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Tout l'argent du monde : Abigail Harris est derrière l'enlèvement. (2800 mots)

Publié le par Kevin

Tout l'argent du monde : Abigail Harris est derrière l'enlèvement. (2800 mots)

Je ne vais pas me plonger dans une analyse interminable comme à l’accoutumée ici, je n’en ai pas le temps. Je vais donc me contenter de lancer l’idée et les arguments au petit bonheur la chance.

Synopsis (sur allociné) de Tout l’argent du monde : « Rome, 1973. Des hommes masqués kidnappent Paul, le petit-fils de J. Paul Getty, un magnat du pétrole connu pour son avarice, mais aussi l'homme le plus riche du monde.  Pour le milliardaire, l'enlèvement de son petit-fils préféré n'est pas une raison suffisante pour qu’il se sépare d’une partie de sa fortune. 
Gail, la mère de Paul, femme forte et dévouée, va tout faire pour obtenir la libération de son fils. Elle s’allie à Fletcher Chace, le mystérieux chef de la sécurité du milliardaire et tous deux se lancent dans une course contre la montre face à des ravisseurs déterminés, instables et brutaux. »

Gail Harris s’est mariée avec John Paul Getty II pour l’argent et le confort.

Je n’ai vu le film qu’une seule fois et les deux seuls éléments de leur relation dont je me souvienne sont John qui câline Gail et se prend un « Tu as les mains froides » et Gail qui lui suggère de demander à son père de lui trouver un job.

"Tu as les mains froides ! Les enfants sont dans le coin ! Non ! Stop !" Rien ne fonctionne ? Ok. Prostitution.

"Tu as les mains froides ! Les enfants sont dans le coin ! Non ! Stop !" Rien ne fonctionne ? Ok. Prostitution.

Petit code couleur Grand-père, père, petit-fils.

John Paul Getty II se fait donc dévorer par John Paul Getty the first le capitaliste milliardaire. Dans l’exercice de ce nouveau job trouvé par papa, iI trompe sa femme, puis devient une épave droguée zombiesque.

Attention, la transformation est rapide de père de famille aimant à homme/enfant qui veut sa maman.
Attention, la transformation est rapide de père de famille aimant à homme/enfant qui veut sa maman.

Attention, la transformation est rapide de père de famille aimant à homme/enfant qui veut sa maman.

Ainsi, l’histoire familiale de John et Gail est déjà un indicateur du fait qu’elle n’aimait pas son mari mais était bien là pour le fric. Si elle l'avait aimé, elle aurait tout fait pour l’éloigner de son père riche.

Au moment du divorce, Getty 1 exige que la garde de l’enfant soit attribuée à Getty 2 sans quoi il refuse de le mettre sur son héritage. En gros, Gail ne verra pas l'ombre d'un centime.

A ce stade, il est compréhensible que Getty II soit une loque. Son père ne pense qu’au fric, sa femme n’est là que pour le fric, son fils devient l’objet d’une guerre entre ces deux fous et lui, il n’est rien, il n’existe pas.

Le premier pivot du film vient du fait que Gail exige la garde de l’enfant même si cela doit lui faire perdre tout espoir de s’approcher de la fortune du grand-père. Elle apparait donc comme la mère qui valorise l’amour filial au-delà du confort économique, comme celle qui méprise l’argent.

C’est justement là qu’est le sous-texte rigolo, car c’est John Getty qui valorise l’amour filial au-delà de l’argent (comme beaucoup de riches désespérés) et Gail Harris qui valorise l’argent au-delà de l’amour filial.

La femme tente simplement un coup de poker. Elle sait que si elle accepte de céder la garde de son propre fils à l’épave qu’est devenue John Getty II, il sera clair qu’elle le fait parce qu’elle espère tâter un peu du fric du grand-père au travers de l’héritage de son fils (Getty a 80 ans). Elle n’a d’autre choix que de prétendre qu’elle tient plus à son fils qu’à l’argent, elle doit continuer dans le mensonge qu’est toute son histoire avec John Getty 2 et se montrer un peu plus patiente (Que sont deux ou trois années face à tout l’argent du monde ?). Elle s’est mariée et a eu un enfant avec lui uniquement comme des concessions faites à la richesse qui ne tarderait pas à arriver. (prostitution).

