romance doit toujours être expliquée par l’histoire des personnages. Dans Call Me By Your Name rien n’est développé sur l’oppression des homosexuels. C’est même l’un des aspects du film que les spectateurs ont apprécié : le fait qu’on n’a pas droit à la scène clichée du groupe d’homophobes qui viennent casser la figure de l’un des personnages principaux, ou à celle des parents outragés et déçus par leur progéniture. Non, à la place, on trouve une mère aimante, un père compréhensif lui-même homo et une société carte postale parfaitement indifférente à ce qu’il se passe entre les deux jeunes hommes. (C'est une conséquence de la propagande actuelle que les spectateurs sont immédiatement convaincus que les homo sont opprimés dans le contexte de l'histoire de Call Me By Your Name, mais il n'y a aucun indice de ça dans le film. On croise même un couple homo parfaitement assumé).

Ainsi, la raison du dégoût d’Elio au réveil de sa nuit avec Oliver n’est pas si évidente que cela et il est justifié de réellement se poser la question : Qu’est-ce qu’il lui prend ?

Call Me By Your Name: Il n'y a pas d'histoire d'amour dans ce film (2400 mots)

Une fois les lunettes filtrantes ôtées, on peut alors remarquer d’autres éléments troublants :

Marzia qui constate (vérifie très intelligemment) qu’Elio a une érection monumentale alors qu’ils s’embrassent. Elio qui a une éjaculation précoce lorsqu’ils couchent ensemble pour la première fois. Une éjaculation précoce c’est lorsqu’un homme ressent trop d’excitation et de plaisir pour pouvoir se retenir d’éjaculer je rappelle.

Alors que du côté Oliver/Elio, il est suggéré au lendemain de leurs ébats que le jeune homme a des troubles érectiles. Oliver lui fait une fellation possiblement pour lui prouver que son corps fonctionne toujours normalement. Et lorsqu’il vient plus tard le retrouver dans le grenier, il entame leur rapport par une nouvelle fellation. Oliver aurait-il des problèmes à exciter Elio ? Lorsqu’un jeune homme rencontre des problèmes d’érection en compagnie d’une fille, il n’y a plus de pénétration possible. Lorsqu’un homosexuel ne parvient pas à être excité, il y a toujours la possibilité de recevoir la pénétration.

Ainsi, non seulement la raison du réveil honteux et dégoûté d’Elio n’est pas évidente, mais il y a beaucoup d’indices du fait que les choses se passent bien mieux avec Marzia. (Rires, légèreté, traitement d'égal à égal, jeu).

Ici, vous devriez avoir votre premier frisson d’horreur.

Évidemment, à ce questionnement, on peut opposer le fait que la deuxième fois qu’il couche avec Marzia, Elio est obsédé par sa montre et son rendez-vous avec Oliver. Ainsi, si sa première expérience avec celui-ci est mauvaise, elle ne l’empêche pas d’en avoir une seconde qui semble bien plus naturelle et de conclure finalement qu’il aurait aimé que les choses aillent plus vite entre eux, reléguant son aventure avec Marzia à quelque chose d’insignifiant.

Pourtant une relecture des événements à postériori n’efface pas les faits : Marzia excite Elio sans le moindre problème et leurs ébats n’inspirent au jeune homme ni honte, ni malaise. Même alors qu’il a une éjaculation précoce, il constate honnêtement « putain ça fait du bieeeeeen. »

A cette contradiction apparente qui nécessite qu’on lui trouve une explication, s’ajoutent de nombreux autres éléments qui compliquent et rendent assez peu crédible l’histoire d’amour magnifique qu’il y aurait, parait-il, entre Elio et Oliver :

- Oliver séduit Chiara, l’embrasse, passe du temps avec elle pour finir par l’éviter comme la peste. Est-il homosexuel ou non ? Utilise-t-il cette fille sans scrupule ? Peut-on se réjouir qu’un personnage aussi antipathique qu’Oliver vive une belle histoire d’amour ?

- On apprend que Chiara s’avère être une sorte d’ex pour Elio. Oliver est donc dans la position d’un rival vainqueur. Le jeune homme « tombe amoureux » de l’homme qui lui a piqué sa copine. Ce n’est pas un détail insignifiant.

- Elio annonce dès le départ qu'Oliver prendra congé d'eux d'un "Later" condescendant, c'est exactement la manière dont il salue les Perlman à la fin.

