Franchise Star Wars : Intuition que Darth Vador est en réalité le gentil ultime. (2000 mots)

Récemment, mon père a entendu parler de Phantom of the Paradise de Brian de Palma sur France Inter, film qu’il connaissait et que nous avions eu en VHS pendant quelques décennies avant qu’il ne jette tout. Sa nostalgie curieuse déclenché, il en a subitement acheté le bluray.

Autour de la trentième minute du métrage, Winslow, le compositeur défiguré suite à un accident et dont toutes les dents ont été arrachées en prison, revient à la boîte de nuit du méchant Swan pour se venger et surtout pour empêcher que ses chansons ne soient chantées par des artistes qu’il n’approuve pas. Plutôt que de nous montrer son visage horriblement brûlé, Brian de Palma choisit de nous faire voir la scène en vue subjective.

Nous entendons donc la respiration de Winslow qui fait immédiatement penser à Darth Vador. L’homme s’empare ensuite d’un masque de théâtre qu’il utilise pour dissimuler son visage.

Respiration forte, voix robotique, masque et dents métalliques, visage brûlé, les similitudes avec Darth Vador sont assez faciles à remarquer. Brian de Palma empruntant clairement à Hitchcock, il n’est pas étonnant qu’il ait également chipé un peu à George Lucas… sauf que Star Wars sort trois ans plus tard, en 77. Oups.

C’est là que mon père me dit que le bonhomme de France Inter a justement dit que Lucas s’était inspiré de ce personnage de De Palma pour Darth Vador. En creusant un peu j’ai constaté que George Lucas et De Palma étaient amis, que Lucas avait vu Phantom of the Paradise et qu’il y avait eu des discussions au sujet de cet emprunt. Cette similitude volontaire entre les deux personnages me donne une bonne occasion de donner une interprétation qui me tiraille depuis deux ou trois ans sans que je trouve le courage de rédiger l’article qui va avec parce que je ne suis pas un fan de Star Wars du tout et que j’en ai un peu assez de les reregarder.

A force d’analyser des films, j’ai remarqué la manière étrange dont les acteurs sont très souvent utilisés d’une manière similaire de l’un à l’autre. Bien sûr, les critiques adorent célébrer le jour où un acteur est utilisé à « contre-emploi » et qu’il prouve qu’il est un acteur un vrai, ho la la ! Mais je n’aurais jamais cru découvrir à quel point on demande souvent aux acteurs de répéter le même arc narratif même dans un rôle en apparence différent, cela sans lien nécessaire avec une absence de talent.

Scarlett Johanson a très très souvent le rôle d’une fille simple et accessible, pleine d’amour, qui ne demande qu’à se donner entière à un mec lambda mais qui va être rejetée pour je ne sais quelle raison. The Barber, Hail Ceasar, Avengers, Match Point, We Bought a Zoo, Lost in Translation…

Matt Damon est la belle victime que tout le monde veut sauver… et qu’il ne faut surtout pas sauver car il s’agit en fait d’un usurpateur/manipulateur. Will Hunting, Saving Private Ryan, The Bourne Identity, The Talented Mr.Ripley, Les Infiltrés, Interstellar, Seul sur Mars, Le Mans 66.

Dans tous ces films, des personnages viennent en aide à Matt Damon de leur plein gré, parce qu’il les séduit, il ment, se fait passer pour une victime, minimise le danger etc... peu importe, mais au final ceux qui viennent le soutenir commettent une erreur et se font du tort.

Je ne dis pas que ces rôles répétitifs s’appliquent à tous les films ou représentent une règle immuable, ce que je veux dire c’est que cette logique est suffisamment présente pour que l’on puisse juger d’un film à un autre, le rôle d’un acteur. Pas besoin de forcer la chose, si ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas. Mais si je vois un film avec Matt Damon et que l’intrigue prend la direction d’un sauvetage, je surveille les indices qui indiqueraient qu’il ne faut justement pas aller le sauver.

