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9 Semaines et demi : Dimension fantastique. (1152 mots)

Publié le par Kevin

9 Semaines et demi :  Dimension fantastique. (1152 mots)
9 Semaines et demi :  Dimension fantastique. (1152 mots)

Je me souviens que lorsque j’ai vu 9 Semaines et demi, probablement aux alentours de 2010, je me suis trouvé très surpris par la niaiserie de l’œuvre.

Le film est décrit comme la relation torride d’un inconnu mystérieux avec une conservatrice de galerie d’art, à l'intérieur de laquelle l’homme presque malsain va pousser les limites de ce que la jeune femme peut accepter, consentir à faire de son plein gré.

Tout le long du film, le public est amené à suivre les jeux sexuels de John et Elizabeth et à se dire que ho la la, ça va loin tout de même.

J’avais donc été frappé en le voyant pour la première fois, par le point auquel celui-ci n’est pas excitant ou érotique disons. Bon, je ne vais pas dire qu’un homme qui trouverait Kim Basinger en T-shirt mouillé excitante serait ridicule. Simplement, pour un film qui raconte une telle histoire, je trouve que les scènes qui pourraient devenir érotiques ont plutôt tendance à être désamorcées et à éviter de le devenir.

John met du miel sur la langue d'Elizabeth qui accueille le liquide visqueux les yeux fermés. Bon, ce n'est pas le bout du monde mais on peut comprendre la dimension excitante de l'image et la pratique sexuelle associée.

John met du miel sur la langue d'Elizabeth qui accueille le liquide visqueux les yeux fermés. Bon, ce n'est pas le bout du monde mais on peut comprendre la dimension excitante de l'image et la pratique sexuelle associée.

Le plan enchaîne très rapidement sur la jambe d'Elizabeth couverte de miel. Quand je vois ça, je ne peux penser qu'au sucre et à aller prendre une douche.

Le plan enchaîne très rapidement sur la jambe d'Elizabeth couverte de miel. Quand je vois ça, je ne peux penser qu'au sucre et à aller prendre une douche.

Gelée rouge pour enfant.

Gelée rouge pour enfant.

Sirop pour la toux.

Sirop pour la toux.

Le strip-tease d‘Elizabeth/Kim Basinger, qui par définition devrait être une scène excitante, est très mal esthétisé, la caméra file la nausée et les inserts des réactions de John/Mickey Rourke sont en complet décalage avec le regard appréciatif qu’un homme devrait avoir face à un tel spectacle. Au contraire, il semble s’en moquer complètement. Et c’est le cas dans beaucoup de scènes. En fait, on dirait souvent que c'est un psy qui est là pour la soigner.

Strip tease intersidéral dans cuisine du futur !

Strip tease intersidéral dans cuisine du futur !

John encourage Elizabeth à se déshabiller comme s'il s'agissait d'une performance, d'un exploit sportif ou qu'elle devait boire un demi cul-sec, la dimension sexuelle est entièrement absente.

John encourage Elizabeth à se déshabiller comme s'il s'agissait d'une performance, d'un exploit sportif ou qu'elle devait boire un demi cul-sec, la dimension sexuelle est entièrement absente.

On a même droit à des spotlights magiques sortis de nulle-part. Ce qu'il se passe à l'écran n'est pas à prendre au sens littéral, clairement, les choses se passent dans la tête d'Elizabeth. Simplement, je ne sais pas jusqu'à quel point.

On a même droit à des spotlights magiques sortis de nulle-part. Ce qu'il se passe à l'écran n'est pas à prendre au sens littéral, clairement, les choses se passent dans la tête d'Elizabeth. Simplement, je ne sais pas jusqu'à quel point.

Le strip tease se termine sur le toit où Elizabeth se montre nue à la ville. Au public. Est-ce qu'Elizabeth incarne l'oeuvre de l'artiste ? Qui va s'exposer "nue" au monde ? Montrer nos oeuvres intimes au public c'est les prostituer ? Oui, je le pense. Parce que derrière la démarche artistique il y a un sens, un but et une intention et ceux-ci seront corrompus par la démarche d'exposition.

Le strip tease se termine sur le toit où Elizabeth se montre nue à la ville. Au public. Est-ce qu'Elizabeth incarne l'oeuvre de l'artiste ? Qui va s'exposer "nue" au monde ? Montrer nos oeuvres intimes au public c'est les prostituer ? Oui, je le pense. Parce que derrière la démarche artistique il y a un sens, un but et une intention et ceux-ci seront corrompus par la démarche d'exposition.

Leurs jeux sexuels flirtent toujours avec un jeu bien plus enfantin qui dénote. On devrait se sentir confronté à un jeu dangereux avec des interdits, mais le film en fait tellement qu’on a l’impression de voir des ados qui sonnent à une porte et partent en courant. Et surtout, le film lui-même donne le sentiment de percevoir la relation de John et Elizabeth de la même façon.

