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L’Homme bicentenaire : Andrew est un appareil électro-ménager. Partie 1 (7000 mots)

Publié le par Kevin

"L'épopée extraordinaire du robot qui voulait être humain." Euh... pardon ?

"L'épopée extraordinaire du robot qui voulait être humain." Euh... pardon ?

L’Homme bicentenaire : Andrew est un appareil électro-ménager. Partie 1 (7000 mots)

L’Homme bicentenaire est un étrange film bâtard qui passe constamment du merveilleux à la science-fiction. Nous sommes censés d’un côté croire en une unicité magique chez Andrew, le Golem qui devient humain, Pinocchio, La Belle et la bête, ce genre de choses, et de l’autre on nous assène de la haute technologie, reconstruction faciale, anatomie du corps humain, fabrication de prothèses, d’organes et d’un système nerveux central artificiels etc…

J’imagine que les spectateurs ne sont pas tous convaincus ou intéressés par les deux approches. Ceux qui acceptent le côté magique trouveront peut-être la SF un peu ennuyeuse et ceux qui veulent la SF trouveront le côté merveilleux un peu nian nian, sans parler de la comédie romantique saupoudrée sur tout ça.

Ce qui importe, c’est que les deux perceptions seront amenées à la même conclusion : Andrew était humain. Et les deux camps seront donc tombés dans le piège. Andrew n’est qu’un aspirateur de plus dans la longue liste d’aspirateurs sortis de NorthAm Robotics.

Il y a aussi le camp des gens qui n’ont pas aimé le film  (36% de popularité sur Rotten tomatoes) justement parce qu’ils ne trouvaient pas la transformation d’Andrew convaincante. Ceux-là sont dans le vrai mais ne se doutent pas nécessairement que le film puisse être dans leur camp.

L’Homme bicentenaire : Andrew est un appareil électro-ménager. Partie 1 (7000 mots)

L’histoire de L’Homme bicentenaire n’est pas celle d’un robot unique, différent, parvenu à évoluer jusqu’à l’humanité, c’est juste celle d’un robot armé d’une IA complexe qui pense qu’il doit se faire accepter comme étant un être humain.

Ce que ce film nous raconte c’est un accident, un concours de circonstances qui pourrait bien avoir des conséquences catastrophiques si réellement l’assemblée mondiale a officiellement validé l’humanité d’Andrew. Cependant, il reste la possibilité qu’ils se moquent de lui.

J’aimerais pouvoir amener les choses de manière impressionnante mais toute cette histoire est une telle bête méprise que c’en est plus drôle et ridicule qu’autre chose. Tout tient aux trois lois de la robotique :

1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ;

2. Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi ;

3. Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi.

L’Homme bicentenaire : Andrew est un appareil électro-ménager. Partie 1 (7000 mots)

Ce qui déclenche la folie c’est la troisième loi. Lorsqu’il arrive chez les Martin, il devient très vite clair pour Andrew que son existence ne tient qu’à un fil. La fille aînée comme la mère veulent voir la chose disparaître au plus vite, la plus petite en a peur et le père est un bourgeois moyen qui s’achète plein de gadgets technologiques dans l’espoir d’impressionner ses proches (et probablement son voisinage) et qui s’en lasse très vite. Plus clair encore, Grace va demander à notre NDR de se jeter par la fenêtre et tenter de le « tuer » selon les mots de Charles qui le considère comme un individu.

En réaction à cette attaque, le père affirme qu’Andrew devra à partir de ce moment être traité comme une personne à l’intérieur de la famille. Ce nouveau statut « être traité comme une personne » est amené comme une protection. « Traiter Andrew comme une personne » signifie « ne pas attenter à l’existence d’Andrew. » Aussi, la justification de Charles repose sur la valeur économique du robot. Une personne devient donc, pour Andrew, un objet qui vaut beaucoup d’argent.

Ainsi, la famille crée une situation dans laquelle la troisième loi de la robotique va pousser Andrew à se conduire comme une personne. Pour protéger son existence, il doit amener les humains à le considérer comme l’un d’entre eux.

A partir de cet instant, tout n’est plus qu’une partie d’échec entre Andrew et l’humanité.

Andrew la laisse gagner jusqu'à ce que Portia le remarque, il la met alors échec et mat immédiatement pour la contredire.

Andrew la laisse gagner jusqu'à ce que Portia le remarque, il la met alors échec et mat immédiatement pour la contredire.

Mais surtout, à partir de cet instant, tous les comportements « humains » d’Andrew peuvent s’expliquer comme le résultat du besoin de construire l’illusion d’une humanité afin de se protéger.

 

Le premier élément qui porte atteinte à la crédibilité de l’histoire d’Andrew c’est la manière dont Charles Martin le considère dès le départ. Exactement comme dans le jeu Detroit : Become Human, le robot unique dont on va croire qu’il a une pensée propre est d’abord possédé par un humain qui voit en lui ce potentiel et va l’aider à le développer. Tout est déjà dit en réalité : le robot ne fait que suivre et agir en fonction des instructions directes, indirectes, implicites et explicites de son propriétaire.

L’Homme bicentenaire : Andrew est un appareil électro-ménager. Partie 1 (7000 mots)

Un film qui voudrait réellement nous parler d’un robot habité par une humanité magique, en ferait l’esclave d’un humain qui le traite réellement totalement comme une machine et contre lequel notre robot se rebellerait, motivé par sa souffrance et une quête de bien-être, d’équilibre. Andrew est heureux et satisfait d’un bout à l’autre du film et il est très vite soutenu inconditionnellement par son propriétaire, par sa fille, par la descendante de celle-ci ainsi que par un scientifique de pointe. Bien sûr, le fait qu’il ait besoin d’alliés n’est pas un problème en soit, ce qui est suspect c’est que tous ces alliés vont directement lui enseigner comment passer pour un humain.

La construction de l’humanité simulacre d’Andrew étant incroyablement complexe, je n’ai pas trouvé de moyen de l’analyser de manière satisfaisante et ordonnée. Je m’avoue vaincu et me contenterai de décrire les 36 premières minutes du film qui correspondent à la première époque de l’histoire.

 

Partie 2.