Et donc, lorsque John Getty III se fait enlever peu de temps après le divorce, Fletcher Chace, John Getty et la police locale ont un suspect immédiat : Gail Harris. Et ils ont raison. Fin.

Paul trouve plus de bienveillance en une prostituée anonyme que dans sa famille.

Paul trouve plus de bienveillance en une prostituée anonyme que dans sa famille.

Si John Getty semble se moquer éperdument de l’enlèvement de son petit fils préféré, s’il fait des déclarations publiques dans lesquelles il annonce qu’il ne payera rien, c’est bien parce qu’il est persuadé que c’est Gail qui est derrière toute l’affaire. Sans quoi il annoncerait publiquement qu’il ne payera pas mais paierait la rançon en secret.

Le film ne raconte pas exactement l’histoire d’un enlèvement et d’une demande de rançon mais plutôt celle d’un bras de fer tel que Getty raconte au début du film lorsqu’il est parvenu à acheter pour 10 euros une statuette qui en valait 19, après maintes négociations.

La vie du petit-fils n’est jamais réellement en danger, c’est du bluff. Fletcher fait remarquer à Gail qu’elle passe son temps à dire « Joke » lorsqu’elle parle du kidnapping.

L’intrigue du film ne tourne pas autour de la libération de l’otage, mais autour de la manière dont Fletcher, la police et Getty vont tenter de faire craquer Gail.

Fletcher est engagé pour enquêter sur l’enlèvement, avec qui passe-t-il 100% de son temps ? Gail Harris. La police annonce qu’ils ont retrouvé le corps de Getty III, au final c’est celui d’un homme qui a 20 années de plus. Les flics sont-ils suffisamment débiles pour faire une telle erreur ? Non, ils voulaient voir la réaction de Gail qui n’a aucune raison de croire que c’est le corps de Getty III. La police veut fouiller le courrier de Gail Harris sans mandat ? Ils prétendent qu’elle a reçu un nombre phénoménal de lettres de demandeurs de rançon (dont certaines sont sans doute véritables). Dans le lot, celle de communistes à qui Fletcher rendra visite et qui lui parleront de l’idée de « faux kidnapping. » (Indice de type 20: apprentissage utile)

Gail Harris joue toutes ses cartes pour séduire Fletcher Chace, celui qui mène l’enquête et qu’il lui serait bien utile de tenir avec son cul, mais celui-ci n’est absolument pas dupe.

"Oh comme je suis saoule et bandante et j'ai besoin de réconfort, n'importe quel homme qui profiterait de la situation aurait ses chances."

"Oh comme je suis saoule et bandante et j'ai besoin de réconfort, n'importe quel homme qui profiterait de la situation aurait ses chances."

A chaque nouveau rebondissement qui devrait mettre Gail sur les rotules, la faire fondre en larme, lui faire exprimer sa détresse et sa terreur, il n’y a rien. Aucune émotion. On se dit qu’elle fait preuve de sang-froid et d’abnégation, qu’elle est juste terriblement concentrée sur son but ultime : revoir son fils. Sauf qu’au final, lorsqu’elle le revoit, il ne se passe rien. Aucune effusion, aucun cri, aucune larme. Et dans la voiture, lorsque Fletcher Chace ajuste le rétroviseur central pour bien confirmer ce qu’il pense, elle prend Getty III dans ses bras, le baise froidement sur le crâne et OH SURPRISE, ils arrivent à un péage où les attendent des dizaines de journalistes bien prêts à immortaliser l’instant. Gail Harris savait bien qu’il y avait un péage, et il aurait été difficile de ne pas deviner qu’il y aurait des journalistes (alors qu'ils sont là tout le temps tout le long du film). Elle couvre ses arrières.

