The Flood : Jo Newman se choisit un compagnon. (1500 mots)
The Flood est un mauvais film. Si j’en fais une analyse -par dessus la jambe- c’est parce que je pense qu’il est intéressant de pointer du doigt que même un film aussi mauvais peut contenir un sous-texte, une métaphore, une structure profonde porteuse de sens au-delà des événements concrets et littéraux qui y sont dépeints.
Alors, avertissement, je vais être vague, imprécis et assez peu rigoureux parce que je n’ai pas envie de me retaper ce navet par rigueur analytique. A la limite, je vais essayer de trouver le nom de quelques personnages, ne m’en demandez pas plus, c’était vraiment ennuyeux.
L’histoire :
En Louisiane, des prisonniers très vilains sont transférés d’une prison à une autre en bus.
Des intempéries sérieuses, un ouragan, vont forcer le véhicule à faire un arrêt à un poste de police pour la nuit. Le shériff Jo Newman, une blonde plantureuse dans le genre Angélina Jolie (à 40 ans), est la responsable de l’endroit.
La région est inondée, le bâtiment également.
Un groupe de criminels, complices de l’un des prisonniers, Russel Cody, ont décidé de profiter du transfert de ce dernier pour l’arracher à la police.
Tous ces personnages vont se retrouver entassés dans le commissariat, menacés par un niveau d’eau qui n’en finit pas de monter et des alligators tellement affamés qu’ils peuvent engloutir les humains à la chaîne sans jamais être rassasiés.
La première scène du film nous montre les deux premières victimes, un homme et une femme qui ne se connaissent pas et qui se sont réfugiés dans une maison en ruine.
Leurs interactions mettent en place une dynamique évidente : Le jeune homme (Clarence) se veut serviable et amical. Il cherche même à impressionner l’inconnue qui lui plaît probablement. La jeune femme, Summer, ne fait rien, ne cherche pas à se rendre utile, critique toute initiative, pense clairement que tout lui est dû et se montre condescendante envers son compagnon de fortune.
Clarence se fait attraper et tuer par un alligator au moment où il tente trop clairement d’inspirer de l’intérêt à Summer (Il parle de faire un feu -allumer une flamme entre eux- et annonce qu’il a déjà fait partie d'un groupe) et qu’elle affiche son indifférence de la manière la plus flagrante.
On comprend que la dévoration par les alligators incarne l’inéligibilité sexuelle.
Les trois personnages féminins du film sont désagréables et je pense que nous nous trouvons donc devant une description pessimiste des relations actuelles entre les hommes et les femmes, cela dû à une féminité qui a la grosse tête.
Je ne suis pas nécessairement d’accord avec cette idée et je me moque d’y réfléchir en cet instant, je ne fais qu’interpréter le film.
Il y a un ouragan => La problématique se trouve à son nœud gordien, la situation est catastrophique.
L’eau noie la région => l’excitation féminine, la satisfaction féminine égocentrée est devenue destructrice.
Je ne prétends pas que ces liens soient obligatoires du tout, je les fais en rapport direct avec cette première scène : Un jeune homme serviable et gentil se retrouve en compagnie d’une teigne arrogante et incapable qui joue les princesses.
Résultat, ils se font tout les deux dévorer. Lui parce qu’elle le rejette, elle parce qu’une fois seule, elle n’a plus de partenaire à trouver.
Cette première scène est souvent une métaphore de la situation générale, universelle. Les femmes sont devenues folles, elles ne savent plus reconnaître un homme éligible, elles sont tellement désorientées qu’elles méprisent le type d’homme même qui devrait leur plaire, leur être agréable et dont la compagnie devrait les flatter.
Le film nous présente ensuite les passagers du bus et les criminels planqués qui attendent son passage.
Enfin nous arrivons au commissariat tenu par Jo Newman… qui est une femme.
Il y a trois femmes dans le film, construites en fonction leur relation avec les hommes.
Summer serait le rôle traditionnel, ici en version aliéné, négatif et antipathique. C’est-à-dire qu’elle attend de l’homme qu’il prenne les initiatives, qu’il règle les problèmes, qu’il rapporte l’argent (Je n’invente pas, elle dit texto qu’il lui faut un homme pour payer le loyer).
Et elle serait la femme au foyer, que j’entends ici dans un sens positif par opposition à ce que Summer est. Elle serait une femme-au-foyer atroce. Elle n’a aucune des qualités qu’on attendrait d’elle.
Eva Carter serait la lesbienne je pense. La hors-la-loi. Masculine, autonome évoluant au sein d’un groupe d’hommes dont aucun n’est son compagnon (si j’ai bien compris).
Enfin, Jo Newman serait la femme égale de l’homme, le nouvel homme. Hétérosexuelle et absolument pas contre un partenaire mais entièrement contraire au rôle traditionnel. Physiquement forte, psychologiquement dominante, preneuse d’initiative, donne des ordres, en position d’autorité etc etc etc.…
Jo est introduite de dos assise à son bureau. Le visage humain sur lequel nos yeux se posent est celui de son père dont elle a installé le portrait encadré devant elle. Son père qui était l’ancien Shériff qu’elle remplace, on peut directement appeler un psychanalyste.
