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Basic Instinct: Catherine Tramell perverse manipulatrice. (1500-25 000 mots)

Publié le par Kevin

Basic Instinct: Catherine Tramell perverse manipulatrice. (1500-25 000 mots)
Basic Instinct: Catherine Tramell perverse manipulatrice. (1500-25 000 mots)

Avertissement : J’ai rédigé cet article trois fois. J’ai abandonné la première à la 23ème page parce que c’était ridicule de longueur. Mais au final, je ne suis réellement pas parvenu à faire plus court. Décrire les comportements d’une manipulatrice comme Catherine Tramell est compliqué et en plus, ça me passionne et me concerne personnellement. Donc tant pis, ce troisième jet est aussi interminable que les deux précédents malgré mes efforts initiaux pour le rendre plus court.

2ème chose, je continue de relire l'article pendant deux jours environs. Rectifier formulations, affiner les arguments, enlever les mots vulgaires, réduire le nombre de fautes d'orthographes autant que possible, ajouter des captures. J'enlèverai cette remarque ensuite.

Onze parties ont subi la relecture finale. 11/16.

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Catherine Tramell est une perverse manipulatrice et pour décrire les nombreuses dynamiques de cette histoire il faudrait expliquer sa psychologie, ses désirs, la manière dont les manipulations qu’une telle personne met en place fonctionnent, la psychologie de Nick et les variables qui font que le piège se referme sur lui. Cela fait beaucoup et j’avais au contraire envie d’écrire un article succin. (Note après finition: j'ai échoué)

Alors que dire ?

Je crois que le plus intéressant serait d’explorer les comportements morbides de Catherine, de reconstruire l’histoire de son point de vue.

La première chose qu’il faut comprendre et accepter lorsque l’on considère la possibilité de manipulations, c’est que la plupart des gens qui sont capables de manipulations complexes et osées sont profondément différents d’individus normaux et équilibrés. C’est-à-dire qu’il va falloir accepter que leurs priorités et considérations nous paraissent difficiles à concevoir.

Exemple : Au début du film, Catherine Tramell s’arrange pour que Nick Curran la voit nue. Si l’on conçoit la jeune femme comme un individu équilibré, un individu qui nous ressemble, on se dira qu’elle n’a pas froid aux yeux, qu’elle a une sacrée confiance en elle, qu’elle se sait extrêmement attirante et qu’elle joue de sa beauté, ou encore qu’elle ne voit pas le mal qu’il y a à faire ça, qu’elle veut séduire Nick parce qu’il lui plaît etc etc etc.…

Or ce qu’il faudrait plutôt s’imaginer c’est que Catherine Tramell a grandit dans une ville dans laquelle tout le monde passait son temps nu et qu’elle s’amuse du fait que la nudité inspire un quelconque émoi aux hommes de San Fransisco. Cela ne lui fait ni chaud ni froid de se montrer nue et elle en use comme on tire sur les ficelles d’un pantin. Spontanément, on se dira qu’elle estime que son plan vaut la peine qu’elle se montre nue. On s’imaginera qu’elle a calculé les conséquences exactes de son acte, qu’elle a un objectif précis qu’il est important qu’elle atteigne. Mais ça n’est pas nécessairement le cas.

Principalement, c’est l’absence d’affects qu’il faut concevoir. Comme je le disais dans mon article introducteur, les pervers manipulateurs n’ont pas une intelligence hors normes, par contre ils ont une froideur et une absence de scrupule qui leur permet de produire des comportements qu’on n’imaginerait difficilement. La réussite des manipulations tient beaucoup au fait qu’elles soient peu concevables… et nous nous retrouvons devant l’alibi ridicule de Catherine Tramell : « J’aurais été sacrément idiote de tuer quelqu’un comme dans mon livre. »

Je l'ai lu celui-là.

Je l'ai lu celui-là.

Ce n’est pas parce que la police va se dire que Catherine Tramell aurait été vraiment très stupide de tuer quelqu’un comme dans un de ses livres que l’alibi fonctionne, il fonctionne parce que les enquêteurs se diront que choisir un mode opératoire grotesque tiré d’un de ses livres pour ne pas être soupçonnée d’un meurtre représente un coup de poker tellement risqué et délirant que personne ne l’aurait tenté. N’importe qui aurait préféré essayer de faire croire à un accident ou de faire disparaître le corps. Les policiers ne s’imaginent pas sérieusement que quelqu’un puisse être capable de prendre un risque aussi absurde, et ils ont raison, personne de psychologiquement normal ne pourrait tenter une telle imbécillité parce que cela demande un aplomb colossal, cela demande l’absence d’affect pathologique d’un pervers manipulateur.

Le psychiatre leur dit dès le départ qu’ils ont affaire à un sérieux psychopathe mais le film s’arrange pour que les implications de ces considérations passent à la trappe. Et de toute façon, le psy lui-même se plante directement.

Le psy voit deux possibilités, soit l'assassin est la personne qui écrit le livre, soit il veut faire du tort à la personne qui a écrit le livre. Réponse: Un peu des deux.

Le psy voit deux possibilités, soit l'assassin est la personne qui écrit le livre, soit il veut faire du tort à la personne qui a écrit le livre. Réponse: Un peu des deux.

