A Calicochon: Propagande féministe salissante.. et comiquement révélatrice. (3700 mots).
C’est alors que j'étais en CE2, bien avant #balancetonporc, qu’une prof a cru bon de nous faire lire et de nous expliquer, à moi et à la classe, A Calicochon (1989), un livre illustré qui, je peux le dire aujourd’hui avec beaucoup de recul, m’a traumatisé et a eu un impact catastrophique sur ma vision de moi-même et celle de ma famille.
Il s’agit de l’histoire d’une femme au foyer épouse d’un mari « fainéant » et mère de deux garçons qui, fatiguée de s’occuper de tous les travaux ménagers, décide un jour de faire ses valises et de laisser derrière elle un mot vengeur : « Vous êtes des cochons. »
Abandonnés à eux-mêmes, son mari et ses deux fils vont rapidement perdre le contrôle de la situation et la maison va sombrer dans le désordre. L’histoire va même jusqu’au point où le mari conseille à ses enfants de fouiller les ordures qu’il reste parce qu’ils n’ont plus rien à manger.
Heureusement, la maman revient triomphante et sa petite famille la supplie littéralement de rester. Papa et les fistons deviennent bien plus disciplinés. Les deux gamins font leur chambre, le papa fait le repassage et ils apprennent même tous la cuisine. Maman est « contente » (il faut voir sa tronche) alors elle répare la voiture.
Si j’écris un article sur ce livre c’est que je trouve qu’il contient un certain nombre de biais terriblement récurrents dans la pensée féministe qui, très souvent, rendent toute réflexion caduque dès le départ.
Exemple de biais, le rejet absolu de toutes responsabilités qui pourraient retomber sur le personnage féminin. Elle n’est qu’une victime impuissante écrasée par le pouvoir qui la soumet lui tout puissant, et entièrement injuste.
L’histoire, même la plus imprécise, des travaux ménagers est absolument oubliée. A une époque les femmes ne travaillaient pas et les hommes passaient leur vie à travailler pour nourrir, loger et offrir une éducation à leur famille. C’est à eux qu’incombait l’entière responsabilité du sort de ceux qu’ils aimaient, une position écrasante et terrifiante… aliénante, frustrante et ingrate. Dans quel monde absurde, l’épouse aurait-elle décidé qu’elle n’avait pas à faire sa part du travail ? Elever les enfants et s’occuper de la maison. Qu’il fonctionne ou non, cet accord était honnête. Et évidemment, il pouvait donner toute sorte de résultats catastrophiques, je ne cherche pas à défendre la viabilité du modèle, elle n’a aucune importance ici. La seule chose à retenir c’est que tout le monde peut bien comprendre qu’il serait injuste que les hommes travaillent toute la journée uniquement pour rentrer chez eux et faire à manger, laver leurs vêtements, la maison, et s’occuper de l’éducation de leurs enfants pendant que leur épouse reste les doigts de pied en éventail.
Lorsque les femmes ont eu accès au monde du travail, évidemment, la donne a lentement changé et les mentalités ont dû évoluer. (Sans parler du fait que cette histoire ne concerne pas toutes les classes sociales et que les femmes travaillaient déjà à d’autres époques). Inévitablement, on allait passer d’une culture dans laquelle les femmes font les travaux ménagers à une autre dans laquelle hommes et femmes partagent ces tâches puisqu’également impliqués dans le monde du travail. On voit d’ailleurs en creux la réelle utilité du féminisme : avant les hommes travaillaient à l’extérieur et les femmes à la maison, on essayait de construire une société dans laquelle un seul salaire devait suffire à nourrir une maisonnée, maintenant les deux sexes sont à genoux devant le capital et n’ont plus le temps de rien. La vie de famille se résume à espérer qu’on va se croiser deux ou trois fois dans la semaine et que les mômes ne vont pas trop regarder d’idioties à la télé, sur l’ordinateur, smartphone, tablette et ne pas apprendre trop de mensonges à l’école.
Faire de cette évolution logique des rôles à l’intérieur de la structure familiale une histoire d’esclave qui s’élève contre son maître n’avait rien d’évident. Et justement, A Calicochon contient beaucoup de la malhonnêteté de cette initiative idéologique.
La complaisance commence dès les premières illustrations :
On apprend très vite que monsieur Porchon est la base des ressources financières de la famille. Pourtant sur la pochette on voit madame Porchon le porter sur son dos, lui et ses deux fils.