Ce n'est pas une accusation légère que de dire que je ne crois pas en cette scène d'affection entre Gail et Paul. Cependant, il existe des mères parfaitement capables de feindre un geste affectueux envers leur enfant et cela pour des motivations parfaitement égoïstes... et ce moment clef du film me semble avoir été parfaitement construit dans ce sens. Gail est dos au mûr. Fletcher l'observe, les journalistes sont 1km plus loin. Elle embrasse Paul et parvient à obtenir la pause parfaite au moment parfait.

Ce n'est pas une accusation légère que de dire que je ne crois pas en cette scène d'affection entre Gail et Paul. Cependant, il existe des mères parfaitement capables de feindre un geste affectueux envers leur enfant et cela pour des motivations parfaitement égoïstes... et ce moment clef du film me semble avoir été parfaitement construit dans ce sens. Gail est dos au mûr. Fletcher l'observe, les journalistes sont 1km plus loin. Elle embrasse Paul et parvient à obtenir la pause parfaite au moment parfait.

"Encore ce mot." "Quel mot ?" "Une blague." Fletcher fait sentir à Gail qu'elle a un comportement suspect.

"Encore ce mot." "Quel mot ?" "Une blague." Fletcher fait sentir à Gail qu'elle a un comportement suspect.

Fin du film, Gail, Getty III et Fletcher forment une magnifique famille recomposée dans le courage et l’adversité… ah non. Gail dit à Fletcher « pour moi, vous êtes comme un membre de la famille » il lui répond « merci madame » rétablissant ainsi une énorme distance. Fletcher et Getty III se cassent en faisant un bras d’honneur à Gail qui a hérité de la fortune du vieux mais n’a pas le droit de la dépenser (si je comprends bien).

 

Mais donc, en quoi John Paul Getty valorise-t-il les liens filiaux en refusant de payer la rançon ?

Getty ne peut pas payer la rançon car s’il le fait, Gail obtiendra une part énorme de l’argent. Sans doute une dizaine de millions. Or, si elle atteint cet objectifs le petit-fils ne lui sert plus à rien. Dès qu’elle a le pognon, il est fort probable qu’elle disparait, et le gamin se prend en pleine face à quel point sa mère s’en tamponnait de lui.

Lorsque John Refuse de payer la rançon, Cinquanta demande à John III « est-ce que ta famille ne t’aime pas ? » Toute l’intrigue tourne autour de l’amour. Le danger qui pèse sur le petit-fils c’est de voir à quel point il ne représente rien aux yeux de sa famille. Sauf que, si l’on croit que c’est de l’amour de son grand-père, c’est en fait de l’amour maternel qu’il est question. Le grand-père veut qu’elle se trahisse ou qu’elle admette la vérité, qu’elle renonce à son but, qu’elle atteigne une limite à laquelle elle fasse l’apprentissage que « ça n’en vaut pas le coup. » (Edit: est-ce que Getty 1&3 ne seraient pas de mèche ?)

Alors que je regardais le film, j’ai pris en note une réflexion : Si Gail Harris est derrière l’enlèvement, alors un élément final devrait suggérer qu’elle pouvait sauver son fils à n’importe quel moment mais qu’elle a laissé durer les choses simplement pour obtenir la rançon.

Finalement, cet élément a pris une forme à laquelle je ne m’attendais pas : l’absence du père (Getty II). Tout au long du film, John Paul Getty II est absent des négociations et de l’intrigue. Il ne réapparait qu’à la fin lorsque Getty 1 a besoin de lui pour pouvoir payer la rançon indirectement. Il veut que son fils lui emprunte 4 millions à un taux de 4%. Un prêt impossible à rembourser qui semble signifier que Getty est une ordure bouffé par l’avarice prête à endetter jusqu’à son propre fils, mais en réalité, il ne lui demanderait simplement jamais de le rembourser.