Tout ça pour dire que sans jamais considérer qu’analyser l’arc narratif d’un personnage en fonction de l’acteur qui le joue soit une approche très solide, je remarque que le monde du cinéma s’amuse avec ces clins d’œils et ces similitudes, les recherche et les utilise plutôt que de tenter de les éviter. (Cette logique vient peut-être du fait qu'une fois qu'un acteur a rencontré un gros succès, les studios veulent miser sur le rôle qui rend cet acteur populaire simplement dans le but de faire des films qui marchent. Si un homme a été apprécié dans un rôle de méchant, on le castera plus facilement en méchant plutôt qu'en gentil. Pas la peine de prendre des risques inutiles).

Et si Winslow de Phantom of the Paradise a donc inspiré Darth Vador de Star Wars, on peut se demander jusqu’à quel point, car la copie conforme est au final aussi probable que l’inspiration partielle. (Il ne s'agirait pas ici d'un acteur jouant le même rôle évidemment, mais d'un personnage construit à l'identique mais joué par un acteur différent dans un univers tout autre).

Winslow veut que Phoenix chante ses chansons. Swan, qui a vendu son âme au diable, vole les chansons de Winslow et veut qu’elles soient chantées par quelqu’un d’autre. Winslow finit par devenir le larbin détruit physiquement de Swan dans l’espoir de voir Phoenix chanter ses chansons au Paradise, alors que Swan se moque toujours de lui.

On trouve une relation comparable entre Palpatine et Anakin Skywalker, l’enfant marqué par la force (le talent de Winslow) qui voudrait faire revivre Padmé. Il me semble d’ailleurs que Palpatine suggère qu’un Sith a vaincu la mort dans l’épisode 3, lui-même sans doute. Les mêmes thèmes de côté obscur maléfique, de pouvoir et d’immortalité, de vie volée. Un homme martyr dont le corps est broyé pour ne laisser de lui que ce que son maître veut utiliser.

Il y a bien plus de points commun entre Winslow et Darth Vador que leur simple altération physique.

C’est ce qui m’amène à aborder enfin une chose très intéressante : Dans Phantom of the Paradise, Winslow est le protagoniste que l’on veut voir triompher. C’est le gentil, bien qu’il trucide une paire de larbins de Swan, De Palma présente les choses de manière légèrement cartoonesques. Il est clair que son « gentil » n’est pas un ange inoffensif, ce que l’on peut comprendre après tout ce qu’il a traversé. Or, cela fait quelques années que je me dis qu’Anakin Skywalker alias Darth Vador est vraiment le gentil de Star Wars, le personnage qui aurait dû triompher, le personnage qui, s’il obtenait ce qu’il désire, offrirait réellement une justice et un équilibre à la galaxie. C’est lui qui devait apporter l’équilibre dans la force. Pas Obiwan, pas Luke, pas Rey.

Plus platement, Darth Vador ne serait pas vraiment dans le camp de l’empire mais ne verrait simplement aucun intérêt à rejoindre les rebelles ou les jedis. Et il a bien raison. Les épisodes I, II et III nous montrent bien à quel point Anakin n’est pas un monstre, un génie du mal sadique assoiffé de pouvoir dénué d’humanité et de désirs simples. Il veut juste une famille, de l’amour, des enfants et voir ceux qu’il aime en sécurité.

Lucas s’est dit surpris par la manière dont le public avait perçu Darth Vador comme le méchant ultime alors que lui, voulait qu’il inspire de la pitié. J’imagine qu’il mentait légèrement en disant cela car Darth Vador est clairement présenté de sorte à ce qu’on le perçoive comme un être purement maléfique. On a d’ailleurs reproché à Star Wars son manichéisme, qui n’est là qu’en apparences pourtant.

Difficile de ne pas ressentir une pitié profonde pour Winslow dans Phantom of the Paradise. Il se fait voler son œuvre, humilier, tabasser, envoyer en prison, torturer, détruire physiquement. Pas besoin de cautionner ses actes violents pour les accepter ou désirer le voir triompher.

