Gone Girl: Le Mensonge s'écroulera. (864 mots)

Gone Girl est un film complexe et intéressant qui mériterait une analyse approfondie. Ce n’est cependant pas ce que je me propose de faire ici étant donné que je ne l’avais jamais vu et qu’une seule vision ne suffit largement pas à comprendre tous les tenants et aboutissants de cette histoire.

Mais la lecture alternative est tellement accessible que je ne peux m’empêcher de la pointer du doigt.

Comme dans le cas de Basic Instinct, le film s’arrête à l’apogée de la manipulation, lorsque la femme maléfique semble avoir gagné sans échappatoire possible pour sa proie alors qu’un certain nombre d’éléments annoncent sa chute à venir.

Amy Eliott disparaît en ayant mis en scène son propre meurtre afin de tout faire retomber sur Nicholas, son époux.

Après quelques étapes, elle se réfugie chez un ex qu’elle finit par assassiner lorsqu’elle décide de retourner à la maison en se faisant passer pour la victime. Elle impose alors à tous sa version des faits, et surtout, à son pauvre époux.

Même si tous les personnages qui pourraient s’opposer à Amy statuent leur impuissance, l’enquêtrice, l’avocat, la sœur de Nicholas et Nicholas lui-même, il est évident que la version de la folle manipulatrice est loin d’être parfaite. Elle est même assez bancale. C’est son image publique, sa représentation qui fait tout tenir. Les gens préfèrent croire sa version de victime plutôt que s’imaginer qu’elle puisse être une telle folle manipulatrice. C’est un phénomène psychologique commun. On gobe des mensonges, pas uniquement parce qu’on les croit mais parce qu’on a du mal à considérer une alternative parce qu’elle est trop sinistre, trop compliquée, trop bizarre.

Le film dépeint bien la différence qu’il y a entre manipulation parfaite (ça n’existe pas) et personnage désaxée qui se permet des choses incroyables que personne n’envisage… jusqu’à ce qu’on les envisage.

Amy se plante plusieurs fois. Elle se fait démasquer par un couple à l’hôtel où elle se cache, et se fait piquer tout son argent. La fille lui dit « tu as de la chance d’être tombée sur des gens gentils. » Ce qui est très vrai puisque Amy se fait passer pour morte. Elle représente une cible très facile.

Sa mise en scène de meurtre ne passe pas non plus. Et son ex petit ami se montre bien plus inquiétant et bien moins conciliant que prévu.

Mon argument ici, c’est que (comme dans Basic Instinct), le film nous fait la démonstration de la faillibilité de la manipulatrice. Elle est intelligente, elle est audacieuse, mais infaillible elle n’est pas.

La victoire finale d’Amy est impressionnante mais elle ne tient qu’à un fil. Nicholas lui offre beaucoup de résistance. Il la violente physiquement, il lui annonce qu’il la quittera dès que l’« atmosphère générale » le lui permettra.

L’élément déterminant, c’est la grossesse d’Amy. Nicholas ne se voit pas se battre pour la garde de son enfant.

Et la question sera donc celle-ci : est-ce bien son enfant ?

Nicholas pose la question il me semble mais aucun teste de parenté n’est fait.

Et surtout, les dynamiques à ce niveaux sont exacerbées.

On apprend que Nicholas et Amy avaient des difficultés à avoir un enfant. Il a déjà fait tester son nombre de spermatozoïde pour voir s’il était bien fertile. Amy a jeté les résultats à la poubelle et il n’a pas cherché à savoir ce qu’il en était.

Etait-il stérile ? Etait-il fertile ?

La réponse est nécessairement importante, dans le sens où elle a nécessairement joué un rôle dans la suite des événements. Alors ? Amy a pris la fuite parce que Nicholas était stérile ? Amy a pris la fuite parce que Nicholas était fertile et que c’était elle la « fautive » ?

Ou alors la réponse est-elle encore plus littérale ? Les résultats sont bons pour la poubelle parce qu’ils sont bons pour la poubelle ? Ils ne servent à rien… parce qu’Amy est enceinte de Nicholas est qu’il est donc, nécessairement, fertile.

Je pense que le sang dans la cuisine, c’est Amy qui avorte de panique à cause de l’horrible vie qu’elle a eu avec ses parents. Enfermée dans son rôle d’Amazing Amy, elle ne peut pas se résoudre à infliger ça à son enfant. Je comprends tellement ce sentiment horrible.

Mais ce n’est pas la question ici, la question est de savoir pourquoi sa manipulation serait condamnée à s’effondrer.

Parce que l’enfant qu’elle porte n’est pas de Nicholas.

Elle a un test de paternité positif puisqu’elle a déjà été enceinte de lui mais l’enfant qu’elle porte à la fin du film est de Desi Collings.

Ils n’ont eu qu’un seul rapport mais je pense que ça ne compte pas dans un film, c’est plutôt l’inverse, s’ils ont eu un rapport sans moyen de contraception, alors elle est enceinte et enceinte de lui, à la fin du film. Surtout qu’il est impossible que Nicholas et elle recouchent ensemble après son retour. Donc voili, voilà, elle a avorté de lui, et refait un enfant avec un autre homme.

Et tout s’écroulera quand Nicholas sera confronté à la vérité : elle a tué son enfant. Sa petite fille j’imagine. La petite fille qui est partie. La Gone Girl.