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Mozinor et la vérité nuancée (Finito les Mercedes)

Publié le par Kevin

Mozinor et la vérité nuancée (Finito les Mercedes)

Avant d’utiliser un détail de sa dernière vidéo pour aborder le sujet de cet article je me dois de souligner que Mozinor est un critique, parodiste, satiriste exceptionnel dans son talent, son intelligence, son courage et son intégrité. Je ne cherche pas du tout à ternir son image dans cet article. Mozinor est une star, un héro français comme notre époque en a tant besoin. Bien au-dessus de 99 % des comiques adulés de ces trente dernières années et parfaitement digne du masque de Fantomas.

 

Ceci étant dit, j’ai trouvé dans sa dernière vidéo l’exemple d’un biais qui me désole et que je croise régulièrement, moi, en tant qu’analyste littéraire, interpréteur, intellectuel. C’est-à-dire une certaine incapacité à concevoir la nuance et la distance intellectuelle, l’idée que la vérité ne se dit que d’une seule manière, simple et brute, et l’incompréhension d’un fait paradoxal, celui que la vérité imposée est tout aussi fasciste que le mensonge imposé.

A la troisième minute, Mozinor pointe du doigt le culot des Américains lorsqu’ils produisent un film sur les théories qui circulent autour du fait que les premiers pas de l’homme sur la lune seraient une mascarade, une mise-en-scène de cinéma.

« Les américains sont allés jusqu’à tourner en dérision, la rumeur comme quoi ils seraient jamais allés sur la lune et que ça aurait été filmé par Stanley Kubrick. Non mais est-ce que tu imagines le degré de confiance en soi qu’il faut avoir. Le match est plié, qu’est-ce tu veux révéler après ? »

J’ai vu le film Moonwalkers, j’avais rédigé un petit article sur celui-ci. C’est un film au ton étrange un peu désagréable mais intéressant.

Au travers d’une réplique hilarante de Macron, Mozinor se plaint de la difficulté qu’il peut y avoir à faire approcher les gens de réaliser la dimension mensongère de beaucoup des mythes sur lesquels reposent notre culture, ses dynamiques hiérarchiques de pouvoir.

« Monsieur a regardé deux trois vidéos complotistes et monsieur, croit avoir compris des trucs. Et Monsieur se sent obligé de révéler ce qu’il a compris au petit peuple, aux dreamers. Mais ils en ont rien à foutre pauvre débile, quant à ceux que ça intéressent ils le savent déjà. Ça sert à rien. »

Mozinor et la vérité nuancée (Finito les Mercedes)

Ce qui échappe à Mozinor, c’est que l’horreur de la vérité est un véritable obstacle. Nous pouvons tous nous voiler la face. Que ça soit accepter que les américains ne sont jamais allés sur la lune, alors qu’on y croit depuis notre enfance, que cette croyance nous a été injectée dans l’inconscient collectif comme preuve du fait que l’être humain peut tout accomplir et que l’échelle de ce mensonge a quelque chose de terrifiant dans ce qui s’effondre avec lui. Ou que ça soit regarder en face que ta femme t'a trompé et que ton fils n'est pas de toi ou que ton cancer n'a aucune chance de guérir.

Nous avons tous nos failles et il peut être inutile, voire nocif, de balancer en pleine figure une vérité à quelqu’un qui n’est pas en position de l'entendre ou de la supporter. Sans parler du fait que c’est dans ce cas de figure celui qui apporte le message qui en fait les frais. Annoncer une vérité douloureuse à quelqu’un est un acte dangereux et de sacrifice de soi. Mis-à-part dans le cas des sales cons qui adorent annoncer des vérités douloureuses par sadisme et pour crier au monde à quel point ils sont forts et lucides et se confrontent, eux, à la vérité (qui n’a même pas besoin d’en être une au final).

Ce qu’il est plus nuancé et subtil de faire, est alors de préparer le terrain. Par exemple, plutôt que de balancer au visage des gens que les américains ne sont jamais allés sur la lune faire un film basé sur les théories conspirationnistes les plus échevelées, prétendre ne pas se prendre au sérieux, et mine de rien, faire parvenir à un plus grand public les véritables arguments qui font remettre la version officielle en question. Il y aussi, le Cosmoschtroumpf, BD dans laquelle, un Schtroumpf croit aller sur une autre planète alors que ce sont les autres Schtroumpfs qui falsifient le voyage pour lui faire plaisir. Ce qui est probablement arrivé à Louis Armstrong afin qu’il mente plus efficacement. On peut voir des similitudes avec le Cosmoschtroumpf dans le film avec Ryan Gosling. Ainsi, de nombreux artistes et avant tout, humains, essaiment les indices de vérités dangereuses dans leurs œuvres. Idem dans le James Bond qui est venu juste après l’exploit américain, les Diamants sont Eternels, dans lequel Bond découvre le lieu du tournage de l’alunissage. Rien n’est formulé à l’écran, mais le sous-entendu est là.

Pourquoi énoncer frontalement une vérité secrète sinistre, à des gens qui ne veulent pas l’entendre et qui le feront payer à celui qui l’a prononcée ?