Nick lui demande à quel genre de personne ils ont affaire si c’est bien Catherine Tramell qui a assassiné Johnny Boz comme dans son livre. Le psy s’emporte dans une description diabolique d’un personnage capable de faire une telle chose mais il commet une erreur logique. L’idée qu’il considère est donc que Catherine aurait écrit son livre, environ quatre années auparavant, en prévision du crime qu’elle allait commettre et ça, afin de se construire un alibi. C’est le biais « génie du mal » que je m’entête à contredire lorsque je dis que les pervers narcissiques ne sont pas particulièrement intelligents. Il est bien plus probable que Catherine Tramell a déjà décrit un nombre incalculable de meurtres dans ses romans et qu’au moment d’assassiner Johnny Boz, elle avait l’embarras du choix. Ou encore qu'elle fantasme simplement de tuer quelqu'un au pic à glace depuis longtemps et qu'elle s'est servie de ce désir dans un de ses livres, comme de beaucoup d'autres d'entre eux.

 

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Le Surmoi, la somme de tout ce que l'on apprend à considérer comme plus important que soi. Il est possible que Nick ait un Surmoi trop développé. Ses addictions étant le résultat de tentatives impulsives de redonner un espace à son Ça.

Le Surmoi, la somme de tout ce que l'on apprend à considérer comme plus important que soi. Il est possible que Nick ait un Surmoi trop développé. Ses addictions étant le résultat de tentatives impulsives de redonner un espace à son Ça.

Allons-y pour la reconstruction.

Si je devais décrire le problème profond d’un pervers narcissique manipulateur, je dirais que ce sont des personnes qui n’ont pas construit de Surmoi. Ce sont des personnes dont la psyché a arrêté son évolution environ vers 8 ans. On ne s’étonne pas des mensonges et des manipulations d’un enfant parce qu’il ne mesure pas encore son impact sur le monde, ses responsabilités vis-à-vis des autres. L’idée que l’on ne doit pas faire aux autres ce qu’on aimerait pas qu’on nous fasse, ou en tout cas, que cela mérite réflexion. Toute cette construction mentale qui donne une idée de ce que sont « les autres » est absente chez le pervers narcissique. Et que sont les autres d’ailleurs ? Et bien, ils appartiennent au Surmoi en grande-partie. C’est-à-dire que les autres limitent notre Moi. Ils appartiennent aux règles à respecter, aux principes, aux valeurs, à la discipline. Accepter l’existence des autres, c’est accepter nos propres frontières, des interdits, des perceptions désagréables de nous-mêmes. On ne pourra pas avoir tout ce qu’on veut. On n’obtiendra pas du monde un simple retour flatteur, agréable et plaisant. Si je veux être le plus beau, le plus fort et le plus intelligent, si je veux me faire croire que je suis un être parfait, un Dieu, les autres vont sérieusement me poser problème.

J’ai connu deux pervers narcissiques dont l’histoire était radicalement opposée. Un fils de riche élevé comme si tout lui était du. Un autre, enfant maltraité, rapidement hyper agressif et faux. Un enfant qui apprend qu’aucune règle, aucune valeur n’a de raison d’être, que les principes et les règles ne servent qu’à soumettre les autres. Un individu qui joue donc la comédie constamment et cache une personnalité profondément impitoyable.

J’en ai côtoyé beaucoup d’autres et il y a une chose que je ne peux expliquer mais que je me dois de dire c’est que ces personnes ont des troubles narcissiques de la personnalité dans le sens où ils ne savent pas qui ils sont. Je ne sais pas exactement dans quelle mesure mais dans tout cela il y a un sérieux rejet de soi. Je pense que l’on sous-estime le besoin de sens des humains et qu’un enfant qui obtient tout sans raison ou qui est privé de tout quoiqu’il fasse, va se trouver incapable de se structurer.

Ce que je cherche à souligner ici, c’est que contrairement aux apparences, les pervers narcissiques ne sont pas indépendants des autres, bien au contraire, ils ne vivent que pour les apparences, l’image qu’ils renvoient d’eux-mêmes, leur persona, et donc le regard des autres. Ils trichent, ils mentent parce qu’ils se sentent vivre dans cette capacité qu’ils ont à se faire percevoir de telle ou telle manière.

"Narcisse se contemplant dans l'eau" de François Lemoyne. On pense toujours que Narcisse s'admire mais il me semble qu'au départ il ne se reconnait pas et c'est la raison pour laquelle son reflet l'obsède.

"Narcisse se contemplant dans l'eau" de François Lemoyne. On pense toujours que Narcisse s'admire mais il me semble qu'au départ il ne se reconnait pas et c'est la raison pour laquelle son reflet l'obsède.

C’est cette addiction à la construction d’une image qui fait qu’ils manipulent tout le temps sans qu’une personne normale ne le remarque facilement car le but de la manipulation c’est l’image. C'est un but complexe, dynamique, vague et en perpétuelle évolution. Leur réalité est une image, une illusion, une mascarade parce qu’ils n’ont pas de profondeur élaborée.

Je vois trois conséquences directes et simples sur leurs relations avec les autres. Il y a la capture d’un partenaire trophée. C’est-à-dire que la personne avec qui ils/elles voudront être en couple leur servira à se définir et à se booster l’égo, quitte à ce que cela ne se passe pas vraiment bien dans l’intimité.

Ensuite, il y a la vampirisation. Les pervers narcissique sont profondément jaloux et prennent ombrage de tout et n’importe quoi. Ils vont donc émuler les autres, ils cherchent des moyens de recréer, en apparence, cette qualité qu’ils jalousent en premier lieu. Mais s’ils rencontrent une qualité dont ils ne savent pas comment la faire rejaillir sur eux, alors il faudra détruire, calomnier, diffamer la personne qui possède cette qualité. Ou alors, c'est la rivalité qui les poussera à ce besoin de détruire.

Le pervers menteur rencontre quelqu’un de vraiment honnête et qui est reconnu comme tel par les autres ? Il va créer un conflit dans lequel il pourra revendiquer son honnêteté et salir l’autre.

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