War of the Worlds (2005): L'Enjeu qui pèse sur Rachel (500 mots)

J’aime beaucoup « La Guerre des mondes » de Steven Spielberg. J’ai cependant toujours trouvé que la scène de découverte d’une faille chez les géants tripodes manquait de force, lorsque Ray Ferrier fait avaler deux grenades à l’un d’entre eux.

En le revoyant récemment, je me suis rendu compte de la dynamique qui la sous-tendait et qui m’avait échappé jusque-là.

J’ai longtemps pensé que derrière les apparences, Ray était un bon père et que c’était son ex-épouse qui était parvenue à lui donner le mauvais rôle aux yeux de ses enfants. J’ai cependant l’impression aujourd’hui que Ray n’est réellement pas un très bon père dans la structure du film. Il serait trop immature, trop peu attentif aux désirs de ses enfants, trop centré sur lui-même. Rien de bien monstrueux, mais un père qui ne se serait pas montré à la hauteur et qui devrait accepter son échec et qui se trouverait forcé de s’élever à la hauteur requise par des événements apocalyptiques.

Tout le long du l’histoire, on peut constater que Rachel est trop mature, trop bavarde, trop critique, trop intelligente pour son age.

Il y a une menace en creux dans cela, c’est qu’elle ne peut pas trouver à son père une place dans sa psyché, dans son inconscient collectif. Une place pour les hommes. D’ailleurs, le film pourrait bien être une métaphore de cela, mais je ne m’aventurerai pas là-dedans… même si maintenant que j’y pense, c’est assez visible.

Si les hommes sont des bons à rien, les tripodes sont nocifs. Tripodes, êtres à trois jambes, hommes en gros. Et leur rayon, plutôt que d’apporter la vie, répand la mort. Avec cette magnifique conclusion à l’intérieur de deux testicules métalliques qui dévorent les gens/spermatozoïdes. Bref, bref, bref une vision bien déformée de la masculinité avilie comme il se doit.

A la fin de ce voyage catastrophique, Rachel a vu tant d’horreurs qu’il est clair qu’elle va perdre la raison. La menace cauchemardesque qui pèse sur les personnages dissimule un peu cet arc narratif de la fillette : elle n’est pas en danger de mort, elle risque de devenir folle.

Lorsqu’il la retrouve dans le panier de stockage, Ray met plusieurs secondes à lui faire reprendre ses esprits. Sans lui, elle était la prochaine à se faire attraper.

Ce qui rend donc cette scène finale convaincante, c’est qu’elle construit l’illusion que Ray est invincible, aux yeux de Rachel. Il est attrapé, mâchouillé, sauvé par un soldat et soudainement, la machine démoniaque que la fillette a vu détruire et massacrer tout sur son passage depuis des jours explose subitement, sans autre raison que le fait qu’elle ait essayée de dévorer son père.

Et je comprends donc le sens du film.

Mary Ann, la mère, a tellement rabaissée Ray que ses enfants ont perdu le sentiment que leur père pouvait les protéger de quoi que ce soit, avoir un impact positif quelconque dans leur vie, cela à un niveau subconscient. Raison pour laquelle le fils est fasciné par l’armée. Il cherche un substitut.

Mais ce sauvetage inopiné final élève Ray au niveau d’un Dieu pour Rachel qui va pouvoir se construire normalement, confiante, convaincue d’être protégée par son papa super fort.

Les deux grenades de Ray sont ses deux enfants.

Ainsi que ses testicules, lien biologique avec ses enfants de toute manière.