L’horreur du destin tragique d’Anakin Skywalker n’est devenue visible que bien longtemps après que Darth Vador soit devenu une figure du mal, du fascisme, dans l’inconscient collectif. Et pourtant, au final, nous sommes bien devant un destin tragique et non devant l’histoire d’un psychopathe assoiffé de pouvoir qui n’en a rien à faire des autres. Anakin sans père, esclave, mère malheureuse et asservie qu'il doit abandonner recruté par d’autres exploiteurs d’enfants (les jedis), puis larbin d’Obiwan, qui perd sa mère assassinée, amour interdit avec Padmé, etc etc etc.… la vie d’Anakin est horrible. Il est clair que, au même titre que Winslow et comme l’a dit George Lucas, Anakin Skywalker devrait inspirer de la pitié.

Mais lorsque je dis qu’Anakin serait le véritable gentil de la saga, ça n’est pas uniquement dans le sens où l’on pourrait comprendre sa douleur, son égarement, le pardonner et comprendre que c’est lui qui entretient les désirs et les objectifs les plus sains. Non, ce que je veux dire c’est que c’est un traître de l’empire, que c’est lui le plus important et le plus bénéfique des personnages à l’intérieur du conflit généralisé. Je dis donc également, qu’il est innocent des crimes dont on le pense responsable.

Comme je le disais plus haut, je ne rédigerai pas d’argumentation ici, je tiens juste à souligner ma conviction nouvelle. J’en avais l’intuition mais j’en suis maintenant convaincu à 90 %.

Je donne un exemple.

Dans Rogue One, on voit Darth Vador massacrer des rebelles à tour de bras pour récupérer les plans de l’étoile noire.

Après avoir vu Rogue One, j’ai commencé à m’intéresser aux lectures cachées dans Star Wars car j’en voyais une claire : La fuite des plans de l’étoile noire est un piège pour pousser les rebelles à attaquer alors qu’ils sont en réalité attendus et qu’ils vont se faire massacrer. Un de leurs généraux le dit lui-même.

Or, que se passe-t-il dans A New Hope ? Les rebelles attaquent l’étoile noire et se font massacrer. Ils ne sont sauvés que par Luke et Han, qui ne font pas partie des rangs rebelles à la base. Sans ces deux imprévus, l’empire aurait gagné.

Par conséquent, une personne qui ferait absolument tout pour empêcher que les plans n’arrivent entre les mains des rebelles, serait en vérité en train de les protéger. DONC lorsque Darth Vador massacre une tripoté de soldats rebelles à la fin de Rogue One, il est dans leur camp.

Voilà un parfait exemple de la manière dont Darth Vador serait le gentil. On pourrait se demander pourquoi il ne rejoint pas les rangs rebelles dans ce cas, mais c’est une autre histoire. Je voulais juste souligner la manière dont une scène le montrant comme le mal incarné, aurait une réalité toute autre.

Il n’y a pas cinquante événements monstrueux auxquels il participe et son comportement est toujours ambigu. Cela m’avait frappé en revoyant L’Empire Contre-attaque, lorsque Darth Vador dévoile à Luke leur lien de parenté, je m’étais dit que s’il avait eu sa voix et son visage, sa proposition aurait résonné différemment auprès de son fils. Il ne peut pas faire transparaître son amour et sa douceur, alors qu’on sait qu’Anakin Skywalker est plein d’amour.

Ce constat m’avait fait me demander si Lucas ne nous aurait pas joué un tour en s’amusant à nous faire mal interpréter les comportements de Darth Vador simplement parce que les informations auxquelles nous avons accès sont très limitées. On ne voit pas son visage, sa voix est monocorde et robotique. A un tel niveau d’opacité, une phrase peut signifier tout et son contraire.

Lorsque le général Tarkin ordonne de détruire la planète Alderaan nous n’avons aucun moyen de déterminer le degré d’accord de Darth Vador. S’il veut détruire l’étoile noire ou en prendre contrôle, il ne peut pas avouer son opposition à l’initiative de Tarkin. Son expression nous renseignerait facilement, mais son visage est invisible. On imagine en lui une indifférence totale voire une délectation alors que derrière le masque peut se cacher tout autre chose… comme nous le suggère Mel Brooks dans Space Balls. Dans la nouvelle trilogie, Kylo Ren démontre bien en quoi le masque peut servir à dissimuler des sentiments parfaitement opposés à ceux que l’on attend de lui.

