Basic Instinct: Catherine Tramell Perverse Manipulatrice. Partie 14. (1300 mots)

--------------Petit Dérapage sur le passé de Beth--------------

Catherine a gagné une bataille, elle déclenche donc le coup de grâce : le nom de Beth durant ses études à l’université. Nick court vérifier tel un chien va rechercher un bâton. La secrétaire ne trouve pas de Lisa Oberman dans la fac l’année du passage de Catherine Tramell.

Nick retourne immédiatement voir Catherine et l’on peut admirer le mécontentement du manipulateur lorsque son plan ne se passe pas comme prévu. Catherine s’est volontairement trompée sur le nom, pariant sur le fait que Nick testerait d’autres possibilités. Mais il ne l’a pas fait. C’est exactement comme ça que l’on finit par comprendre. Les manipulations constantes du manipulateur rencontrent des dizaines d’accros infimes. Ces accros infimes ne prouvent rien mais une personne devenue suspicieuse se rendra finalement compte du point auquel il n’y a jamais ce genre de flottement étranges avec les autres personnes qu’elle fréquente. Aussi, un regard rétroactif sur des événements rend plus attentif à ces petites incohérences. Nick comprendra tout ça des mois plus tard, en regardant un film.

Alors que depuis le début de l’histoire Catherine accueille sa curiosité et ses accusations avec un sourire hautain, ici elle perd son sang froid et punit son initiative d’une remarque cassante. « Qu’est-ce que tu cherches !?! »

Comment ça ? Elle n’avait pas prévu qu’il allait creuser la question ? Après Roxy ? Hazel ? Goldstin ? Elle s’attendait à ce que cette fois, il ne se renseigne pas !

Évidemment qu’elle savait qu’il chercherait à en savoir plus sur cette Lisa Oberman. Le problème, c’est qu’elle voulait le pousser à croire qu’il le faisait de sa propre initiative, comme le dira Beth plus tard. Comme il revient vers elle bredouille, elle est obligé de lui donner la rectification de manière grossière « I said Hobermann » et il devient bien plus visible qu’elle veut qu’il fasse la recherche. Et ça, elle aime pas.

---------------------La Culpabilité de Beth---------------------

Nous arrivons dans la dernière partie du film, quand Catherine fait tout retomber sur Beth. Lorsqu’elle veut que toutes les saloperies qu’elle a commises tout au long de l’histoire soient attribuées à son ancienne amante. Lorsqu’elle veut que l’on considère Beth de la manière dont on devrait la considérer elle. C’est vraiment particulier quand la pire chose que l’on puisse infliger à quelqu’un c’est que les gens prennent cette personne pour soi. Phénomène de projection à nouveau.

Nous allons également retrouver cet élément qui bloque la pensée dont j’ai déjà parlé plus tôt, mais cette fois celle du spectateur.

Lorsque Nick rend visite à Beth pour lui parler de son histoire avec Catherine et de son précédent nom, elle lui donne des explications très crédibles. Le problème c’est que Nick va aller vérifier tout ça, c’est son sacerdoce, et découvrir que Beth lui a menti.

Il faut noter cet élément symbolique fort : Beth ment depuis le début de l’histoire. Il n’y a pas un instant du film durant lequel elle est complètement honnête. Ce n’est pas grave en réalité mais cela désoriente facilement une personne pour qui elle est importante et qui la pensait au-dessus de tout soupçon, de tout acte « immoral. » Nick est naïf.

Elle lui cache qu’elle a donné son dossier à Nilson.

Elle reporte le moment de lui dire qu’elle connaît Tramell.

Puis elle lui cache qu’elle a couché avec elle.

Elle lui a également caché qu’elle avait été mariée, qu’elle avait eu un autre nom.

Et après lui avoir caché tout ça, elle a prétendu n’avoir eu qu’une seule expérience homosexuelle dans sa vie alors qu’à la mort de son époux, la police lui a trouvé une petite amie.

Aussi, elle a caché que son époux était mort assassiné d’une balle.

Ça fait un sacré dossier. Et surtout, comme le dira Nick, tout ce que Catherine lui a dit « checks out », se vérifie, se révèle vrai.