Il y a plusieurs choses à dire ici. Tout d’abord, si l’on écrivait un film ou un livre sur un homme qui « porte sa famille sur son dos, » l’histoire tournerait autour d’un homme, seule source de revenus de sa famille, qui a une femme, un fils et une fille qui le traitent sans le moindre respect. Sa femme le tromperait avec le voisin, son fils serait un délinquant ridicule et sa fille une teigne vulgaire qui tire un maximum de profit de ses « p’tits copains. » Le problème viendrait du fait que l’homme ne s’affirme pas suffisamment, qu’il ne sait pas dire non et qu’il ne sait pas mettre de limites… ce genre de choses. C’est lui qui devrait se battre pour évoluer et améliorer la situation. Même victime de son entourage on oublierait pas le rôle qu'il joue dans l'échec de sa vie de famille.
Ici, madame Porchon n’a pas de fille. L’attaque est uniquement tournée vers les hommes et le problème expliqué par leur sexe. Le problème c’est que ces hommes sont des hommes, c’est-à-dire des porcs bons à rien et simplets et donc un poids pour cette pauvre femme tellement plus sensible, profonde et responsable. L'idée que rien ne vient d'elle est essentielle à la dynamique de l'histoire. C’est à se demander comment elle en est arrivée là ? L’a-t-on forcée à épouser ce boulet ? N’a-t-elle aucun mot à dire dans l’éducation de ses fils ?
On dirait bien que non aux vues de la photo de famille ridicule sur laquelle elle ne figure pas.
- Monsieur Porchon vivait avec ses deux fils Simon et Patrick dans une belle maison avec un beau jardin. Il avait une belle voiture qu’il garait dans son beau garage. Sa femme demeurait à l’intérieur de la maison.
Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? Qu’il la séquestre ? Je sais bien que puisque nous sommes face à un livre pour enfant, le trait a peut-être besoin d’être un peu grossi, certes, mais là, c’est excessif à en perdre son sens. Si la mère s’était trouvée sur cette photo l’air triste ou en train de laver quelque chose au second plan, le message aurait été plus honnête.
Ici, ce que l’on nous dit c’est que la mère ne fait pas partie de la famille, elle n’est pas là, elle n’existe pas à cause de son exploitation. C’est un mensonge honteusement complaisant. Les mères de famille qui font le plus la vaisselle, le ménage, le repassage, les repas etc… sont très souvent celles qui imposent le plus leur domination sur les autres membres bien au contraire. On est bien loin d’oublier leur existence comme le suggère la photo. Et surtout, pourquoi reste-t-elle si sa vie est si insupportable ?
Pour en revenir à la couverture, si l’on comprend bien que ça n’est pas au niveau financier que madame Porchon porte ses trois boulets sur son dos, il est tout de même complaisant et prétentieux de la faire porter son mari comme si les trois « hommes » tiraient tout de la relation et qu’elle seule faisait preuve de dévouement et d'oubli de soi. Encore une fois, que fait-elle là dans ce cas ? Et que fait son mari au travail chaque jour, du matin au soir ?
Ce qu’il y a de plus problématique encore c’est que le mari n’est pas colérique ni dominant. Madame Porchon n’a pas peur de lui, absolument rien de grave n’est suggéré au niveau de leur relation. L’album est focalisé sur les rôles sexuels sociaux. Mais justement, n’est-ce pas un peu culotté de présenter la pauvre femme comme une victime sacrificielle gigantesque qui souffre le martyr alors que rien ne dit qu’il ne suffirait pas simplement qu’elle ouvre sa petite bouche et ne se plaigne pour que son asservissement ne disparaisse ? Ça ne se passe pas comme ça dans la réalité c’est sûr, le problème c’est que la situation que l’album crée est totalement factice et trompeuse. Soit il y a un problème et on le montre clairement, soit il n’y en a pas et on ne fait pas comme s’il y en avait un, nous sommes face à un livre pour enfants.
L’horrible oppression patriarcale infinie dont madame Porchon est victime c’est qu’à l’heure des repas, son mari et ses fils sont tout enthousiastes de manger ce qu’elle leur a préparé. Pour sûr ce sont des monstres, on le voit bien dans la manière dont le père lui donne des ordres infâmes :
—Dépêche-toi de me servir le petit déjeuner, chérie, criait-il chaque matin avant d’aller à son très important travail.
—Dépêche-toi de nous servir le petit déjeuner, maman, criaient Simon et Patrick avant d’aller à leur très importante école.