Très souvent dans le film, Gail a l'air vexée, tendue ou agacée et d'autres sentiments tous tournés vers Soi, alors que dans sa situation, on s'attendrait à ce que ce soit les intérêts de son fils qui la motive et que son égo disparaisse.

Très souvent dans le film, Gail a l'air vexée, tendue ou agacée et d'autres sentiments tous tournés vers Soi, alors que dans sa situation, on s'attendrait à ce que ce soit les intérêts de son fils qui la motive et que son égo disparaisse.

Mais laissons de côté le détail du prêt pour nous attarder sur le plus important : Getty accepte de payer la rançon en même temps que Getty 2 réapparait dans le film. Je ne me souviens même plus du moment où le père de l’enfant est mis au courant du fait que son fils a été enlevé. Toujours est-il que jusqu’à ce moment-là, on ne sait même pas s’il est au courant ni ce qu’il en pense. Et Gail ne s’inquiète jamais de le prévenir, ne se plaint jamais de son absence etc… cette réintroduction du père par le grand-père est une accusation indirecte. Pourquoi Gail n’a-t-elle pas cherché à utiliser son mari pour convaincre le grand-père ? Si elle est tellement dévastée et motivée comme une mère éplorée, pourquoi n’a-t-elle même pas pris la peine de prévenir le père de l’enfant, fils de Getty ? Surtout qu’elle n’est que la belle-fille de Getty. Elle sait qu’il se méfie d’elle. Si elle voulait uniquement sauver son fils, elle utiliserait son mari sans hésitation.

Aussi, Getty se décide à payer la rançon quand le gamin se fait couper une oreille. Lorsque les choses deviennent sérieuses de manière inattendue… et par qui se fait-il couper une oreille ? Par un deuxième groupe de kidnappeur. Pourquoi avoir intégré cet élément dans l’intrigue ? Parce que le premier groupe était inoffensif, parce que l’enlèvement était du bluff et commandité par Gail Harris.

Le kidnappeur pas foutu de garder sa cagoule cinq minutes. Respect.

Le kidnappeur pas foutu de garder sa cagoule cinq minutes. Respect.

Et pourquoi les kidnappeurs ne reçoivent-ils que 1.600.000 dollars à la fin du film ? Gail n’avait-elle pas obtenue que Getty paye les quatre millions ? Et pourquoi dit-elle à la télévision que Getty va payer l’intégralité de la rançon, sans dire le montant ?

D’une manière générale, ce qui m’a convaincu qu’elle était derrière l’enlèvement, ce ne sont pas tous ces éléments mais les nombreuses fausses notes, les décalages, les incohérences dans les événements mais surtout dans les comportements et les réactions de Gail.

Avant l’intervention des militaires, qui tourne d’ailleurs au massacre, Fletcher s’énerve justement de voir que les soldats se croient à la guerre et que dans ce genre d’opération, l’otage est souvent tué avec les criminels. Le commandant le regarde en silence et Fletcher s’exclame « qu’est-ce qu’il a à me regarder comme ça lui ? » Le petit temps mort étrange, ainsi que la répartition des plans entre les personnages souligne un malaise. Ce qu’il se passe pour moi, c’est que le soldat est intrigué du fait que ça soit Fletcher qui pète les plombs alors que Gail est perdue dans ses pensées. Elle ne supplie personne de faire attention à son fils, ne supplie personne de « lui ramener son petit garçon. » Rien, elle est clairement préoccupée, mais pas vraiment par ce qu’il se passe.

Flechter évoque la forte possibilité que Paul se fasse tuer pendant l'intervension et jette de rapides coups d'oeil à Gail pour voir sa réaction.
Flechter évoque la forte possibilité que Paul se fasse tuer pendant l'intervension et jette de rapides coups d'oeil à Gail pour voir sa réaction.

Flechter évoque la forte possibilité que Paul se fasse tuer pendant l'intervension et jette de rapides coups d'oeil à Gail pour voir sa réaction.