- Le père d’Elio est homosexuel et ne l’apprend à son fils qu’après que celui-ci ait lui-même eu une expérience homosexuelle. Cet élément à lui seul suggère une situation bien trop complexe pour que l’on puisse gober l’histoire d’amour Elio/Oliver comme n’étant le résultat que de la simple découverte qu’Elio fait de son homosexualité.

- Le père d’Elio est le directeur de thèse d’Oliver, il le nourrit, le loge dans un paradis terrestre pendant six semaines et lui fait subtilement comprendre qu’il le désire sexuellement. Aucun problème éthique là-dedans. Aucune violence. Aucune tension. (Sarcasme bien sûr).

- La mère d’Elio n’est pas non plus au courant de l’homosexualité de son mari (Soi disant) et se promène constamment avec une cigarette allumée signe de sa constante ouverture sexuelle. Ce n’est pas un environnement sain pour qu’Elio se construise une vision réaliste/saine des femmes. (Il faut se rappeler qu'il est dans cet environnement depuis sa naissance).

- Aussi, à un moment donné, Annella assure à son fils qu'Oliver lui a dit qu'il l'aimait beaucoup, plus que celui-ci ne l'aimait. Une déclaration vraiment très peu crédible -pourquoi Oliver irait-il confier un tel truc à Annella ?- qui ne sera jamais confirmée par personne. Très très glauque quand on y regarde de près.

Call Me By Your Name: Il n'y a pas d'histoire d'amour dans ce film (2400 mots)

- A la fin du film, Oliver annonce à Elio qu’il va se marier et qu’il connaissait sa future femme bien avant de rencontrer son jeune amant. Il faudra m'expliquer comment son silence tout au long de l'histoire est acceptable.

- Elio a du respect et de la considération pour Marzia, celle-ci aborde sa crainte qu’il lui fasse du mal, malgré cela il lui inflige l’une des humiliations les plus violentes qu’une jeune femme puisse encaisser. S’il est homosexuel et se sent clairement plus attiré par Oliver que par son amie, il y a une incohérence dans la manière dont il se conduit avec elle. Elio n’est pas un égoïste insensible, il ne se serait pas servi de Marzia alors qu’elle lui dit clairement qu’elle redoute qu’il le fasse.

- Un échange de prénom annule toute possibilité d’exprimer son amour pour quelqu’un. Le titre même du film annonce la morbidité de la relation Elio/Oliver.

- Oliver et Elio ne se disent jamais « je t’aime, » n’expriment pas d’enthousiasme l’un envers l’autre et n’ont pas réellement d’alchimie. Il n’y a pas grand chose à trouver au-delà du flirt, de la séduction et des apparences. A la fin du film, Elio fond en larme en apprenant le mariage d’Oliver, mais que regrette-t-il ? Qu’ont-ils partagé qu’Elio ne retrouverait pas dans l’étudiant de l’année suivante ? Leur câlin d’adieu inspire à Oliver le même sourire amusé qu’il aurait si Elio avait huit ans. Il ne souffre pas de leur séparation.

- Le film commence sur Elio qui qualifie le nouvel étudiant d’usurpateur.

- Et se termine sur un jeune homme qui pleure pendant quatre minutes face à la caméra et qui est condamné à se remémorer sa douleur à chaque fois qu’on l’appellera par son prénom. Il y a de quoi devenir fou. Mais la plupart des spectateurs semblent trouver ça hyper formateur et positif, une belle entrée dans la vie. Je ne souhaite à personne de vivre une telle histoire.

 

Il faut mettre de côté beaucoup de choses pour croire qu’on a sous les yeux une belle histoire d’amour du type de celle que décrit le père d’Elio. Je ne prétends pas détenir la vérité ultime sur le film (Edit: Mon opinion a d'ailleurs empiré depuis l'écriture de cet article), mais l’interprétation que je m’apprête à développer a au moins le mérite de prendre tous ces éléments suspects au sérieux.

 

Il y a une idée fausse qui traîne sur les parents intellectuels, doux et sensibles, celles que ceux-ci ne peuvent pas être des monstres au même titre que des parents bêtes, rustres et brutaux. Imaginez le petit Bobby qui ne veut pas manger sa soupe. Son père l’insulte violemment. Il ne veut toujours pas. Son père lui colle une baffe. Il ne veut toujours pas. Sa mère le menace. Il ne veut toujours pas. Sa mère désespère d’avoir un enfant aussi insupportable. Bobby encaisse mais ne veut pas manger sa soupe. Les parents décident de confisquer à Bobby son nounours préféré. Il panique et accepte de manger sa soupe immonde. Cette scène que nous identifierons très facilement comme de la maltraitance n’est en réalité pas si éloignée d’une autre dans laquelle les parents ne sont pas vulgaires, ne perdent pas leur sang-froid, ne menacent ni ne frappent mais où l’enfant n’a pas plus le choix parce que ses parents se servent de l'autorité que leur confère leur intelligence et leur éducation.