Alors évidemment, pourquoi cela devrait-il être la mère qui fait le déjeuner ? Dans ce cas précis parce que la maison respecte la structure d’une famille dans laquelle la mère est femme au foyer et le père travaille, que cela soit une bonne raison ou non. En attendant on ne voit pas la mère se plaindre de faire le déjeuner, on ne voit pas le père ou les enfants se plaindre que le repas n’est pas à leur goût, on ne voit pas le père imposer sa loi « je bosse, tu cuisines, femme tais-toi. » Aucune violence, aucune hostilité n’est suggérée à aucun moment.
Par contre, il y a un petit ton sarcastique que je trouve assez laid et fort féministe qui se trouve dans la manière dont le travail du père et l’école des enfants sont qualifiés de « très important. » L’exagération suggère que cette importance est l’excuse qui est utilisée pour justifier le fait que cela soit la mère qui prépare le déjeuner. On la presse et on lui ordonne des choses sous prétexte qu’on a quelque chose d’important à faire à l’extérieur de la maison contrairement à elle. Mais ce qu’elle fait elle, ça n’est pas important !?!
Ce qui me pose problème ici, c’est l'idée suggérée que ce qu'ils font n'est pas vraiment important ainsi que l’aveuglement au fait que le mari et les enfants n’ont aucun choix dans l’équation puisque que de toute façon, important ou pas, ils doivent bien y aller à l’école ou au travail et à ce que je sache, on n’y va pas souvent avec le sourire et on n‘en redemande rarement. Aveuglement typiquement féministe encore une fois, madame Porchon voit ce qui pose problème à sa petite personne et pas plus loin, surtout pas jusqu’à comprendre les contingences qui régissent la vie des personnes de sexe masculin en face d’elle.
Après le départ du mari et des deux fils, l’album nous donne à voir les activités de madame Porchon seule à son logis, tâches ménagères, tâches ménagères. Le style passe de couleurs contrastées et contours bien distincts à une forme d’impressionnisme léger aux couleurs plus ternes et tristes. L’existence de madame Porchon semble envahie par la mélancolie.
Rebondissement, madame Porchon va au travail. Quel travail ? Monsieur Porchon est-il au courant que sa femme a un emploi ? Que fait-elle ? Il est assez peu probable qu’elle travaille à plein temps sans quoi elle ne pourrait partir le matin après et revenir le soir avant sa petite famille. Donc un petit boulot… pour arrondir les fins de mois ? C’est quoi ce chantier sérieusement ? La situation semble bien complexe et pourtant on nous donne les éléments au compte-goutte et on nous demande d’en avoir une lecture simpliste imposée.
Si sa vie est un tel enfer et son mari un tel tyran qu’elle ne peut pas en parler, pourquoi n’a-t-elle pas pris la fuite depuis longtemps ? Surtout si elle a un job. Elle ne reste pas pour ses enfants, elle les met exactement au même niveau que son époux.
Le soir, les gloutons reviennent au galop et les couleurs criardes et injonctions puériles avec eux.
—Dépêche-toi de nous servir le dîner, maman, criaient les garçons chaque soir au retour de leur très importante école.
—Dépêche-toi de me servir le dîner, ma vieille, criait Monsieur Porchon chaque soir au retour de son très important travail.
« Ma vieille » qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? C’est une insulte ? C’est un terme taquin ? C’est condescendant ? Le matin il disait « Ma Chérie. » Cela indique la mort de leur vie sexuelle, mais madame Prochon cuisine jusqu'à une heure du matin alors forcément, cela ne laisse pas beaucoup de temps à leurs ébats.
Puis après le repas, retour immédiat à madame Porchon et les tâches ménagères mornes et déprimantes. Papa et les enfants sont devant la télé, ils ont l’air de s’ennuyer à mourir mais passons, ce qui importe c’est qu’ils ne font rien pendant que maman trime.
Nous arrivons au moment des choses sérieuses. Un jour ces messieurs rentrent de leurs très importantes journées et maman n’est pas là. Elle a laissé un mot « Vous êtes des cochons. »
Et nous arrivons ici à l’endroit qui me donne envie de retrouver l’auteur et de lui en retourner une bonne dans la tronche. La mère abandonne la maison sans dire où elle va, ni si elle reviendra, laisse un mot dans lequel elle insulte sa famille et ça sans considérer à un seul instant qu’elle va démolir ses gosses !
Ses deux fils qui n’ont pas dix ans et ne font que copier le comportement de leur père ne valent pas d’être épargnés ? Cette mère est parfaitement immature, irresponsable et égoïste.
