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The Pool : Les Derniers de la classe de la sélection naturelle. (1508 mots)

Publié le par Kevin

The Pool : Les Derniers de la classe de la sélection naturelle. (1508 mots)

Très souvent, les spectateurs se montrent sévères envers les histoires qui tournent à la catastrophe lorsque la dite catastrophe arrive parce que les personnages sont totalement stupides.

En réalité, je pense que ça n’est pas exactement une question de stupidité mais d’identification. Les gens veulent vivre la catastrophe et ils ne veulent pas s’identifier à des imbéciles profonds.

Je me suis donc trouvé étonné face à la profonde stupidité du protagoniste principal de The Pool qui m’a d’abord fait rire puis rire encore plus lorsque j’ai compris que vraiment, cela faisait partie intégrante du personnage, des dynamiques et plus encore de la problématique du film.

Day parle un petit peu trop bien le chien.

Day parle un petit peu trop bien le chien.

Je l’ai d’abord dit en rigolant avant de réaliser que ce n’était pas une blague : ce film est un commentaire sur la sélection naturelle et sur la beauté. Day et Koi sont deux jolies andouilles qui vont se retrouver à se battre dans une piscine vide.

La piscine, titre du film, The Pool, c’est également le bassin, le bassin génétique, the Gene Pool. Mon dieu, wikipédia ne traduit même pas l’expression.

« Un pool génétique étendu indique une diversité génétique importante, qui est associée à des populations robustes capables de survivre à des épisodes de sélection intense. »

Être bloqué dans une piscine vide en compagnie d’un alligator, ça c’est de la sélection intense.

Et donc la blague, c’est que Day, le personnage principal, va échouer de A jusque Z et cela, non pas parce que l’adversité le dépasse, mais parce qu’il est platement bête.

Au début du film, il apprend que sa compagne est enceinte. Clairement ça ne l’enchante pas. Il ne veut pas transmettre ses gênes. Dans un flashback qui vient plus loin, on voit son ami lui demander : « Qu’est-ce que Koy peut bien trouver à un mec comme toi ?

- Je suis beau, » répond Day.

The Pool : Les Derniers de la classe de la sélection naturelle. (1508 mots)

Il ne dit absolument pas ça avec l’autosatisfaction suffisante du mec populaire, au contraire, il a l’air désabusé. Il le pense vraiment et ça le déglingue. Il n’a que ça à offrir, sa beauté.

Tous les rebondissements du film vont nous montrer à quel point Day a toujours un train de retard sur tout. Il ne se conduit pas uniquement de manière stupide à l’écran, l’histoire construit la démonstration de sa défaillance.

Par exemple, il se permet de s’endormir sur un matelas gonflable dans une piscine destinée à être vidée dépourvue d’échelle et n’aborde pas la question avec son ami avant que celui-ci ne parte. « Comment est-ce que je vide la piscine ? » L’autre lui aurait répété qu’il venait de le faire. Mais non. Day ne se soucie de rien. Son ami le prévient, mais il dort à moitié et lorsqu’il le voit attacher son chien, il lui demande pourquoi il le fait mais ne tilte pas. Il n’a aucun instinct de survie. Il ne prends jamais la moindre précaution, il ne fait preuve d’aucune prudence. Clairement son personnage a été écrit en prenant soin de le priver de toute prudence. Il réagit impulsivement et se jette sur la moindre erreur qu’il puisse commettre.

The Pool : Les Derniers de la classe de la sélection naturelle. (1508 mots)

Lorsqu’il s’aperçoit que l’eau descend et qu’il va être bloqué il s’empresse d’aller s’accrocher à la gouttière de la piscine et de constater « ridiculous ». Il retourne chercher le matelas gonflable qu’il aurait du prendre immédiatement. Il a perdu un temps précieux parce qu’il n’a pas réfléchi.

C’est la même chose avec son portable et l’appel de Koy. Il n’a pas de jugeote, pas de sens des priorités, pas de recul. Il se laisse porter par les événements et se permet de saboter toutes les opportunités qu’il aurait de sauver sa vie.

- C’est son pote qui lui laisse sa seringue d’insuline en évidence. Seringue qu’il parviendra à briser avant qu’un miracle lui en fasse tomber une autre entre les mains. Il ne survit que par miracle.

The Pool : Les Derniers de la classe de la sélection naturelle. (1508 mots)

- Il pourrait attraper son portable s’il n’avait pas éloigné le matelas gonflable, pourrait répondre à l’appel et expliquer sa situation.

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- Il ne se souvient pas qu’il peut espérer la visite d’un livreur de pizza dans la demi-heure à venir et trouve le moyen d’être bloqué au fond de la piscine à l’instant où celui-ci passe. Bien sûr, c’est une coïncidence ridicule mais justement, elle pointe du doigt que le protagoniste fabrique sa propre poisse. Il lui suffisait d’attendre patiemment pour être sauvé. Et il échoue deux fois. Avec le livreur de pizza et Koy.

- Koy se montre elle aussi bien idiote puisqu’elle ne remarque pas que l’eau de la piscine a dramatiquement baissée et se lance dans un plongeon sans réveiller Day.