Elio est subtilement mais totalement écrasé/envahi/investi par ses parents. Au début du film, on le voit donner sa chambre à un inconnu. Cette initiative le prive du plaisir qu'il aurait pu avoir à ramener une fille dans cette chambre qui est la sienne et est intimement liée à son identité. Le déménagement le force également à partager la salle de bain avec Oliver, salle de bain qu'Elio doit traverser s'il veut rejoindre le couloir. Ainsi, Elio ne peut plus descendre sans risquer de rencontrer le nouvel étudiant. Il ne peut plus se laver ni même aller aux toilettes sans avoir à craindre que celui-ci entre par mégarde. La présence ou non de loquet aux portes n'est pas soulignées et il semblerait bien que ces portes ne puissent pas être fermées à clef. Cela reste assez peu probable mais rien n'est dit sur le sujet. Imaginez si l’étudiant lui était désagréable, s’il le trouvait arrogant par exemple, cela représenterait un sacré problème de devoir le croiser constamment... Cette arrogance, Elio va la soulever au premier repas, et il se verra interdire son opinion avec une douceur et une tolérance de façade. Il est important de comprendre qu’il y a une violence réelle dans le fait que les parents d’Elio ne lui disent pas « écoute, si Oliver te fait chier, personne ne te force à le fréquenter, il est là pour sa thèse, tu t’occupes pas de lui et c’est tout. » A la place, on excuse Oliver, on démonte l’opinion d’Elio et on lui dit « tu finiras par l’aimer. » A un autre moment, Elio ne veut pas jouer les enfants prodiges symbole de la perfection parentale et jouer du piano aux invités, il veut s’éclipser et se retrouvera malgré cela au piano. Deux amis homosexuels viennent manger, Oliver se débat pour éviter d’avoir à porter la chemise gay que ceux-ci lui ont acheté l’année précédente, il n’a pas le droit d’échapper au fait d’être associé à eux et finit par se retrouver avec la chemise. Les parents doux et tolérants d'Elio ne lui laissent aucun espace pour être lui-même. 

Call Me By Your Name: Il n'y a pas d'histoire d'amour dans ce film (2400 mots)

Voici donc une reconstruction plus proche de la réalité de ce qu’il se passe dans le film :

Elio est un jeune homme gravement oppressé. Les attentes que ses parents ont vis-à-vis de lui sont étouffantes et l’amènent à développer une forme de persona d’enfant parfait irréprochable qui provoque en pratique l’extinction de ses désirs spontanés. Elio est le type d’ados qui ravale sa crise d’adolescence car il ne trouve aucun espace de désobéissance possible. Il se replie dans la lecture et l’effacement, éprouve des difficultés à se mettre en colère ou à verbaliser son désaccord fermement.

L’homosexualité secrète de son père a plusieurs conséquences très graves. Ainsi, chaque année le professeur Perlman reçoit un étudiant masculin, jeune, beau, intelligent, qui vient faire sa thèse et qu’il tente de séduire. Elio ne sait pas cela et perçoit ces étudiants comme de réels rivaux. Ainsi, son combat pour être aimé tel qu’il est même s’il ne correspond pas aux attentes de ses parents, glisse vers un combat pour encore avoir une importance à leurs yeux. Il pense que son père lui préfère ses étudiants. Surtout que Mr. Perlman exclut Elio au maximum afin de passer plus de temps en tête à tête avec ceux-ci. Imaginez l’impact dévastateur sur Elio qui, aussi talentueux et intelligent puisse-t-il être, a certainement le sentiment d’être insignifiant aux yeux de ses parents mais dont tout désir de les rendre un peu fier l’éloigne en plus de la personne qu’il est vraiment.

Oliver incarne le double d’Elio, qui serait parfait aux yeux de ses parents. Il est donc son pire ennemi mais également la personne qu’il admire et envie le plus au monde. Plus Elio souffre, moins il assume d’être véritablement lui-même, plus il rêve secrètement de devenir Oliver par magie.

Là, vous devriez avoir votre deuxième frisson d’horreur.