Il faut aussi comprendre qu'imposer une vérité (violente) à quelqu’un est un acte fasciste, dans le sens où il ne laisse pas de place à autre chose, pas de fuite possible. On s’imagine que puisque c’est la vérité, alors l’autre devrait l’accepter et qu’il n’est question que de force de caractère et de lucidité mais c’est faux. Lorsqu’on annonce à quelqu’un une vérité qui force la personne à remettre en question des dimensions profondes de sa perception du monde, ou qui altère sa perception de son existence présente et de son bonheur, la personne se trouve en position de devoir accepter ce bouleversement simplement de la voix d’un individu. C’est ridicule. Il est inacceptable d’accepter de quelqu’un qu’il massacre notre existence d’une simple conversation. Cela déclenche évidemment un réflexe de déni, pur mécanisme de défense Légitime.

Le concept de vérité objective excite religieusement plus d’un imbécile qui adore cette position de négation de la légitimité intellectuelle de l’autre. "Puisque je détiens la vérité objective et que tu te trompes, je peux t'effacer en tant qu’individu pensant. Je suis Dieu, tu n’es rien." Il y a déjà tellement de dégénérés qui parlent de cette manière, même sans rien savoir sur rien et en baratinant perpétuellement, ne laissons pas les personnes qui cherchent réellement la vérité parler de la même manière qu’eux. Surtout que la rébellion face à ceux qui veulent nous convaincre coûte que coûte est une base de l'esprit critique. L'autonomie intellectuelle passe par la résistance à ceux qui veulent nous imposer une pensée. La vérité ne se regarde en face que dans l'intimité, même si l'on peut être aiguillé, c'est à postériori, seul, que l'on peut juger de ce qu'on estime être vrai ou pas.

C’est la raison pour laquelle les conspirationnistes sont si mal vus je pense, parce qu’une grande proportion d’entre eux sont (historiquement) des pervers narcissiques qui adorent ce pouvoir de rapt de l’esprit que leur donne cette possibilité de bouleverser la vie des autres d’une simple révélation. Beaucoup jubilent d’être perçus comme l’incarnation de la vérité, même la plus sinistre et amère.

Si vous avez une vérité horrible à annoncer à quelqu’un, il faut savoir, dans la mesure du possible, faire preuve de compassion, employer des chemins détournés, ne pas presser les choses. S’il est impératif que la personne sache, il faut savoir faire preuve de fermeté, mais tout balancer frontalement ne fonctionnera pas nécessairement. Il faut être doux et aimant, il faut faire sentir qu’il y a un monde vivable dans cette vérité douloureuse pour laquelle on va abandonner ce monde actuel familier, rassurant mais devenu illusion. D'autres pervers manipulateurs savent faire accepter les mensonges les plus grossiers et nocifs en les présentant de manière acceptables et gratifiants. 

Les amoureux de la vérité ne comprennent pas toujours le besoin de nuance. Lorsqu’on sacrifie beaucoup à ce désir de vérité, on ne comprend plus l’idée « d’approcher de la vérité », immédiatement le mensonge pointe le bout de son nez, la corruption, l’hypocrisie et la lâcheté.

Ce n’est pas de cela qu’il est question. Tout le monde ne mérite pas qu’on le mette au courant. Tout le monde ne mérite pas que l’on porte le fardeau du messager pour lui. Alors, il faut accepter de ne pas nécessairement tout dire. Il faut se battre pour faire remonter la vérité à la surface. Pas à pas. Sans s’exposer excessivement.

Il y a énormément de films qui montrent ainsi la vérité, sans la prononcer et en prétendant dire l’inverse. Moonwalkers en est un. « Ho la la, ces conspirationnistes qui croient que les américains ne sont pas allés sur la lune, ah ah ah, n’importe quoi. » Et le film fait une démonstration de 2 heures du point auquel c’est crédible et s’achève sur le personnage principal qui a le sentiment de reconnaître son travail sur les écrans de télévision. Il vous faut quoi ? Sans parler du fait que le film n’est PAS américain, il a été produit par des maisons de prod française et belge.

Mais même Hollywood produit des films qui disent des vérités très courageuses et subversives, si on leur donne une chance. Si l'on arrête d'attendre des vérités énoncées sans problématique, sans profondeur, direct, brute et entièrement à la responsabilité du pauvre imbécile qui la prononce et paiera le prix fort.

Quelques analyses qui font ressortir la vérité subversive qui se cache derrière le politiquement correct ou l'inoffensif:

Il faut sauver le soldat Ryan. Le débarquement était une mise en scène. Il y a aussi ce Spielberg dont je ne parlerai pas.

Le Cosmoschtroumpf. Personne n'est allé sur la lune.

Forrest Gump. Seul un imbécile peut croire à la version officielle de l'histoire des USA.

A la recherche du bonheur. Le rêve américain est un attrape nigaud.

L'Homme bicentenaire. Toute machine vivante, pensante ou humaine est une illusion.

Shadow in the Clouds. Le féminisme est une fuite.