The Pool : Les Derniers de la classe de la sélection naturelle. (1508 mots)

- Il se réveille, et lui crie de ne pas sauter. Elle glisse et se fait le coup du lapin sur le plongeoir. Le symbole est clair, en allant vers lui, en voulant lui faire un enfant (piscine), Koy se sabote. Elle ferait aussi bien de se tuer que d’espérer assurer sa descendance avec un homme comme lui. La sirène/clown de l’introduction la représente bien. Elle a jeté son dévolu sur lui et est risible pour cette raison.

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- Plus tard, après le livreur de pizza et la petite amie, ce sont deux pilotes de drone qui descendent dans le bassin d’à côté. Eux aussi, Day va les rater. D’ailleurs, il mettra des heures à explorer le tunnel qui y mène comme si la possibilité d’une échappatoire ne lui apparaissait pas.

- Il écrit « help » dans le premier bassin avec du chatterton, dans le premier bassin, mais dans le second. Ce qui fait que les deux hommes ne remarqueront rien de problématique.

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- Développement tragi-comique, son chien, métaphore de son agence, de sa pulsion de vie, se suicide. Il se pend (accidentellement), et c’est cet incident qui permettra au héro de sortir, incident qui a déjà failli arriver au début.

- La mort de Lucky, le chien, semble accidentelle. Koy siffle dans le sifflet qui l’appelle, le chien saute dans sa direction. Cependant, il est envisageable, paradoxalement, que le chien comprenne la situation et se sacrifie pour que Day puisse sortir et aller la sauver. Je ne sais pas si c’est réaliste, mais je pense que c’est ce qui est suggéré. Le film nous a montré, plus tôt, le chien apprenant que s’il glisse dans la piscine, il va être retenu par la laisse et mourir étranglé. Je ne dis pas que les chiens sont capables de réflexions si élaborée en réalité, mais je pense vraiment que le film voulait amener cette fin hilarante où le chien dépasse son maître intellectuellement et lui donne la solution.

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- Et d’ailleurs, à ce sujet. Le crocodile n’est pas agressif. C’est un crocodile de zoo nourrit aux croquettes et qui semble ne pas être au courant que les humains ça se mange. Le film crée les situations clichées dans lesquelles le prédateur ferait des victimes et il n’en fait jamais rien. Je ne vais pas entrer dans les détails mais si l’on ose le concevoir autrement que comme une machine à tuer, on peut voir qu’il n’est pas hostile aux personnages. Il tombe probablement dans la piscine parce que le chien l’impressionne.

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- Un truc : Day fait manger les œufs du crocodile à sa compagne enceinte qu’il veut voir avorter. Il ne comprend pas le message qu’il lui envoie.

- C’est cet imbécile de Day qui va l’attaquer sans arrêt pour finir par le tuer. Je n’ai pas résolu l’énigme ultime de ce crocodile. Il incarne « évidemment » l’échec ultime de Day qui est un dresseur d’animaux, qui devrait comprendre que l’animal ne lui fera pas de mal et qu’il pourrait l’utiliser pour sortir (comment?). Ce que je ne comprends pas cependant, c’est que le crocodile fait réellement obstacle plusieurs fois sans raison. Comment se retrouve-t-il avec du chatterton dans la bouche ? Pourquoi barre-t-il le passage à l’échelle ou à la bouche de vidange ?

- Finalement, alors que Day parvient à sortir Koy de l’eau alors qu’elle est noyée depuis un quart d’heure, il se montre incapable de lui faire le moindre massage cardiaque ou bouche-à-bouche. Elle se réveille par un pu****n de miracle. Mais son fœtus lui ? Qu’en est-il ? Le générique s’empresse d’arriver. Pas de naissance, elle a perdu son enfant.

- Élément oublié : Pourquoi Koy se retrouve-t-elle coincée, enfermée dans la tuyauterie alors que l’eau monte ? Je ne sais plus très bien, mais il me semble vraiment que cet imbécile de Day l’oublie simplement.

The Pool : Les Derniers de la classe de la sélection naturelle. (1508 mots)

Maintenant quelle est la conclusion ? Un nouveau jour se lève, Day a-t-il prouvé qu’il était capable de quelque chose ?

Je pense que Koy a perdu son enfant, cependant, Day pourrait se sentir maintenant légitime et prêt à à faire à nouveau un enfant à Kay.

Ou alors, c’est elle qui accepte l’absurdité de vouloir faire un enfant à un individu si peu doué ? En même temps, elle a plongé dans la piscine qui était en train de se vider également.

Mais… cependant…

Je me disais aussi, que la véritable sélection naturelle, c’est uniquement la volonté de vivre et ça, Day et Koy ont bien prouvé qu’ils l’avaient. Day tente de monter à un barbelé et se tranche les mains. Il n’abandonne pas pour autant. Koy survie à une noyade bien interminable.

The Pool : Les Derniers de la classe de la sélection naturelle. (1508 mots)

Au final, leur bébé pourrait bien survivre, armé de... cette volonté de survivre. Je vote pour.