L’absence d’érotisme n’est pas un défaut en soi mais c’est une dimension perturbante puisqu’on s’attendrait à en trouver.

De la même manière, j’avais entendu des universitaires féministes se demander si John était réellement au contrôle de la relation et de la situation, c’est lui qui imposait les expériences, les jeux et qui rabaissait Elizabeth, mais au final Elizabeth ne fait que ce qu’elle veut et à la minute où elle n’a plus envie, elle le quitte.

J’avais entendu ces discussions avant de voir le film et en le regardant je m’étais senti assez consterné.

9 Semaines et demi :  Dimension fantastique. (1152 mots)

Il n’y a aucun jeu de contrôle dans cette histoire. Elizabeth fait entièrement ce qu’elle veut et obtient de John exactement ce qu’elle veut. Il n’y a pas d’agression ou de perversion. John est très gentil, doux et pratiquement soumis aux désirs d’Elizabeth.

Si je voulais revoir le film c’était justement parce que je m’attendais à découvrir que John était en fait le jouet d’Elizabeth, que c’était lui sa victime, qu’elle se servait de lui tout en le laissant guider.

Ce n’est pas difficile de s’imaginer qu’une femme puisse implicitement exiger d’un homme qu’il devine ce qu’elle désire, quitte à ce qu'il s’aventure en terrain dangereux et se le voit reproché. Pitié, ça arrive tout le temps.

Souvent, alors que les femmes peuvent espérer ce qu’elles désirent tout en restant passives, les hommes sont, au contraire, condamnés à agir et à prendre des risques et des responsabilités.

Finalement, je n’ai pas trouvé ce que je pensais dans le film. Pas de manipulation ignoble et égoïste, pas d’hypocrisie de la part d’Elizabeth et d’exploitation ignoble du pauvre petit minet Rourke.

C’est ma compagne qui m’a donné la solution innocemment d’un : « Ce serait pas un film fantastique ? »

J’ai immédiatement compris qu’elle avait entièrement raison, je suis allé pleurer un peu dans la cuisine et me revoilà pour cette lecture alternative :

John est le vieux peintre.

Je ne sais pas comment exactement, mais l’histoire de 9 Semaines et Demi est l’histoire d’une conservatrice de galerie qui est profondément touchée par le travail de l’artiste qu’elle va présenter. Sa sensibilité à son art l’excite sexuellement et le rapport qu’elle établit avec le vieil homme devient sensuel et sexuel.

L'excitation sexuelle qu'Elizabeth peut ressentir face à l'oeuvre de Farnsworth est explicitement dépeinte.
L'excitation sexuelle qu'Elizabeth peut ressentir face à l'oeuvre de Farnsworth est explicitement dépeinte.

L'excitation sexuelle qu'Elizabeth peut ressentir face à l'oeuvre de Farnsworth est explicitement dépeinte.

9 Semaines et demi :  Dimension fantastique. (1152 mots)
9 Semaines et demi :  Dimension fantastique. (1152 mots)
9 Semaines et demi :  Dimension fantastique. (1152 mots)

Je ne saurais expliquer les règles que le scénariste établit dans sa dimension fantastique mais on peut constater beaucoup d’éléments habituels des films de fantômes, de monstres ou de lieux hantés.

On pourrait se dire que John n’est que dans l’esprit d’Elizabeth, qu’elle est la seule à le voir, qu’elle s’imagine ses interactions avec les autres. Ils sont très souvent uniquement tous les deux. John est très silencieux, effacé et ses répliques sont entièrement tournées vers ses interactions avec Elizabeth. Il n’existe qu’au travers d’elle en tant que personnage. Il est très unidimensionnel et c’est d’ailleurs assez particulier car cela véhicule l’idée que leur relation torride est uniquement tournée vers le sexe. John n’a aucune personnalité, donc sa seule motivation c’est son attirance pour Elizabeth, donc le sexe.

Ce film est une description d'une forme d’immaturité féminine. La femme qui rêve d’un homme charmant qui ne vit que pour lui plaire, lui acheter les écharpes qu’elle regarde au marché, la servir, la surprendre, et l’amener à faire des choses dont elle ne se croit pas capable, à avoir des comportements qu’elle n’imagine pas faire partie d’elle-même. En gros, c’est la fille/femme qui cherche un papa et un amant.

9 Semaines et demi :  Dimension fantastique. (1152 mots)

Et l’homme doit se taire et être content parce qu’il a droit au sexe alors il doit être content. Toutes les femmes le savent, tous ce que les hommes veulent, c’est le sexe. C’est un sarcasme, les hommes sont souvent les premiers à l’ignorer mais nous ne cherchons absolument pas que le sexe et ce préjugé sert plus à nous asservir qu’il n’est une critique légitime.

