Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Starship Troopers : Un Séminaire sur le complexe militaro-industriel. Introduction. (1000 mots)

Publié le par Kevin

Lorsque j'ai vu le film en 1998, j’ai immédiatement perçu l’aspect satirique de Starship Troopers. Le truc, c’est que tout en comprenant que j’étais face à du second degré, je ne voyais pas vraiment quel était le message caché.

Il me donnait le sentiment de dire que les humains étaient les méchants, tout en nous donnant clairement envie de les voir gagner.

Lorsqu’à la fin les mots « They’ll fight and they’ll win » s’affichaient à l’écran, il était clair pour moi qu’il était suggéré que le métrage vendait la peau de l’ours largement avant de l’avoir tué. Alors quoi ? Les humains allaient perdre ? Si cette phrase était à prendre avec une distance satirique, c’est qu’elle était fausse mais si elle était fausse, une autre interprétation aurait dû être évidente et je ne la voyais pas. Le cerveau arachnide venait d’être capturé, c’était une grande victoire pour les humains.

Starship Troopers : Un Séminaire sur le complexe militaro-industriel. Introduction. (1000 mots)

Ce n’est que récemment que j’ai compris le sens profond de Starship Troopers. Ce film parle du complexe militaro-industriel et de ce point de vue, nous sommes devant le véritable Robocop 3.

Le complexe militaro-industriel, c’est cette entité mystérieuse contre laquelle Eisenhower mettait les citoyens américains en garde dans son discours d'adieu en 1961. Pour dire les choses simplement, l’industrie de l’armement fonctionne comme n’importe quelle autre industrie. Pensez à l’audiovisuel. On est passé de VHS à DVD à Blueray. Il faut trouver des arguments pour vendre, et il faut vendre. Il faut améliorer les technologies en place, sans les rendre plus durable. On crée des téléviseurs qui s’abiment plus facilement. Obsolescence programmée. Fragilité des composants. Pour l’industrie de l’armement il faut des guerres, il faut des raisons de tirer les balles, de lancer les bombes, de vider les chargeurs, de porter les casques, de se faire trouer les gilets.

Depuis longtemps donc, le lobby de l’armement a influencé la politique extérieure des U.S.A. de manières à s’enrichir. Ainsi, beaucoup de guerres n’ont pas été menées pour des raisons politiques mais économiques. Comme cela avait été souligné lorsque Bush a envoyé l’armée en Irak, les actions de je ne sais plus quelles compagnies ont grimpées en flèche, on se frottait les mains parce qu'il y allait avoir de la baston.

Il faut donc noter ici que NON ! Starship Troopers n'est pas une satire du militarisme d'extrême droite ou d'un patriotisme bas de plafond. Absolument pas ! Il n'y a rien de politique ou d'idéologique dans cette guerre et les personnages du film ne sont pas stupides, ils sont impitoyablement et terriblement efficacement manipulés. Ecoutez leurs motivations sous les douches ! John et Dizzy suivent leur cœur ! Personne n'est là pour la guerre... sauf Ace qui sera le seul à survivre comme par hasard.

Dans Robocop 1&2 on pouvait voir comment la compagnie OCP faisait largement passer en priorité ses intérêts financiers sur le maintien de l’ordre ou la protection de vies humaines.

Dans Starship Troopers, OCP (La fédération) est à la tête du gouvernement terrien en quelque sorte. L’industrie de l’armement dirige le monde et façonne donc la société en fonction de ses intérêts.

Le météore existe pour que le canon existe.
Le météore existe pour que le canon existe.

Le météore existe pour que le canon existe.

