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Basic Instinct: Catherine Tramell Perverse Manipulatrice. Partie 2. (1400 mots)

Publié le par Kevin

Basic Instinct: Catherine Tramell Perverse Manipulatrice. Partie 2. (1400 mots)

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Et nous arrivons à Catherine Tramell.

Je pense que Catherine Tramell est « tombée amoureuse » de Beth Garner lorsqu’elles ont couché ensemble à l’université.

Cela peut sembler inimaginable mais c'est parfaitement possible. D'un amour très puéril. Comme je le disais, la perverse narcissique se cherche une identité et Beth Garner est un cliché de petite fille parfaite.

« Tomber amoureuse » c’est surtout « vouloir être Beth. » Et lorsqu’on admire quelqu’un, lorsqu’on veut la reconnaissance de quelqu’un on peut aussi l’imiter. Les fans de Johnny Hallyday, de Star Wars ou de films de superhéros en savent quelque chose. On veut s’associer aux qualités (ou à l'aura) des personnages que l’on admire.

Je pense que Catherine Tramell a tué ses parents lorsqu’elle était enfant comme elle aurait pu faire tomber un poisson rouge de son bocal pour voir ce qu’il se passe. C’est d’ailleurs ce qui l’aurait amenée à faire des études de psychologie. Elle cherche à comprendre ce qui lui a pris. De la même manière qu’elle s’intéresse aux assassins. En attendant, le fait d’avoir assassiné ses parents l’a empêchée de se construire normalement. (Je reviens à ces hypothèses à la fin de l’analyse).

Elle tombe donc amoureuse de Beth Garner qui est la fille équilibrée et inoffensive par excellence et que Catherine voudrait être.

Lorsqu'un pervers manipulateur se montre particulièrement opposé, indifférent, hautain vis-à-vis d'une personne, il est fort probable qu'il la jalouse maladivement en secret. Voilà d'ailleurs la profondeur maladive du pervers, une jalousie perpétuelle de tout. Derrière la façade éminemment étudiée, c'est la jalousie, le dépit, la rivalité, la compétition, le combat à mort, la guerre constante.

Lorsqu'un pervers manipulateur se montre particulièrement opposé, indifférent, hautain vis-à-vis d'une personne, il est fort probable qu'il la jalouse maladivement en secret. Voilà d'ailleurs la profondeur maladive du pervers, une jalousie perpétuelle de tout. Derrière la façade éminemment étudiée, c'est la jalousie, le dépit, la rivalité, la compétition, le combat à mort, la guerre constante.

Le problème, c’est que Beth s’est juste laissée entraîner dans une expérience simple, probablement par une Catherine Tramell qui prétendait que tout était facile, que rien n’avait de conséquence, qu’il fallait vivre et profiter de la vie et patati et patata, mais que lorsque Beth a pris ses distances vis-à-vis de Catherine, le ton a changé et nous arrivons à cette vampirisation dont je parlais au-dessus.

Pour se venger de Beth (et se valoriser), Catherine a voulu lui prouver qu’elle pouvait être une version de son amie plus intéressante qu’elle-même au yeux des autres. C’est-à-dire que Catherine s’est mise à se conduire comme Beth, probablement à lui voler ses idées, ses blagues, ses points de vue, son style vestimentaire, tout en affichant son assurance de perverse, son caractère exubérant et à prouver à Beth que personne ne voit la différence profonde.

Lorsque les gens que A fréquente ne savent plus déterminer la différence entre A et son contraire, A fait l’expérience d’une solitude existentielle profonde et traumatisante.

Comme je le disais au-dessus, lorsque le pervers menteur parvient à créer une situation dans laquelle on le croit et on remet en question la parole d’une personne perçue comme un symbole d’honnêteté, alors il a gagné, il est symboliquement devenu quelqu’un d’incroyablement honnête, et l’autre fait l'expérience de la pire humiliation possible, on ne voit plus la différence entre lui et le mensonge incarné.

J’imagine que cela paraît atrocement complexe et impossible à mettre en place, pourtant ça se produit en un clin d’œil dans la réalité. C'est un mécanisme tellement spontané chez le pervers, c'est tellement naturel, qu'on pourrait dire que cela s'autoproduit.

A un niveau profond, on se trouve devant un sacrifice rituel. Le pervers prend la place de la personne qu’il admire et a donc le sentiment de s’approprier la valeur de l’autre. Je vais reprendre l’exemple des échecs. Le pervers va chercher à vaincre (en trichant) le meilleur joueur et à ensuite le faire passer pour un tricheur aux yeux de tous.

Basic Instinct: Catherine Tramell Perverse Manipulatrice. Partie 2. (1400 mots)

Si ça fonctionne, il aura donc la satisfaction d’avoir pris la place qu’il enviait. Il est le meilleur et il n’est pas un tricheur puisque c’est l’autre. Évidemment, au fond de lui, il sait bien que tout n’est qu’une mascarade, mais c’est justement le cœur du pervers narcissique : il s’en moque. Il a abandonné le réel*. Il ne se construit pas une estime de soi en étant bon aux échecs et en étant bon joueur malgré l’enjeu. Il se construit une estime de soi dans le regard que les autres posent sur lui, indépendamment de la réalité. La victoire ultime arrivant lorsque le meilleur joueur décide d’arrêter de fréquenter le groupe parce qu’il est écœuré. Le sacrifice rituel est opéré, il a tué, dévoré le cœur, assimilé l’âme, du membre de la tribu dont il voulait s’approprier les talents.

