Basic Instinct: Catherine Tramell Perverse Manipulatrice. Partie 7. (1100 mots)
"Elle me connait pas, je vous dit !" Dès le départ, le chef de Nick se demande s'il y a quelque chose entre lui et Tramell. Il ne le pense pas nécessairement mais la manipulation n'a pas pour but de convaincre mais de parcenir à ce que la question soit soulevée. Les gens se convainquent ensuite eux-mêmes.
-----------Le Bar. Beth et Nick Couchent Ensemble-----------
Nick va au bar et commande un verre, le premier depuis trois mois. Immédiatement, ses collègues s’inquiètent. Nilson en profite pour le provoquer en lui rappelant l’accident avec touristes. Catherine est parvenue à faire ressurgir l’histoire.
Mais ça n'est pas la seule conséquence de l'entrée de Catherine dans la vie de Nick. Beth entre dans le bar. Elle est inquiète. Inquiète pour Nick mais également inquiète de le retrouver sous le charme Catherine. Elle commet une erreur bien féminine, elle se met à disposition sexuellement. Elle pense qu’en couchant avec Nick, en le satisfaisant et en balayant les tensions entre eux, elle risque moins de le perdre.
Beth entre dans le bar, Nick l'ignore. Il ne peut pourtant pas la manquer, il est en train de commander un autre whiskey lorsqu'elle arrive. Cela définit bien leur relation. Nick n'est pas le petit ange que Beth veut voir en lui. Il a donc son "jardin secret" de comportements moins glorieux. Je pense cependant qu'il la sous-estime et sous-estime l'amour qu'elle a pour lui. Elle ne regarde pas ses comportements superficiels mais sa bonté profonde, sauf que lui ne croit plus en celle-ci. Le syndrome du mec qui ne va qu'avec des femmes qui le maltraitent et le méprisent parce qu'il est incapable d'aller vers celles qui l'aiment et le traitent avec respect et amour est extrêmement répandu. Dans l'autre sens également. En amour on donne souvent l'avantage aux imbéciles et aux ordures parce que ça peut être terrifiant de viser plus haut.
Le problème c’est que Catherine a chauffé le policier à mort, qu’elle lui a mis des bêtises en tête, pratique sado-masochiste, expérimentation et patati et patata. Je me souviens que lorsque j’avais vu la scène il y a plus de vingt-ans, je n’avais même pas entendu Beth dire à Nick « tu n’as jamais été comme ça » après l’acte.
"Tu ne t'étais jamais conduit ainsi auparavant." Aussi politiquement incorrect cela soit-il de le dire, ce qui pose réellement problème à Beth n'est pas le comportement de Nick mais le fait qu'il lui ait été inspiré par Catherine. Elle inspecte ses vêtements déchirés et elle se sent humiliée parce qu'elle ne pense pas que cette attirance sauvage c'est elle qui l'a inspirée à Nick. Mais qui est venue s'offrir à lui le plus rapidement possible ? C'est elle qui vient de s'infliger cette humiliation. Elle aurait du attendre qu'il reprenne ses esprits.
Je ne sais pas si beaucoup de spectateurs ont réagit comme moi mais cette scène m’avait donné l’impression que Nick était réellement une brute, un déviant sexuel, qui veut dominer, frapper, arracher les vêtements, prendre de force etc. alors que c’est Catherine qui lui a mis des idées en tête et qu’il agit sous son influence.
Catherine et Beth ont virtuellement le même corps et sont toutes les deux très belles de visage. Catherine Tramell est devenue une icône de méchante, je ne sais pas si 50% des spectateurs se souviennent que Nick avait une deuxième amante dans le film. Dans notre culture, les personnes courageuses, valeureuses, droites, les personnes de valeur et de principe, passent inaperçues... et se font éliminer.
De même, on a également l'occasion de voir sous la jupe de Beth. Le film nous révèle même quelques minutes plus tôt que, contrairement à Catherine, elle porte une jolie culotte. Il y a beaucoup de parallèles entre les deux femmes. Des différences, des similitudes qui problématisent le fait que c'est la mise-en-scène de Catherine qui lui donne son pouvoir et son influence. Loin de moi l'envie d'être trop cru mais le film nous laisse apercevoir le sexe des deux personnages féminins dans un contexte érotisé, et pourtant dans un cas cela devient une scène classique du cinéma, dans l'autre, ça n'a pas marqué les esprits. Et pourtant, on voit virtuellement la même chose.