Bref, nous sommes devant l’archétype de la fille enfermée dans le regard de son père, mère soumise, absente ou morte, père macho, dominant, séducteur, pervers narcissique, image divine, borderline incestueux qui donne un prénom masculin à sa fille, ce genre de choses.
Jo est donc le genre de « jeune » femme qui s’est entièrement alignée sur les attentes de son père et qui n’a donc trouvé aucun moyen d’approcher les hommes car son système de valeurs est exactement le même que celui de son petit papa et que ce système de valeurs rejette tous les hommes pour une raison ou pour une autre.
Mais petit papa Shériff semble avoir passé l’arme à gauche et la région est inondée par l’excitation sexuelle de Jo(séphine ?) Newman. Elle est libre, elle a maintenant le droit de se tourner vers un autre homme.
Normalement, le décès du père devrait être récent voire inclus dans le film pour que l’on puisse comprendre qu’il déclenche l’inondation. Mais je n’ai pas noté de détail à ce niveau, je me rappelle d’environ 5 % du film de toute façon.
L’inondation aurait également pu être déclenchée par la venue du bus de détenus. Jo Newman se serait sentie excitée à l’idée d’être entourée par tous ces mauvais garçons. Avec un peu de chance elle pourrait se retrouver enfermée seule avec eux dans le commissariat alors qu’ils n’ont pas eu de rapport sexuel depuis, ho la la, des années.
La dimension "fantasme sexuel" de l'histoire est loin d'être dissimulée. Tous les comportements de Jo Newman sont joués à un niveau sexuel. Elle baisse les yeux troublées, elle flatte, elle flirte, elle joue les gentilles, les séductrices. Elle se déplace comme une poupée qui veut être sensuelle à chaque instant.
"Pou pou pidou !" Ma compagne a eu un fou rire lors de la scène de fusillade parce que Jo fait un mouvement ridicule de sensualité pour mettre ses fesses à l'abri en priorité.
Cette structure est proche de The Hateful Eight de Tarantino qui joue avec un sens métaphorique similaire. Daisy Domergue se retrouve la seule femme parmi une multitude d’hommes pratiquement tous amoureux d’elle.
Et donc, Jo Newman voudrait remédier à l’inondation => trouver un homme. J’ai d’abord pensé que c’était une con***se parce qu’elle demandait à l’obèse peu attirant mais au final je ne sais pas car il n’a pas fait le travail qu’elle lui demandait. Clarifions. Si le protagoniste féminin excité demande à un homme de s’occuper de l’inondation, de la stopper, elle désigne un partenaire sexuel. Si l’homme en surpoids avait empêché l’inondation, Jo lui aurait peut-être montré de la gratitude. Son comportement donne le sentiment qu’elle lui donne le sale boulot parce qu’il ne l’attire pas mais en fait, si on s’en tient à une interprétation strictz, on dirait plutôt que Jo se serait tournée vers lui parce qu’il est au plus bas de l’échelle, qu'il représente donc le partenaire le plus accessible (celui qui devrait être obligatoirement content), et que ce sont les autres hommes du commissariat qui se sont arrangés pour que le pauvre gros faillisse à sa tâche (ils lui ont fait laver les cellules et il a oublié de mettre des sacs de sables à l’entrée).
Bref, beaucoup de blabla, en attendant le pauvre homme est disqualifié et se fait dévorer dans la scène suivante. Comme je le disais, je ne vais pas entrer dans les détails.
Le film est une métaphore de la quête d’un partenaire sexuel de cette femme masculine moderne, désorientée.
Un à un, elle va éliminer ses prétendants (qui seront dévorés) en fonction des critères qu’elle trouvera. Racisme, lâcheté, cruauté, excès de confiance en soi etc etc etc.
Russel Cody, le criminel qui purge une peine pour un crime bien plus grave que celui qu’il a commis, est, quant à lui, emmêlé dans une problématique homosexuelle. Son ancien collègue venu le délivrer passe pour mort tout au long du film mais ressurgit subitement à la fin. On le croyait dévoré (inéligible aux yeux de Jo Newman) mais puisqu’il est attiré par Russel Cody, l’opinion de la Shériff le laisse indifférent. Il peut donc réapparaître.
Si le pote de Russel Cody était hétéro, il tenterait de l'empaler mais sa frustration homosexuelle le positionne en rival de Jo Newman. Il tente donc de le noyer, il voudrait qu'il comprenne ce qui le motivait à sauver Russel de la prison, son désir d'être avec lui. J'interprète rien de plus que ces images et ce dont j'ai parlé au dessus. L'homosexualité supposée de ce personnage serait vérifiable en observant son comportement vis-à-vis de Jo Newman.
La conclusion du film sera pessimiste puisque Russel Cody n’est pas intéressé par Jo Newman et leurs chemins se séparent.
C’est lui qu’elle a sélectionné comme compagnon, accusé d’avoir tué un policier, il est estampillé « tueur de papounet. »
Je n’ai pas suffisamment suivi le film pour comprendre à quel moment leur relation esquive l’amourette, je suis convaincu qu’il y a une raison, mais non, je ne peux pas re-regarder ce film.
Article sur The Hateful Eight.