J’ai déjà essayé de rédiger un article sur Starship Troopers et me suis retrouvé à m'emmêler dans les nombreux axes de lectures que je pouvais trouver à ce film exceptionnel:

 

1-Tout d’abord, nous sommes face à un tour d’horizon des différentes méthodes de manipulation du complexe militaro-industriel réel. Entre les faux conflits, les faux ennemis et les fausses batailles, on a le choix et Starship Troopers n’hésite pas à faire clairement allusion à des événements réels pour nous les indiquer comme ayant été des supercheries.  (Partie 2)

2-Ensuite, vient l’histoire de la guerre contre les arachnides en elle-même. Si elle a été déclenchée volontairement, on peut se demander ce qui, de son développement, est réel. Difficile de savoir si les efforts de nos héros ont un sens ou non, s’ils approchent d’une victoire, ou si réellement absolument rien n’a de sens à ce niveau de l’intrigue. Les décors sont-ils en cartons ? Les arachnides ont-ils été produits en laboratoire ?

3-Le film se présente comme une œuvre de propagande censée amener les spectateurs à vouloir rejoindre les forces armées pour soutenir l’effort de guerre contre les Arachnides. L’histoire de John Rico sert de propagande. D’abord il meurt, puis il revient parmi les meilleurs (Roughnecks), monte en grade petit-à-petit et enfin trouve le cerveau arachnide et sert pour la première fois de cobaye à la nouvelle trouvaille des scientifiques : la communication par télépathie.

Rico meurt, Rico est ressuscité. Pourquoi seulement lui ?
Rico meurt, Rico est ressuscité. Pourquoi seulement lui ?

Rico meurt, Rico est ressuscité. Pourquoi seulement lui ?

L’histoire que nous raconte le film a été construite dans le but précis de servir de propagande et l’oligarchie n’hésite pas à intervenir dans la vie de John Rico pour lui faire prendre la direction désirée. A nous de départager le vrai du faux. (Partie 3)

4-Enfin, il reste le niveau de lecture de ce qui échappe au complexe militaro-industriel. Le sens caché que prend l’histoire qui passe sous le nez des manipulateurs et donne un sens ironique au dernier « They’ll fight and they’ll win. »

Le film se doit de développer des éléments qui échappent à la manipulation car aucune idéologie absurde et nihiliste ne peut intégralement contenir la vie qui trouve toujours son chemin. Et justement, le truc qui devient l'ennemi n°1 secret du complexe militaro-industriel, c'est le sexe et la reproduction. 

 

Voilà, ces quatre axes de lectures représentent un sacré tas de choses à regarder de près. Je ne sais pas si je le ferai. On verra.

 

 

Il y a dans Starship Troopers une scène qui typiquement crie à la manipulation/conspiration et me donne un bon exemple de la manière dont le film peut être terriblement obscur et complexe.

Carmen enregistre un message vidéo super enthousiaste à John. Elle est en tenue sexy. On peut noter le "Fed communication service" qui signifie que Rico ne sera pas le seul à voir ce message.

Carmen enregistre un message vidéo super enthousiaste à John. Elle est en tenue sexy. On peut noter le "Fed communication service" qui signifie que Rico ne sera pas le seul à voir ce message.

Carmen s'emballe et dit à Rico que s'il veut monter en grade, il suffit de demander. Alors que John fait un commentaire sur sa copine, l'attention de Carmen est attirée par la sonnette de la porte de sa chambre.

Carmen s'emballe et dit à Rico que s'il veut monter en grade, il suffit de demander. Alors que John fait un commentaire sur sa copine, l'attention de Carmen est attirée par la sonnette de la porte de sa chambre.

La scène change. Carmen n'est plus habillée de la même manière. Son enthousiasme a mis les voiles et elle annonce à John qu'elle va devoir le quitter parce qu'elle veut faire carrière. La sonnerie à la porte c'était quelqu'un qui lui a dit "tu le quittes ou tu nous quittes." On peut voir qu'elle est réellement triste de se séparer de John.
La scène change. Carmen n'est plus habillée de la même manière. Son enthousiasme a mis les voiles et elle annonce à John qu'elle va devoir le quitter parce qu'elle veut faire carrière. La sonnerie à la porte c'était quelqu'un qui lui a dit "tu le quittes ou tu nous quittes." On peut voir qu'elle est réellement triste de se séparer de John.