Et donc, la construction du personnage de John rend cette possible inexistence envisageable. Lorsqu’elle cherche à le voir à son travail, c’est la même chose, le lieu est irréel.

Attention, je ne prétends pas que John n’interagit jamais avec d’autres personnes ou qu’il n’existerait littéralement que dans l’esprit d’Elizabeth, non, je dis juste que la mise en scène utilise des schémas habituels qui amènent à ce type de conclusion.

John ne présente aucun ami, aucune famille. Les lieux dans lesquels les personnages évoluent sont impersonnels, la foule, lieux abandonnés, appartements modernes absolument impeccables. Elizabeth fouille son appartement pendant son absence, elle ne découvre qu’un appartement témoin, cliché. Des costumes impeccables, tout est bien rangé. Virtuellement rien de personnel.

Elizabeth assise sur un sofa chez John. Quel bordel !

Elizabeth assise sur un sofa chez John. Quel bordel !

Un magasin de chaussures et vêtements dans le monde de John et Elizabeth.
Un magasin de chaussures et vêtements dans le monde de John et Elizabeth.

Un magasin de chaussures et vêtements dans le monde de John et Elizabeth.

Les bureaux où John travaille. Ses collègues sont insupportables, ce sont les fauteuils.

Les bureaux où John travaille. Ses collègues sont insupportables, ce sont les fauteuils.

John serait une sorte d’être magique qui est apparu en lien avec l’approche du vernissage que prépare Elizabeth. Elle a besoin de se booster parce que l’organisation la stresse et elle s’offre à l’artiste, à l’art. Elle se laisse emporter etc etc.…

Elizabeth a une interaction avec un homme qui tente de flirter avec elle. Elle sent son désir et le bien qu'il lui fait alors qu'elle est entièrement fermée à tout flirt et le rembarre vilainement.
Elizabeth a une interaction avec un homme qui tente de flirter avec elle. Elle sent son désir et le bien qu'il lui fait alors qu'elle est entièrement fermée à tout flirt et le rembarre vilainement.

Elizabeth a une interaction avec un homme qui tente de flirter avec elle. Elle sent son désir et le bien qu'il lui fait alors qu'elle est entièrement fermée à tout flirt et le rembarre vilainement.

John le remplace par magie, une copie du précédent homme, mais acceptable. Doux, silencieux, plus beau. Et hop, il disparaît et le jeu de chat et de souris peut commencer.
John le remplace par magie, une copie du précédent homme, mais acceptable. Doux, silencieux, plus beau. Et hop, il disparaît et le jeu de chat et de souris peut commencer.

John le remplace par magie, une copie du précédent homme, mais acceptable. Doux, silencieux, plus beau. Et hop, il disparaît et le jeu de chat et de souris peut commencer.

Mais au final, ça se passe mal. On dirait bien que l’artiste est pudique, qu’il n’est pas fait pour ce monde et elle le trahit en exposant ainsi ses œuvres.

Farnsworth avoue aller très mal. Il ne se souvient pas du vernissage. Il parvient encore à dormir et à manger. Cette perte de ses facultés cognitives n'est jamais expliqué et est d'autant plus étrange qu'il les récupère dans la scène suivante.
Farnsworth avoue aller très mal. Il ne se souvient pas du vernissage. Il parvient encore à dormir et à manger. Cette perte de ses facultés cognitives n'est jamais expliqué et est d'autant plus étrange qu'il les récupère dans la scène suivante.

Farnsworth avoue aller très mal. Il ne se souvient pas du vernissage. Il parvient encore à dormir et à manger. Cette perte de ses facultés cognitives n'est jamais expliqué et est d'autant plus étrange qu'il les récupère dans la scène suivante.

C'est son dédoublement en John qui l'exténue. Et c'est en tant que John qu'il la regarde pour la dernière fois, c'est la raison pour laquelle leur relation n'a pas de conclusion, car cette conclusion se situe dans la dernière scène avec John.
C'est son dédoublement en John qui l'exténue. Et c'est en tant que John qu'il la regarde pour la dernière fois, c'est la raison pour laquelle leur relation n'a pas de conclusion, car cette conclusion se situe dans la dernière scène avec John.

C'est son dédoublement en John qui l'exténue. Et c'est en tant que John qu'il la regarde pour la dernière fois, c'est la raison pour laquelle leur relation n'a pas de conclusion, car cette conclusion se situe dans la dernière scène avec John.

La fin serait peut-être même tragique puisque lui, s’ouvre aux autres mais elle, ne lui trouve plus aucun intérêt une fois son art partagé.

C’est fini entre eux. C’était intime, maintenant c’est publique, c’est reconnu et c’est fini.

 

 

 

 

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