De plus, on apprend plus tard que le sexe ne se passait pas très bien avec Beth. Nick peut parfaitement avoir tenté une nouvelle approche en toute bonne foi. On prend immédiatement son comportement comme le résultat d’une attirance incontrôlable pour Catherine, mais il est tout aussi probable qu’il cherchait à mettre en pratique certaines idées que la psychopathe lui a mises en tête.
Autre élément important, Nick a une éjaculation précoce. Cela soulève la question de la manière dont l'acte aurait pu continuer. Mais je crois que Nick était à bout et que l'acte n'aurait pas pu continuer justement. Et pourquoi cela ne se répète-t-il pas avec Catherine ?
Ce plan souligne bien qu'il ne s'agit pas d'un viol. Nick dérape mais à aucun moment il ne force Beth à avoir des rapports sexuels contre son gré. Son approche brutale n'est jamais autre chose qu'un jeu de rôle. Vous imaginez ? Un film qui ose traiter la sexualité comme un rapport entre adultes ? Je rappelle quand même que le comportement de Nick traduit un désir irrépressible que Beth pourrait parfaitement prendre comme un compliment et qui pourrait l'exciter énormément. Bon, à l'évidence, c'est pas trop le cas. Mais elle ne prend les choses mal que quand elle comprend que Tramell a un rôle dans l'affaire.
Hélas, Beth s’est mis la tête dedans et se sent trahie, trompée ou humiliée, peu importe, elle avoue à Nick qu’elle connaît Catherine (ce qu’il ne pouvait pas deviner) et se braque. Elle, la psy, elle évite la conversation parce qu’elle redoute que Catherine ait déjà le contrôle sur Nick et elle ne veut pas s’exposer à ça.
Elle commet de graves erreurs :
« Tu ne me faisais pas l’amour. »
« Ah ? Et à qui je faisais l’amour. »
« Tu ne faisais pas l’amour. »
"Tu ne faisais pas l'amour." Beth commet une grave erreur en disant ça, elle ne comprend pas que Nick a beaucoup de respect pour elle et qu'il va prendre sa réponse profondément au sérieux. Il l'écoute en tant que femme intelligente qu'il admire et en tant que psy. Elle lui parle en tant que femme jalouse.
Un bourrin insensible se moquerait de la remarque de Beth, mais Nick est secoué. Beth se dégonfle en disant "tu ne faisais pas l'amour." Elle voulait dire "tu baisais Catherine Tramell." Elle s'avoue vaincue en n'osant pas formuler cette phrase.
Nick la regarde sidéré. Il n’est absolument pas indifférent à tout ce qu’il se prend dans la figure. Il a commis une erreur mais il tentait quelque chose d’honnête et ça lui explose à la figure.
Beth ne comprend pas l'honnêteté du comportement de Nick. Plus elle le blâme, plus il va se dire qu'il a sérieusement fait le con et qu'il ne devrait pas fréquenter une fille innocente comme elle, qu'ils ne sont pas compatibles. Nick ne veut aucun mal à Beth, ce n'est pas le moment de l'enterrer parce qu'il va juste prendre ses distances. Beth cherche l'exact inverse.
Il veut une cigarette, Beth le vire. Pourquoi ce décalage ? Elle ne le vire pas pour sa brutalité, elle le vire parce qu'il cède à un comportement d'addiction. Elle le vire parce qu'elle sent que la jouissance est du côté de Catherine.
Il le sent passer. C'est certainement la première fois qu'elle le rejette de la sorte et elle le fait à cause de la manière dont Catherine a teinté ses comportements. C'est Catherine que Beth rejette en Nick. C'est une des manières dont le pervers brouille les gens.
L’entourage complet de Nick commet la même erreur, ils ne réalisent pas à quel point il est vulnérable. Pas plus qu’un autre, il est peut-être même plus solide que ses collègues, mais personne ne perçoit la vulnérabilité de sa situation, la gravité de tout ce qu’il a vécu et vit. Sauf Gus.
En attendant, la scène dépeint le dérapage de la relation Nick/Beth à cause de l’influence de Catherine mais également à cause de l’inquiétude que Catherine inspire à la psy.