La scène change. Carmen n'est plus habillée de la même manière. Son enthousiasme a mis les voiles et elle annonce à John qu'elle va devoir le quitter parce qu'elle veut faire carrière. La sonnerie à la porte c'était quelqu'un qui lui a dit "tu le quittes ou tu nous quittes." On peut voir qu'elle est réellement triste de se séparer de John.

Je n’ai pas ici d’explication à donner à cet étrange événement. Ce qui m’intéresse c’est qu’il n’y a strictement rien à aucun moment du film qui permette de comprendre pourquoi l’on voudrait que Carmen quitte John. La question n’est jamais abordée à nouveau. On n’apprend jamais rien sur un supérieur qui donnerait des directives à Carmen non plus. Cet épisode reste extrêmement énigmatique et pourtant, il est bel et bien là.

 

Autre exemple moins probant mais qui m'a toujours turlupiné :

L'histoire de la roquette/grenade. Rico menace un cerveau arachnide à l'aide d'un explosif qui se déclenche s'il le lache.

L'histoire de la roquette/grenade. Rico menace un cerveau arachnide à l'aide d'un explosif qui se déclenche s'il le lache.

Dans leur fuite, l'un des soldats de Rico est grièvement blessé et décide de se sacrifier. Il s'empare de la bombe et promet de résister jusqu'à son dernier soupir, moment où il relachera la pression qu'il exerce pour retenir le mécanisme de l'explosif, provoquant ainsi l'explosion. Il veut finir en emportant un maximum d'arachnides avec lui.
Dans leur fuite, l'un des soldats de Rico est grièvement blessé et décide de se sacrifier. Il s'empare de la bombe et promet de résister jusqu'à son dernier soupir, moment où il relachera la pression qu'il exerce pour retenir le mécanisme de l'explosif, provoquant ainsi l'explosion. Il veut finir en emportant un maximum d'arachnides avec lui.

Dans leur fuite, l'un des soldats de Rico est grièvement blessé et décide de se sacrifier. Il s'empare de la bombe et promet de résister jusqu'à son dernier soupir, moment où il relachera la pression qu'il exerce pour retenir le mécanisme de l'explosif, provoquant ainsi l'explosion. Il veut finir en emportant un maximum d'arachnides avec lui.

Mais la bombe explose sans prévenir alors qu'il continue de tirer et d'insulter les arachnides: elle a été déclenchée par quelqu'un d'autre. Pensez bien que cet homme vit ses derniers instants, s'il y a une chose qu'il ne peut pas faire c'est déclencher l'explosion dans l'indifférence. Ce que nous attendions en tant que spectateur c'est soit qu'on le voit prendre un coup de patte arachnide suivit de l'explosion, soit qu'il hurle une dernière insulte prolongée comme "Scr***w Youuuuuuuuuu" interrompue par l'explosion. Or, le film ne nous donne même pas l'occasion de voir l'acteur desserrer les doigts par exemple, il est interrompu au milieu de l'action. C'est suspect.

Mais la bombe explose sans prévenir alors qu'il continue de tirer et d'insulter les arachnides: elle a été déclenchée par quelqu'un d'autre. Pensez bien que cet homme vit ses derniers instants, s'il y a une chose qu'il ne peut pas faire c'est déclencher l'explosion dans l'indifférence. Ce que nous attendions en tant que spectateur c'est soit qu'on le voit prendre un coup de patte arachnide suivit de l'explosion, soit qu'il hurle une dernière insulte prolongée comme "Scr***w Youuuuuuuuuu" interrompue par l'explosion. Or, le film ne nous donne même pas l'occasion de voir l'acteur desserrer les doigts par exemple, il est interrompu au milieu de l'action. C'est suspect.

Partie 2: Les fausses batailles historiques américaines.

Partie 3: La construction de l'histoire de Rico.