Ce que ce livre enseigne aux enfants, non pardon, aux petits garçons, c’est que si leur mère fait plus de tâches ménagères que leur père, alors elle est malheureuse en secret et ils sont de sales petits porcs qui ne méritent pas son amour. Je suis sûr qu’à l’époque de la sortie du livre et pour les dix années suivantes 95% des familles dans lesquelles atterrissait l’album correspondaient à ce schéma.
Personnellement, ce livre m’a réellement posé un problème alors que tout allait bien dans ma famille, voire même, ma mère au contraire nous faisait tous un peu fonctionner au chantage. J’aurais eu besoin exactement de l'inverse, c’est-à-dire apprendre que si une personne se tue à la tâche alors qu'on ne lui demande rien et qu'en plus elle fait subtilement obstacle à ce qu'on l'aide, il ne faut surtout pas tomber dans la culpabiltié ou la gratitude imposée.
Ne pas partager les tâches ménagères ou ne pas les partager de manière équitable est une manière très simple de soumettre les gens avec qui l’on vit. Tu as un sentiment d’infériorité avec ta copine ? Fais la vaisselle juste un peu plus souvent qu’elle et cuisine juste un peu plus souvent qu’elle, elle en concevra rapidement une culpabilité, se dira qu’elle joue les princesses et te laissera passer bien plus de caprices qu’elle ne le réalise uniquement à cause de ce déséquilibre symbolique.
Les mères dévouées qui font tout mettent leur famille à genoux. Ce qu’elles demandent comme paiement c’est une soumission et une incapacité à les critiquer, les remettre en question ou leur tenir tête. Il ne faut surtout pas que le petit fiston apprenne à laver ses affaires, tout en lui reprochant régulièrement de ne pas le faire. Il faut laver sa chambre pendant son absence, mais le faire culpabiliser de ne pas le faire etc…
Alors bien sûr, il existe également réellement des épouses esclaves coincées avec un mari tyran, dans certaines religions par exemple, mais justement, on ne peut pas juger sans creuser la question. Le féminisme ne veut qu’un seul cas de figure : femme victime innocente impuissante affaiblie par sa sensibilité et coincée dans la situation, homme agresseur dominant tout puissant insensible et indépendant.
Mais bref, madame Porchon fait sa petite révolution narcissique et traumatise ses deux gosses sans hésitation, bravo, je suis rempli d’admiration pour cette femme forte incapable de prendre son mari à part pour lui expliquer qu’elle en a ras-le-bol de tout se taper dans la maison.
On remarque qu’à la seconde où monsieur Porchon lit le mot fatidique, sa main se transforme en celle d’un Sus Scrofa Domesticus. Dans la page suivante, les enfants aussi sont devenus deux petits cochons. On constate là l’échelle de l’impact du regard de la mère sur ses trois hommes. Ils la vénèrent. Pas une once de remise en question. « Maman a dit qu’on était des cochons, alors nous en sommes. »
Et les voilà qui, comme pour se punir, se mettent à entasser les assiettes sales et les restes de nourritures partout. Incapable de cuisiner, ils mettent des heures à se préparer des repas infâmes. AH ! Bien fait pour eux ! Ils comprennent enfin que c’est pas facile de faire à manger ! Eux qui demandaient leur repas avec tant d’impatience.
Les choses vont aller très loin puisque papa Porchon est même incapable d’aller faire les courses lui-même pour nourrir ses enfants. A côté de cela, ils se montrent incapables de repasser leurs vêtements ou de les laver. Au-delà de l’esprit revanchard idiot de la chose, l’histoire nous force à constater qu’ils avaient bel et bien besoin de la maman. Le papa avec son travail important, les garçons avec leur école importante, ne savent pas se débrouiller à la maison sans elle. Maman Porchon décide de réapparaître à ce moment critique. Les illustrations ne font pas dans la nuance, on voit qui est soumis et qui domine.
C’est encore une des hypocrisies des féministes, instaurer une domination miroir d’une ancienne qui n’a jamais existé telle qu’elles la décrivent.
- S’il te plait, reniflèrent-ils, reviens.
Ils ne font aucune excuse, ils n’ont pas compris la raison du départ. (ou du moins, ça n'est pas important du moment qu'ils sont maintenant à genoux).
Après cette bonne leçon, les trois hommes se mettent soudainement à participer aux tâches ménagères (maman aurait-elle ouvert la bouche ?). Et lorsqu'on voit l’enthousiasme avec lequel ils participent et le peu de raisons pour lesquelles ils ne faisaient rien à la base, ainsi que le mutisme intégral de la mère, on peut se demander si la fuite était bien nécessaire. Réponse : Non, elle ne l’était absolument pas, la mère est une folle.