"Comment était-elle ?" "Qui ?" "Catherine Tramell." Nick ne pouvait pas savoir que Beth comprendrait l'influence de Catherine et qu'il la blesserait. Il ne sait pas qu'elles se connaissent, il ne sait pas que Beth a déjà coûché avec Catherine, contrairement à lui, et en plus Beth n'est pas venue à l'interrogatoire de sa rivale. Elle ne se rend même pas compte qu'elle a entièrement construit la situation et qu'elle blâme Nick simplement parce qu'il a une libido masculine, c'est-à-dire que les femmes l'attirent.
Beth pourrait s’inquiéter légèrement de voir Nick rencontrer une autre femme, mais elle sait que Catherine est une manipulatrice et elle réagit excessivement, elle ne fait pas suffisamment confiance à son compagnon. Car, tout de même, Nick est le plus convaincu de la culpabilité de Catherine depuis le début. Il est celui qui insiste sur le fait qu’elle est coupable.
C’est d’ailleurs un autre élément très intéressant.
Je disais plus haut que Catherine fait de son absence de pudeur, de sa personnalité dépravée, la preuve de son innocence. Ici, c’est la manière dont il ne doute jamais de sa culpabilité qui donne aux autres l’impression que Nick est attiré par Catherine.
C’est une dynamique très très présente dans la réalité, la personne qui voit le pervers narcissique pour ce qu’il est, et le déteste donc très logiquement, va passer pour une personne motivée par une frustration, une jalousie, un désir intense qu’il ne veut pas avouer. (Position réelle du pervers).
Dans la vie quotidienne si l’on critique quelqu’un, les gens, s’ils ne sont pas d’accord, comprennent au moins pourquoi on peut penser une telle chose, en général. Mais lorsqu’une personne s’attaque à un pervers narcissique, ça se retourne très facilement contre elle et ça, sans la moindre considération pour sa valeur. Il y a vraiment une dimension « intouchable » chez le pervers narcissique qui est très déroutante.
---------------------L’Enquête continue---------------------
Comme je le disais, Nick résiste donc à Catherine et gagne le premier round. Elle n’obtient pas qu’ils couchent ensemble, elle n’obtient pas la validation symbolique de la déchéance du flic, elle n’obtient pas l’agression sexuelle qu’elle tente de provoquer, elle n’obtient pas sa vengeance sur Beth.
Puisqu’il marque un point, l’histoire ne peut que continuer dans le sens « du bien » disons. Et c’est parce qu’il résiste que Nick retrouve ses collègues au bar et voit ensuite Beth.
Gus et Philip se moquent de Nick qui considère déjà la possibilité que Catherine soit pour quelque chose dans la mort de son ex mari, Mani Vasquez, boxeur mort sur le ring. Il sent de quoi elle est capable (Empoisonnement mortel ou léger pour qu'il se fasse démollir).
Au bar il maintient sa conviction qu’elle est coupable et suggère de creuser certains aspects de sa vie : la mort de ses parents, des liens avec des précédents livres, son passé, comment est mort son ex-mari etc.… il ne se prend que des rejets et des critiques. Mais le lendemain, l’enquête donne quelque chose, un policier découvre qu’un prof de Berkeley a été assassiné au pic à glace, dans son lit, à l’époque à laquelle Catherine fréquentait l’établissement. Walker donne des directives qui s’avèrent être exactement ce que Nick lui a suggéré au bar.
Si Nick avait couché avec Catherine, rien de cela ne serait arrivé. L’enquête était finie, le lieutenant l’affirme fortement, le polygraphe n’a rien donné, l’affaire est close.
Il se passe alors quelque chose qui est lourd de sens. Le lieutenant écarte Nick de l’affaire puis le rattrape et lui demande de suivre Tramell une fois que tous leurs collègues sont partis. Cela signifie que Nick est probablement le meilleur flic, ce qu’il a prouvé en restant le seul à trouver quelque chose de louche chez Tramell mais en plus, cela montre que c’est à lui qu’on fait prendre les risques, risques inconsidérés.
Son histoire de touristes abattus est le résultat d’une mission sous couverture durant laquelle Nick s’est retrouvé à prendre de la drogue et, semble-t-il, à tromper sa femme. Mission qui s’est achevée avec les touristes abattus donc et le suicide de sa femme. Ça fait beaucoup de choses et on peut voir dans ce délire à quel point Nick est investi dans son travail. Il y croit, ce n’est pas un fou de la gachette, ce n’est pas un je-m’en-foutiste, c’est un mec qui veut combattre le crime, au point de se faire du tort.
Lorsque Walker lui demande de suivre Tramell, Nick sourit comme un enfant. Il est tout content qu’on lui demande de faire quelque chose.