On peut mieux comprendre l’automatisme de cette vampirisation car le pervers narcissique devient l’incarnation des non-valeurs. Il voudra toujours s’associer à des qualités qu’il n’a pas, à des valeurs et des principes dont il n’est pas digne. Par conséquent en s’associant à une valeur quelconque, il va devoir détruire les personnes qui possèdent cette valeur, qui la défendent, qui la prennent au sérieux. Les pervers narcissiques détruisent tout sur leur passage. C’est d’ailleurs pour ça que certaines personnes les décrivent comme le mal incarné.

*Le retour au réel est un but lointain que le manipulateur espère atteindre par la construction d'une illusion de valeur. C'est paradoxal mais c'est le mécanisme spontané. Un peu comme il peut être parfois important pour un coupable qu'une personne puisse le croire innocent afin qu'il parvienne à avouer son crime et en porter la responsabilité.

 

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Beth Garner a commis la grave erreur de coucher avec Catherine Tramell qui en a fait sa cible, sa proie. Je n’ai pas le moindre doute que Catherine a réussi à créer les apparences qu’elle désirait créer, c’est-à-dire que tout le monde a cru que Beth, la fille sage et timide, la fille réservée, la fille sensible, douce, effacée et un peu ennuyeuse s’était mis en tête qu’elle avait une chance sérieuse avec l’excentrique Catherine Tramell, superbe, délurée, folle, vivante, confiante, talentueuse etc. je n’ai aucune doute que sa persona de l’époque était déjà écrasante.

Basic Instinct: Catherine Tramell Perverse Manipulatrice. Partie 2. (1400 mots)

Catherine qui ne perd pas le nord, qui se sait en guerre et qui sait qu’elle doit garder un coup d’avance, va donc porter plainte contre Beth Garner pour harcèlement.

Nous nous retrouvons devant un exemple de cette manière incroyable dont le pervers narcissique se sert de nos scripts mentaux pour nous faire gober n’importe quoi. Beth Garner aurait pu aller porter plainte contre une personne qui la harcelait, oui. Au bout d’un certain temps. Catherine Tramell ne serait jamais allée à la police. Elle aurait couché avec un imbécile à qui elle aurait fait miroité des choses, elle aurait monté une mise-en-scène du genre « quelqu’un a crevé les pneus de ma voiture, je ne peux pas te rejoindre pour passer la soirée avec toi. C’est cette tarée de Garner !!! » Et Beth aurait eu une mauvaise surprise dans un coin sombre de l’université.

Catherine Tramell sait non seulement se défendre mais en plus, Beth Garner aurait été à des années lumières de représenter la moindre menace pour elle. Même sans l’aide d’un patin, elle lui aurait juste retourné une gifle ou l’aurait humiliée en public. Beth n’aurait jamais pu amener Catherine à aller porter plainte.

Basic Instinct: Catherine Tramell Perverse Manipulatrice. Partie 2. (1400 mots)

Mais dans le contexte d’une affaire de meurtre, des années plus tard, cette plainte devient un élément symbolique fort. « C'est troublant, Catherine a déjà eu des problèmes avec Beth, à une autre époque. »

Doit-on imaginer que Catherine avait tout prévu dix avant ? Qu’elle allait assassiner un homme au pic à glace ? Que Beth serait la psy du flic qui va enquêter ? Inconcevable.

Voilà un exemple parfait du problème qu’il y a à croire que les pervers narcissiques sont intelligents. On constate ces manipulations et on les explique par une sorte de pouvoir de divination incroyable… et en conséquence, on n'identifie jamais une personne comme étant capable d'une telle chose au final et on passe à côté des manipulations des pervers narcissiques.

L'astuce réel, c’est simplement la malveillance froide perpétuelle et le désir de domination. Catherine n’a rien calculé ou prévu. Elle voulait juste le dernier mot. Elle voulait juste détruire Catherine. Elle a porté plainte parce que c’était ce qui allait achever de donner l’image qu’elle voulait à l’époque et cette perception ressurgit une décennie plus tard et lui sert à nouveau.

Maintenant, Beth Garner n’est pas juste une cible anodine pour Catherine, c’est la fille qu’elle aimerait être, c’est son objectif existentiel. Donc, elle pourrait néanmoins prévoir des choses sur le long terme, comme on peut le faire lorsqu’on est amoureux.

Il y a un espace réservé aux monstres raffinés et calculateurs dans notre culture. On associe souvent les crimes les plus répugnants à une forme d'intelligence. Meurtres ritualités à la Seven, cannibalisme. Il ne faudrait pourtant pas sous-estimer la propension des imbéciles à commettre le pire.

Il y a un espace réservé aux monstres raffinés et calculateurs dans notre culture. On associe souvent les crimes les plus répugnants à une forme d'intelligence. Meurtres ritualités à la Seven, cannibalisme. Il ne faudrait pourtant pas sous-estimer la propension des imbéciles à commettre le pire.

Autre bonne blague de Catherine. Elle se souvient parfaitement du monstrueux harcèlement dont elle a été victime et qui l’a poussée à aller voir la police…. mais elle ne se souvient pas que son « counselor » a été assassiné à coup de pic à glace. J’ai mis « counselor » parce que le mot a deux traductions et que la vf du film a gardé l’idée de directeur de mémoire universitaire, alors que « Counselor, » c’est également thérapeute et que les personnes qui passent un diplôme de psychologie sont suivies par un thérapeute quelques temps. Or, je pense que c’est du deuxième sens qu’il est question ici. Catherine était suivie par un psy qu’elle a fini par assassiner quand les choses se sont dégradées avec Beth (ou avec lui). Je pense que son histoire avec Beth a réellement été quelque chose de profond et d’important pour Catherine. Elle croit qu’elle peut obtenir l’absolution au travers de sa relation avec elle, ou remonter à la surface en quelque sorte.

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