Deuxième conséquence de l’homosexualité secrète du père d’Elio. Annella, la mère, est terriblement frustrée sexuellement et voit sa libido investir tout ce qui l’entoure. Elle donne du « mon chéri, mon amour » à tout le monde, « Honey, Darling » etc… aux filles, aux garçons, à son mari, à ses amis ou employés, à son fils. Le monde entier l’excite et elle passe son temps à fumer des cigarettes comme un pompier. Elio n’est pas exclu de l’équation. La manière dont elle s’adresse à lui, le touche et le regarde est à la limite de l’incestueux. Une mère peut regarder son fils avec amour, Annella regarde son fils comme si elle l’imaginait en train de s’envoyer en l’air, ses caresses sont trop sensuelles, ses marques d’affections sont les barreaux d’une prison psychologique. En appelant Elio "mon amour" elle le prive de désirer qu'une fille l'appelle ainsi, ou du moins elle se place en rivale de cette fille.

Lorsque je dis « à la limite de l’incestueux » je ne cherche pas à dramatiser. Je ne pense pas une seule seconde qu’Annella ait tenté quoi que ce soit avec Elio ou qu’elle en ait envie. L’aspect incestueux de leur relation repose plutôt dans le fait qu’étant privée de la satisfaction d’être une épouse attirante pour son mari, elle doit apaiser sa frustration en sublimant sa libido qu’elle reporte donc sur d’autres activités que le sexe et sur d’autres personnes que son mari : ses fruits, ses arbres, ses cigarettes, son fils, son rôle de mère. C’est probablement ce qui la rend étouffante, son mari lui a échappé, elle devient une « mère-poule. » En conséquence, Elio perçoit son rapport avec les femmes d’une manière assez particulière. Il a confiance en leur amour, confiance en sa capacité à leur plaire et il sait parfaitement lire leurs comportements sexuels. Cependant cela n’a que peu de sens ou de valeur pour lui. De la même manière que son père ne s’intéresse pas vraiment à sa mère, Elio n’a pas réellement conscience de pouvoir trouver un égal dans une femme. Il les pense (à juste raison) faciles sexuellement parlant, mais ne réalise pas le sens qu’elles peuvent donner à leurs interactions avec lui. Il le dit lui-même « je ne sais rien. » Elio est totalement paumé dans ses rapports avec les filles et les garçons.

C’est d’ailleurs l’un des autres problèmes (le troisième) de l’homosexualité paternelle secrète : Elio est dans le flou total pour ce qui est de se trouver/choisir une copine. Qu’on le veuille ou non, hommes et femmes ne se conduisent pas pareil et lorsque le moment est venu de se rencontrer, les goûts, comportements et choix parentaux aident bien (Qu'on les imite ou qu'on évite de les reproduire au contraire). Pour prendre un exemple simple, il est totalement différent pour un adolescent hétéro, d’avoir un père qui trouve la fille de Jurassic World (Bryce Dallas Howard) ou celle de Godzilla (Elizabeth Olsen) attirante et trouvera Jennifer Lawrence énervante, d’avoir un père qui admire fasciné des statues grecques qui célèbrent le corps masculin. Elio veut devenir un homme, considère son père comme un homme (hétéro), et cherche donc à l’émuler. Le problème, c’est qu’il va donc tenter de recopier, sans le savoir, une sensibilité marquée par une homosexualité qui ne lui correspond pas nécessairement.

Quatrième problème de l’homosexualité secrète du paternel : il va tenter de séduire un étudiant qu’il nourrit, loge et dont le destin dépend intégralement de lui puisqu’il est son directeur de thèse. Oliver est en fait probablement dans une situation absolument déplorable terriblement proche de « tu couches, tu as ta thèse, tu me résistes, tu peux dire au revoir à ton doctorat. »

Le piège se tend de lui-même. Oliver va se tourner vers Elio, pour avoir la meilleure excuse du monde de ne pas coucher avec Perlman. Quant à Elio, il va se sentir irrépressiblement attiré par Oliver, de manière égocentrique, non pas parce qu’il l’aime mais parce qu’il se sentirait aimable s’il était un double parfait de l’étudiant. Il veut être aimé d’Oliver pour se sentir aimable de ses parents.

Ça semble tiré par les cheveux ? Le film s’appelle Call Me By Your Name. Le sommet symbolique de leur intimité amoureuse c'est d'échanger leurs prénoms. "Je veux te dévorer" "Je veux être toi."

 

Deuxième article sur Call Me By Your Name: Oliver est un pervers manipulateur

 

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