Gail est préoccupée certes, mais par totalement autre chose. J'adore ce film.
Gail est préoccupée certes, mais par totalement autre chose. J'adore ce film.

Gail est préoccupée certes, mais par totalement autre chose. J'adore ce film.

Quelques minutes plus tôt, lorsqu’elle sort de la voiture et regarde les nombreux soldats prêts à intervenir, elle cligne des yeux excessivement, comme si elle ne croyait pas ce qu’elle voyait.

Gail est clairement gênée par quelque chose. Le déploiment de l'armée ? L'intervention la plus brutale possible ? Pourquoi ne dit-elle rien ?
Gail est clairement gênée par quelque chose. Le déploiment de l'armée ? L'intervention la plus brutale possible ? Pourquoi ne dit-elle rien ?

Gail est clairement gênée par quelque chose. Le déploiment de l'armée ? L'intervention la plus brutale possible ? Pourquoi ne dit-elle rien ?

Tout au long du film, Gail Harris a des tics, des soupirs, ferme les yeux ou a des silences qui ne fonctionnent absolument pas avec les émotions qu’elle devrait trahir. Et s’il faut, bien sûr, faire attention à ne pas juger quelqu’un sur les apparences ou en se disant que tout le monde réagit de la même façon face à une situation aussi terrible, il faut tout de même également accepter de voir comme suspects, des comportements suspects.

Gail négocie avec Cinquanta: "Il faut que vous me donniez plus de temps, je combats un empire moi ici." Son enfant s'est fait couper l'oreille, Fletcher vient d'en reparler et Gail trouve encore le moyen de faire des figures de style sur le ton le plus détâché qui soit. On dirait une secrétaire qui est surchargée de travail et qui dit à ses collègues de lui lâcher la grappe. Elle s'en fout totalement de son môme.

Gail négocie avec Cinquanta: "Il faut que vous me donniez plus de temps, je combats un empire moi ici." Son enfant s'est fait couper l'oreille, Fletcher vient d'en reparler et Gail trouve encore le moyen de faire des figures de style sur le ton le plus détâché qui soit. On dirait une secrétaire qui est surchargée de travail et qui dit à ses collègues de lui lâcher la grappe. Elle s'en fout totalement de son môme.

Fletcher teste Gail émotionnellement (encore) mais elle reste imperturbable.

Fletcher teste Gail émotionnellement (encore) mais elle reste imperturbable.

Lorsqu’elle reçoit un coup de fil de Paul qui est parvenu à s’échapper, elle lui demande « Où es-tu ? » avec une insistance froide sans même se réjouir d’entendre sa voix. Évidemment, elle se concentre sur le plus important pour le sauver plutôt que de perdre du temps en effusions… ou pas. Peut-être est-elle juste froide parce qu’elle n’a aucune émotion à exprimer.

Un autre exemple d’échange très suspect, est celui qu’elle a avec Cinquanta à la fin du film lorsqu’il lui dit qu’il a mis sa vie en danger pour son fils et lui demande ce qu’elle, elle a fait en disqualifiant la quête de la rançon. Pourquoi le kidnappeur reproche-t-il à la mère de ne pas faire tout ce qui est en son pouvoir pour sauver son fils ? Et pourquoi ce kidnappeur dit-il à Paul de quitter l'Italie ? N'est-il pas en sécurité dans sa famille ?

Et pourquoi Paul prend-t-il la fuite lorsqu’il tombe sur Fletcher à la fin du film ? Pendant que Gail questionne hyper calmement les autochtones pour savoir s’ils n’auraient pas vu un jeune américain aux cheveux bouclés poursuivi par une centaine de tueurs.

Après l’intervention impitoyable des militaires sur le petit groupe de « kidnappeurs » incompétents, Gail se jette sur la chemise de Paul qu’elle trouve dans sa cellule et en retire deux lettres qui lui sont adressées à elle. Pourquoi a-t-il deux lettres adressées à sa mère dans la poche ?