Dans ses meilleurs moments la franchise Star Wars parvient à mettre en scène des personnages dont les vies et les aspirations personnelles sont broyées par les responsabilités politiques. Padmé, Leïa, Luke, Anakin, Rey, Fin sont tous des personnages qui ne font absolument pas ce qu’ils veulent et sont obligés de suivre des chemins contre leur gré cela à cause d’enjeux politiques.

La franchise ne donne en réalité aucune raison de penser que Darth Vador n’a pas d’agence propre ou de pensée propre. Lorsqu’il étrangle un militaire qui l’énerve au début de l’épisode IV, ce geste le définit comme « méchant » sadique. « I find your lack of faith disturbing. » Mais on pourrait aussi se dire qu’il n’a aucun respect pour les soldats de l’empire, parce qu’il se fiche de l’empire.

Dans L’Empire Contre-attaque, il capture Han Solo après avoir auparavant promis à Lando Cadrician qu’il ne le ferait pas. Encore une fois, on remet ce changement d’avis sur le compte de sa méchanceté naturelle ! Vilain Darth Vador qui ne tient jamais ses promesses. Mais aurait-il une raison de faire ça en fait ?

Bref, je suis aujourd’hui convaincu que derrière tous ces gestes maléfiques de Darth Vador, il y a des motivations bien plus humaines et acceptables.

Exactement comme Winslow, le personnage n’a plus de frein, il fait ce qu’il veut sans états d’âmes mais ses motivations et objectifs n’en sont pas pour autant maléfiques ou nocifs.

Torture-t-il réellement Leïa ? Est-ce que ça ne serait pas plutôt lui qui redirige le tir du Tie-Fighter qui détruit l’étoile noire à la fin de A New Hope ? La mort d'Obiwan dans A New Hope était importante en 1977. Aujourd'hui, on sait bien qu'Anakin qui veut tuer Obiwan, c'est compréhensible. Surtout que la mort d'Obiwan est une mascarade manipulatrice de ce dernier.

Si un jour je re re re re re regarde tous ces films, je parviendrai peut-être à recoller les morceaux des derniers mystères qu’ils gardent à mes yeux. Et je suis convaincu que je pourrai alors écrire un article qui démontre qu’Anakin/Darth Vador est le gentil ultime de la saga.

Ajout Octobre 2023:

Je viens de regarder la série Ahsoka que j'ai trouvé vraiment bonne abstraction faîte de la propagande féministe grinçante par moment.

Et je note deux choses.

Ahsoka est la padawan d'Anakin est Anakin est probablement le seul maître Jedi supportable que j'ai vu de toutes la saga. Je trouve Obiwan et Qui Gon détestables. Anakin est ferme mais doux, aimant et encourageant. D'ailleurs, Ahsoka devient également un des seuls maître Jedi que je trouve agréable.

Deuxième chose, il y a de nombreuses allusions aux "enfants du temple" dans la série. C'est un indice indirect mais Anakin n'est-il pas censé avoir tué les enfants du temple ? Je pense qu'il les a libérés moi, comme il aurait aimé qu'on le libère. Et ces nombreuses allusions du robot d'Ahsoka aux enfants du temple sans jamais la moindre référence à ce jour auquel Anakin les aurait tué est intrigante. Je ne serais d'ailleurs pas étonné qu'un des personnages (Baylen ?) soit un de ces enfants qui a croisé Anakin.

Et histoire de rappeler quelques autres "secrets" de Star Wars:

Palpatine est le père d'Anakin Skywalker/Darth Vador.

Leïa n'est pas la sœur de Luke.

Rey est la fille de Luke et Leïa.

Star Wars IV : A New Hope : La Mort d'Obiwan est une mascarade manipulatrice maléfique.

Star Wars IV : L'Empire n'a pas assassiné les parents adoptifs de Luke.

Star Wars IV : La Véritable princesse tenterait-elle de se faire tuer ?

Star Wars IV, V, VI : Leïa n'est pas la soeur de Luke.

Star Wars : Rogue One (2016) : Personne ne vole de plan dans ce film.

Star Wars VIII : The Last Jedi (2017) : Leïa n'est toujours pas la soeur de Luke.