En réalité, je ne sais même pas comment prendre cette histoire tellement la mère est ridicule. Les trois hommes sont tout heureux d’être utiles, ils apportent leurs couleurs criardes aux activités si déprimantes de la maman et il est même statué qu’ils prennent du plaisir à cuisiner.
Tout au long de l’histoire, on les voit beaux et souriants. La mère n’a au départ pas de visage, il apparait à l’avant-dernière page avec ce magnifique commentaire :
"Maman était heureuse aussi."
Et parce que cette histoire n’était pas suffisamment débile de propagande frontale insensée, elle sourit pour la première fois quand elle répare la voiture.
C’était ça son secret honteux ? Elle voulait réparer la voiture ? Je pense pas que quelqu’un l’aurait deviné, elle aurait peut-être dû arrêter d’espérer que son mari lise dans ses pensées et s’adapte à elle sans interaction.
Je ne sais pas où la situation en est aujourd’hui, mais il y a clairement eu un problème pour ce qui est du partage des tâches ménagères à une époque. Et je veux bien croire que des femmes moins débiles en parlaient à leurs maris elles, et se trouvaient confrontées à un mur d’indifférence.
Mais cette histoire pousse les choses dans un extrême absolument stupide et sexiste plutôt haineux que je trouve assez révélateur d’une certaine idéologie misandre, surtout quand on voit le dos de l’album.
Si je voulais pousser mes enfants à aider mon épouse à faire les tâches ménagères, je dessinerais un album dans lequel une mère a terriblement besoin d’aide pour réussir de bons plats, se sent fatiguée alors qu’elle veut jouer à un jeu ou regarder un film, casse son assiette préférée parce qu’elle doit faire la vaisselle en vitesse. On peut inventer des centaines de situations dans lesquelles l’intervention des enfants est gratifiante et les aide à se construire une image d’eux-mêmes positive.
A Calicochon transforme une situation à peine problématique en raison pour une mère de quitter son foyer, et ses enfants, sans jamais parler du problème. Le non-dit, l’invisibilité de la chose ouvre la porte à la possibilité que n’importe quel enfant… pardon… petit garçon puisse croire qu’il y a un problème entre ses parents mais qu’il ne peut pas le savoir, ou que sa mère est malheureuse à cause de lui, mais qu’il ne peut pas le savoir.
Enfin, un dernier mot sur le féminisme, toute cette cruauté irresponsable est volontaire. Parce que le féminisme est une idéologie creuse, elle a besoin de se positionner en redresseuse de tort, et donc de faire du mal, pour prétendre qu’elle fait quelque chose. La seule manière dont le féminisme actuel peut exister c’est en étant stupide, sans nuance, violent, injuste et exagéré parce qu’à la minute où il devient intelligent… il se noie parmi tout ce qui existe déjà pour parler des problèmes de rapport entre hommes et femmes de manière intelligente et sensible et qui existe depuis toujours.
Une femme forte à une époque, c’était une femme courageuse ou avec du caractère. On en voyait dans toutes les œuvres. Aujourd’hui c’est une peste sans cervelle qui insulte ou frappe tout le monde, parce que sinon, le féminisme n’existe pas. Et la femme nuancé d’avant et bien elle, il faut faire comme si elle n’existait pas.
Autre exemple tiré de A Calicochon, la mère qui finit par réparer la voiture. Combien de femmes aiment la mécanique ? Oui, une femme peut aimer ou avoir envie de savoir réparer une voiture. Et oui, un homme peut s’en moquer. La réalité c’est que c’est bien utile, bien agréable et gratifiant de pouvoir se débrouiller qu’on soit un homme ou une femme. En attendant, notre culture n’a jamais poussé les femmes à savoir le faire et ça ne les a jamais vraiment trop gênée. Alors si la fille de cette BD était une exception, qu'est-ce que cela signifie ? Combien de femmes préfèrent amplement la cuisine à la mécanique auto ? 99.9% Et elles ont bien raison. Pour arracher un discours subversif au néant, les féministes construisent des généralités à partir d’exceptions.
Moi je crois que l’andouille de cet album souffrait juste de la solitude et d’un sentiment douloureux de n’avoir aucune importance et que grâce à son initiative, elle s’est réellement rendue dispensable parce que 1-ses hommes savent maintenant se débrouiller sans elle 2-Ils savent aussi que son amour peut se volatiliser sans raison subitement et qu’il faudra vivre avec si cela arrive.