Aucun des mensonges de Beth n’est suspect. La plupart portent sur son droit à la vie privée. L’histoire des enregistrements et du dossier donné à Nilson était une tentative de protéger Nick. Aucun de ces mensonges n’est sérieux.

Le problème c’est que non seulement ils sont nombreux mais Beth continue de mentir lorsqu’elle rectifie ses dires. Ça c’est fatal pour la plupart des gens. En général on comprend un mensonge mais on n’accepte pas que la personne mente à nouveau lorsqu’elle le confesse.

Or, Beth prétend qu’elle n’a eu qu’un seul rapport sexuel avec une femme et Nick apprendra qu’elle avait une maîtresse lorsque son mari a été assassiné.

(Mais ment-elle à ce niveau ? Car elle ne confirmera pas lorsqu’il le lui demande, deux secondes avant de la tuer.)

Je pense vraiment que cette révélation est le coup de grâce pour les spectateurs. L’histoire est compliquée, on s’accroche à ce qu’on peut, on entend que Beth a menti deux fois, ok, elle est coupable. Spontanément, on accepte que le premier mensonge soit dû à la honte mais le second nous fait chercher une autre raison : elle a quelque chose de plus grave à cacher. Alors que la même explication fonctionne pour les deux mensonges : elle ne veut pas parler de ses tendances homosexuelles.

Élément plus suspect, Nilson avait retiré le casier de Beth et le gardait sous le coude depuis un an. Enquêtait-il sur elle ? Sauf que s’il y avait eu quelque chose de réellement problématique dans ce dossier, il aurait réagit, il ne l’aurait pas gardé un an.

Nous sommes donc encore une fois face à ces éléments qui bloquent la pensée. Catherine n’a pas calculé tout, mais elle savait que Nick enquêterait sur Beth à un moment ou à un autre. Elle le savait puisque c’était un de ses objectifs. Elle était en contact avec Nilson pour obtenir le dossier de Nick, elle lui a également demandé de retirer le casier de Beth de l’accès, afin qu’elle puisse mentir sur son contenu en temps voulu sans que Nick puisse aller vérifier ses dires.

De même que l’amante de Beth durant son mariage était probablement Catherine. Et le meurtrier de l’époux de Beth, Catherine. Peut-être même que Beth n’avait pas de maîtresse et que Catherine s’est juste arrangée pour qu’on les voit ensembles avant le meurtre.

Je ne prétends pas le prouver ici évidemment, je parle de ce dont un pervers manipulateur est capable (transposé dans un film). Implanté des preuves en amont pour se couvrir à postériori. Ici, pour s’innocenter d’un meurtre, dans la vie c’est sur des choses plus simples mais le pattern de manipulation est similaire.

Ainsi, il n’y a vraiment pas grand-chose de convaincant dans l’idée que Beth soit la coupable mais les éléments s’empilent comme il faut pour monter à la tête de Nick. La confusion s’empare de lui, il abandonne son « basic instinct » qui lui indiquait que c’était Tramell la coupable.

Pourtant, quelques indicent pointent le bout de leur nez ça et là. La porte de l’appartement de Beth a été forcée, ça n’étonne personne. Nick lui dit même de la faire réparer alors qu’il vient de l’accuser de meurtre, il est hilarant cet imbécile. Son obsession pour l’enquête va jusqu’à la dissociation.

« Je suis amoureux de toi mais je vais te coffrer sale tueuse ! »

« En fait c’était toi Beth ! C’est toi la tueuse n’est-ce-pas !?! Allez salut, n’oublie pas de faire réparer ta porte quand même, c’est dangereux de laisser une porte comme ça qui ferme pas ! Tu vas griller sur la chaise salope ! »

Catherine devient de plus en plus collante. Elle s’incruste chez Nick, lui offre une plante, lui dit qu’il lui a manqué. Nick lui-même la remet à sa place : « Je n’ai pas été absent suffisamment longtemps pour pouvoir te manquer. »

C’est vraiment un personnage intéressant car il est dupe de beaucoup de choses, il n’est absolument pas dupe d’autres et son opinion peut évoluer de l’erreur à la vérité, ou de la vérité à l’erreur si on le manipule suffisamment bien.

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