Jackie : Kennedy est mort de ne pas avoir satisfait sa femme sexuellement. (600 mots)
Si j’écris cette lecture alternative, ça n’est pas tant parce qu’elle est passionnante, c’est juste parce qu’elle me permet d’immédiatement utiliser trois des indices de sous-texte que j’ai listé dans l’article que j’ai consacré à ces patterns que je croise régulièrement. (Paragraphes 3, 13 & 14: Robe rouge, danse, cigarette)
Si l’on regarde l’affiche de Jackie, on voit la robe rouge dont je parlais, symbole du fait que la femme qui la porte a sérieusement envie de sexe.
Mais le rouge ne se résume pas à la robe sur cette affiche, il colore absolument tout et fait même un peu se confondre Jackie Kennedy avec le décor. Évidemment, on pense aussi au sang de JFK assassiné à côté d’elle dans la limousine présidentielle pendant son passage à Dallas.
Ainsi, si la robe est le désir sexuel de Jackie et que le rouge autour réfère à l’assassinat, le fait que la couleur soit exactement la même pour les deux suggère qu’ils sont liés.
Jackie Kennedy aurait fait assassiner JFK parce qu’il n’assurait pas au plumard ! Pardon !?! Je ne crois évidemment pas en cette idée, ni ne pense que c’est ce que le film essaye de suggérer.
Cependant, dans le film, Jackie aborde clairement la pauvreté de sa vie sexuelle avec le président, et on la voit fumer comme un pompier tout le long du film, elle est chaude comme la braise.
Durant l’introduction, on voit la manière dont elle est réduite à une position de meuble dans la maison blanche. Elle est alors obsédée par la beauté. Elle ne sert à rien et est totalement dévorée par sa position de première dame. Kennedy lui reproche de faire des dépenses, d’organiser des concerts etc… c’est la description du « mal qui n’a pas de nom » de l’Américan Dream féminin (Décrit par Betty Friedan). Les femmes s’ennuient à en devenir folles. Jackie se débat pour remplir son existence.
On voyait également ça dans The Shape of Water, film dans lequel Strickland est attendu chez lui par une épouse terrifiante.
Il y en un qui a intérêt à accomplir son devoir conjugal sinon, Dieu seul sait ce qui va lui tomber sur le coin de la figure.
Vers la fin du film, Jackie Kennedy explique : « There are two kinds of women. Some women want power in the world. Others want power in the room. » (Il y a deux sortes de femmes: celles qui veulent de l’influence dans la monde, et celles qui veulent de l’influence dans la chambre).
Je trouve que cette remarque est faussement exclusive, mais bon, c’est Jackie Kennedy qui parle.
Femme du président, on peut se dire qu’elle fait partie des premières alors que surprise ! elle fait en fait partie des secondes, peut-être même l’a-t-elle découvert à son grand désarroi. Jackie dépeint l’histoire d’une femme qu’on prend pour une bourgeoise coincée qui voulait le fric, le pouvoir et la gloire, alors qu’elle voulait être désirée sexuellement et prise. Une femme simple en gros.
De manière amusante, elle constate : « j’aurais dû épouser un homme ordinaire, fainéant et moche. » Ce qui me fait bien rire mais représente une réelle leçon de vie. Jackie découvre que le sexe est plus important que tout.
Lorsqu’elle déclare qu’elle aurait pu sauver Kennedy, qu’elle aurait pu se mettre entre lui et les balles, la raison pour laquelle elle ne l’a pas fait n’est pas difficile à trouver : il ne voulait pas de son corps, elle ne le sacrifierait pas pour lui.
De même que l’enterrement sublime qu’elle admet avoir mis en place pour elle-même, est une déclaration officielle de son retour sur le marché sexuel. Elle veut que tout le pays la voie enterrer son mari, que tout le monde sache qu’elle est maintenant disponible. Hélas, comme le conclut le journaliste, elle est maintenant perçue comme une mère, ou comme la première dame éternelle.
Le journaliste a remarqué un changement de comportement chez Jackie Kennedy le jour de l'enterrement, elle qui faisait si attention à sa vie privée, s'est exposée publiquement et mise en scène comme jamais auparavant.
Jackie raconterait donc les déboires d’une femme qui s’est retrouvée enfermée dans une position dans laquelle plus personne ne la considère sexuellement et qui tente désespérément d’y échapper.
Je commence à noter une mouvance de films qui ont pour point central la pénétration. Le rapport entre deux individus qui n’est pas accessible aux homosexuels. Annihilation, Three Billboards Outside Ebbing Misssouri entre autres, et Jackie. (Edit: Phantom Thread aussi)
S'ajoute à cela le fait que Jackie est une jolie femme et qu'on ne la voit jamais s'enguirlander avec son mari. Aucune raison n'est développée pour expliquer pourquoi il la délaisse. Simple homosexualité ? Un thème également très présent dans le JFK d'Oliver Stone. Évidemment, il y a l'histoire de Marilyn Monroe, mais justement Marilyn Monroe est typiquement le type de femme pour mec qui est terrifié par son homosexualité.