Tout l'argent du monde : Abigail Harris est derrière l'enlèvement. (2800 mots)
Tout l'argent du monde : Abigail Harris est derrière l'enlèvement. (2800 mots)

Parce que Paul savait que sa mère allait le faire enlever (ces lettres sont celles que la police cherchait). C’est pour cette raison qu’au début du film il va voir des prostituées et qu’il est tout heureux lorsque l’une d’entre-elle lui dit : « la rue n’est pas une place pour un garçon comme toi. Evite à ta mère de s’inquiéter. » Ainsi, si une prostituée peut faire preuve de bienveillance vis-à-vis de lui -le renvoyer chez sa mère plutôt que de chercher à coucher avec lui pour de l’argent- sa mère le peut. (Puisqu’évidemment, Gail Harris est donc une prostituée).

Ainsi, ce que Gail pourrait faire pour son fils, c’est simplement lui dire qu’elle l’aime et l’aimer. Car tant qu’elle ne le lui dit pas, il ne peut pas savoir si elle ne serait pas capable de le tuer pour ensuite s’enfuir avec l’argent de la rançon. Et d’ailleurs, à quel moment est-il clair qu’elle n’espère pas qu’il se fasse tuer ?

Premières négociations du film: le divorce.

Premières négociations du film: le divorce.

Getty a trouvé un adversaire à sa taille en Gail. D'ailleurs, la partie commence dès le départ lorsqu'il offre un faux objet de valeur à son petit-fils pour voir si Abigail va le revendre. C'est un piège pour la tester. Mais elle vise bien plus haut qu'un simple million.

Getty a trouvé un adversaire à sa taille en Gail. D'ailleurs, la partie commence dès le départ lorsqu'il offre un faux objet de valeur à son petit-fils pour voir si Abigail va le revendre. C'est un piège pour la tester. Mais elle vise bien plus haut qu'un simple million.

Bref, je ne peux pas entrer dans des analyses plus précises car je n’ai vu le film qu’une seule fois et n’ai pas nécessairement l’intention de le reregarder.

Je suis un peu intrigué par le sens métaphorique d’une telle histoire. Car nous parlons ici de l’homme le plus riche de l’histoire de l’humanité et de l’argent du pétrole et il est beaucoup question dans le film d’homosexualité, de virilité et d’émasculation et je me demande si l’idée derrière tout ça ne serait pas que la richesse pose problème dès qu’elle a le pouvoir de détourner les femmes des hommes ou de leurs enfants. Ainsi, John Paul Getty aurait commis le crime, ou l’erreur tragique, de créer un monde dans lequel on peut devenir tellement riche que la richesse peut détourner des deux choses les plus primordiales de l’existence : le partenaire sexuel et la progéniture.

Beaucoup d’imbéciles défendent l’idée qu’il est « naturel » que les femmes préfèrent les hommes riches comme la lionne préférera le lion le plus fort mais le pouvoir que confère l’argent n’est pas un pouvoir qui découle d’une quelconque qualité. Le lion le plus fort du groupe est le lion le plus fort du groupe. Comme le dit lui-même Paul Getty, n’importe quel imbécile peut devenir millionnaire. Or, si n’importe quel imbécile peut devenir millionnaire, et que l’argent vaut plus aux yeux des femmes que la qualité de l’individu qu’elle sélectionne en tant qu’amant ou que la vie de ses enfants, alors les valeurs du monde s’écroulent.

Si l’argent, qui n’a aucune idéologie ni aucune valeur autre que la sienne, devient plus fort que l’attirance sexuelle ou l’amour maternel pour sa progéniture, alors plus rien ne peut exister. Plus rien n’a de sens.

Et comme souvent, la tagline du film contient le sous-texte dans son ambiguïté : « J. Paul Getty had a fortune. Everyone else paid the price. »

« Everyone else » c’est Paul II & III ou même Gail si on la croit innocente, mais c’est également tout le monde au sens littéral : l’humanité entière a payé le prix de l'existence d'une fortune telle que celle de Paul Getty.